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Elijange - des mots....
11 juin 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - 1ere Partie l'enlèvement - Chapitre 1

Ambroisine est fière de rentrer seule de l’école, c’est la première fois que sa maman le lui permet. Avant elle ne voulait pas, elle disait qu’Ambroisine était trop petite mais maintenant elle sait regarder des deux côtés de la rue avant de traverser et puis elle est grande, elle a eu sept ans en novembre, elle est au CE1, elle sait lire. Pourtant jamais Ambroisine n’aurait imaginée à quel point la maison est loin quand il faut porter son sac. La mère de son amie Sophie lui a proposé de la raccompagner en voiture mais elle n’a pas voulu, elle doit montrer qu’elle peut rentrer toute seule parce que sa maman a bien assez à faire avec son petit frère Nicolas qui vient d’avoir un an. Il embête toujours Ambroisine, il lui a même déchiré un livre que son papa lui avait offert. Son papa, Ambroisine le trouve très beau, il est grand, brun et il a des yeux noisette qui pétillent toujours quand il joue avec elle. Quant à sa maman, elle est blonde comme elle et elles ont les mêmes yeux verts émeraude, elle aime beaucoup ses parents.

Les rues que la petite parcoure sont désertes, les gens travaillent à seize heures trente de l’après-midi et puis c’est l’hiver alors il fait un peu froid. D’ailleurs dans une semaine, ce sont les vacances de Noël et Ambroisine espère qu’il y aura de la neige cette année pour la montrer à Nicolas.

Elle marche le long du trottoir sans vraiment faire attention à ce qu’il y a autour tant elle est absorbée dans ses pensées. C’est la raison pour laquelle lorsqu’une voiture s’arrête et qu’un grand homme noir en descend, Ambroisine ne se méfie pas. C’est ainsi que sans qu’elle s’y attende et avant qu’elle ait eu le temps de réagir, l’homme l’a attrapé. Elle se sent entraînée vers la voiture, elle se débat, essaye de crier mais elle ne peut pas, une main la bâillonne et on lui applique quelque chose sur le visage qui sent très mauvais et bien vite Ambroisine ne sent plus rien, elle a sombré dans le sommeil.

 

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Marie ne cesse de regarder sa montre avec inquiétude, cela fait déjà une heure qu’Ambroisine devrait être rentrée, quelle folie de l’avoir laissée rentrer seule mais aujourd’hui elle n’avait pas d’autre solution et la petite a tellement insisté.

Dans sa tête défilent toutes les hypothèses possibles et imaginables, elle a peut-être eu un accident, elle s’est peut-être perdue ou bien pire que cela ? Si seulement Pierre rentrait, lui il saurait ce qu’il faut faire mais il ne sera là que dans une demi-heure et il y a Nicolas qui hurle dans sa chambre. Marie se précipite dans le couloir qui mène de la salle de séjour aux chambres à coucher, accrochés aux murs, il y a les dessins qu’Ambroisine a fait et aussi ceux d’Emeline, leur fille aînée qui a disparu un soir d’hiver il y a six ans et qu’on a retrouvé morte peu de temps après.

Au seuil de la chambre de Nicolas, Marie s’arrête, des larmes coulent sur ses joues, c’est le souvenir d’Emeline qu’il l’a fait pleurer. Emeline était une très jolie petite fille brune aux grands yeux bleus qui rentrait seule de l’école sans problème, elle avait 10 ans lorsque le drame est arrivé. Elle était gaie, elle était pleine de vie et un soir d’hiver comme Ambroisine aujourd’hui, elle n’est pas rentrée. La police l’a cherché pendant toute la nuit et a fini par la retrouver au petit matin, morte, violée et poignardée. Ce fut terrible pour Marie et Pierre, ils se sont alors accrochés désespérément à leur petite Ambroisine qui n’avait qu’un an et aujourd’hui il semble à Marie que la tragédie se répète mais elle ne veut pas que cela arrive à sa seconde fille.

« Moman »

Marie a sursauté, la petite voix de Nicolas vient de la rappeler à l’ordre. Le bambin aux boucles brunes se met debout et vient lentement vers elle d’un pas mal assuré, elle le prend dans ses bras et le serre très fort. C’est alors que le bruit de la voiture de Pierre dans l’allée la fait se précipiter dans le couloir, Nicolas dans les bras, elle ouvre la porte d’entrée et court au-devant de lui.

« Pierre ! Pierre ! Ambroisine n’est pas rentrée, oh Pierre ! J’ai peur ! »

« Qu’est-ce que tu racontes ? Ambroisine n’est pas rentrée ? » S’écrie-t-il affolé, « est-ce que tu as appelé la police ? »

« Non pas encore, je t’attendais. »

« Alors je vais le faire. »

Pierre a couru dans la maison, il a déjà décroché le téléphone et a composé le numéro de la police quand Marie rentre à son tour.

« Allô, police, oui, c’est pour signaler la disparition de notre fille âgée de sept ans, …. Vous envoyez quelqu’un, merci, c’est au 52 rue des oiseaux à Pennas. »

Il a raccroché, a ôté son long pardessus bleu marine et est allé s’affaler dans le fauteuil du séjour sans prononcer un seul mot. La tête entre les mains, il semble accabler d’un désespoir trop grand tout comme Marie qui continue à pleurer Nicolas accroché à elle.

 

Le temps semble passer trop lentement et quand l’officier de police sonne à la porte, ils ont l’impression que cela fait une éternité qu’ils ont appelé. Ils bondissent tous deux de leurs sièges comme mus par des ressorts invisibles.

« Bonjour, monsieur l’inspecteur. »

« Bonjour, je viens pour la disparition. »

« Entrez » répond Pierre en indiquant à l’inspecteur qu’il peut s'asseoir à la table du séjour.

« Vous avez dit au téléphone que vous vouliez signaler la disparition de votre fille de sept ans ? »

« C’est bien cela, elle devait rentrer de l’école vers seize heures quarante-cinq au plus tard et elle n’est toujours pas là, nous nous inquiétons beaucoup » débite Pierre à toute vitesse.

« Bon, nous allons lancer un avis de recherche » dit calmement le policier en sortant un formulaire de sa serviette.

« Alors quel est votre nom de famille déjà ? »

« Duthier. »

« Alors, nom : Duthier, prénom : Nous avons dit Ambroisine, âge : sept ans, description ? »

Marie intervient alors ravalant ses larmes.

« Notre fille est blonde, elle a les yeux verts, elle mesure environ 1m15, elle portait un pantalon de velours bleu marine, un chemisier à fleurs roses, un pull de laine rose, son anorak est gris, elle a un bonnet, une écharpe et des gants blancs, des bottes noires et son cartable est gris et rouge. »

« Merci, si vous avez une photo récente de votre fille, cela nous aiderait bien et nous allons lancer un avis de recherche dans la région et nous vous tiendrons au courant. »

Marie a fébrilement sorti la dernière photo de classe d’Ambroisine d’un tiroir et l’a tendu au policier qui l’a de nouveau remercié.

Quand la porte se referme sur lui, Marie sur laquelle Nicolas s’est endormi, éclate en sanglots.

« C’est comme pour Emeline, ils nous avaient dit la même chose et quand ils l’ont retrouvés, elle était morte, morte ! »

Ses sanglots redoublent, Pierre la prend dans ses bras et doucement l'entraîne vers la chambre à coucher où elle va pouvoir se reposer, mais lui aussi a peur, peur que sa petite fille ait été violé et assassiné comme Emeline.

 

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Ambroisine a sombré dans un sommeil agité, elle voit le visage de l’homme noir se pencher sur elle, il dit quelque chose et elle ne comprend pas ses mots parce qu’il ne parle pas français.

Puis enfin, elle sort du sommeil lentement et elle s’aperçoit qu’elle est seule. Elle est couchée dans une sorte de lit moelleux, à portée de sa main droite, elle découvre une corbeille de fruits avec des raisins, des oranges, des dattes puis des yeux elle fait le tour de la pièce, des murs tapissée de soie dorée, un très beau tapis au pied du lit, le sol est dallé de marbre rose et au centre de la chambre elle découvre un superbe bassin rempli d’eau claire.

Soudain tournant les yeux de l’autre côté, elle voit que la lumière passe entre deux colonnes, elle se précipite et se retrouve sur une terrasse, le soleil tape fort, elle est un peu éblouie et quand enfin elle peut voir, elle découvre une cour toute blanche avec une fontaine en son centre, des femmes aux vêtements de couleurs vives y circulent semblant s’affairer à diverses taches ménagères. Soudain une femme pointe un doigt vers elle et pousse une exclamation, aussitôt toutes se tournent vers le balcon, elles disent des choses dans une langue qu’Ambroisine ne comprend pas, alors effrayée elle rentre dans la chambre et elle a la stupeur de voir  l’homme noir qui l’observe, elle constate que lui aussi est vêtu de soierie multicolore et sur son bras, il porte une robe faite de la même matière. Ambroisine ne peut réprimer un mouvement de peur.

« N’ayez pas peur, je ne vous veux pas de mal » murmure-t-il en s’approchant d’elle.

« Où suis-je ? » questionne Ambroisine, « je veux mes parents » s’écrit-elle et des larmes commencent à couler le long de ses joues.

Doucement, l’homme s’approche et lui tend un mouchoir.

« Il ne faut pas pleurer, Firouzé, vous serez heureuse ici, vous êtes en Turquie, à Istanbul, la sultane désire que vous revêtiez ces vêtements et qu’ensuite je vous emmène la rejoindre. »

Ambroisine prend les vêtements qu’il lui tend, en ravalant ses larmes. L’homme noir tape dans ses mains et deux jeunes filles entrent et aident Ambroisine à s’habiller. Elles défont également ses nattes et peignent ses longs cheveux blonds.

Puis l’homme la prend par la main et l'entraîne vers la lourde porte dorée tapissée de soie. Ils se retrouvent alors dans un long couloir pareillement tapissé et arrivent finalement dans une autre pièce où Ambroisine ne peut que s’extasier devant la beauté de la fine ciselure de la table et des chaises situées en plein milieu mais ce qu’elle remarque surtout c’est la femme qui l’attend.

D’un geste de la main de cette dernière, l’homme qui l’accompagnait s’est retiré.

« Approche, Ambroisine, n’aie pas peur, je suis Claire, mais ici tout le monde m’appelle Sultane Claire. »

« Je veux mes parents ! » s’écrie Ambroisine, « je ne veux pas rester ici ! ».

« Mais il le faut, parce que je t’ai choisi pour épouser mon fils Omar, assieds-toi, je vais t’expliquer. »

L’enfant s’assied dans le fauteuil qu’elle lui a désigné et la femme vêtue de soie bleue pale et dont les cheveux sont recouverts d’un voile de la même couleur commence son récit.

« Je suis arrivée ici il y a de cela bien longtemps, j’avais alors huit ans, un an de plus que toi, la Sultane Diane m’avait fait enlevé pour que j’épouse son fils, Ali et c’est ainsi que devenue une jeune fille, je suis devenue sa femme et j’ai eu de lui deux beaux enfants, Omar et Selma mais Ali est mort et comme l’avait fait Diane avant moi, je me suis mise à la recherche d’une épouse pour mon fils, pour ce choix il y a de nombreux critères que tu connaîtras en temps voulu mais le jour où je t’ai aperçu, j’ai tout de suite su que ce serait toi et personne d’autre et c’est pour cela que tu es ici, pour épouser dans quelques années, mon fils Omar. »

Ambroisine reste perplexe, elle n’a jamais entendu parler d’une pratique aussi curieuse que celle-ci consistant à ce qu’une mère choisisse l’épouse de son fils, elle fixe Claire avec intensité et elle finit par remarquer sa peau blanche et ses yeux bleus qui contrastent grandement avec la peau mate des femmes qu’elle a vu dans la cour tout à l’heure.

« Tu seras la compagne de jeux de ma fille Selma qui a sept ans comme toi » reprend Claire, « Je m’occuperais de ton éducation comme je m’occupe de la sienne. »

La sultane tape alors dans ses mains et l’homme noir réapparaît.

« Sélim, allez chercher Selma, s’il vous plaît » et se tournant vers Ambroisine « Sélim est arrivé ici un peu près en même temps que moi, il est mon aîné d’un an, je le considère plus comme un ami que comme un serviteur, je souhaite que tu fasses de même. »

« Est-ce que je reverrais mes parents ? » questionne Ambroisine.

« Peut-être plus tard quand tu seras grande » murmure Claire, « mais je crois qu’après dix ans passés ici tu ne voudras pas retourner chez toi. »

 Ambroisine ne répond pas mais en son for intérieur, elle pense que Claire a tort, que jamais elle ne préférera ce pays, cette maison, cette femme à la France et à ses parents, jamais.

La porte s’est ouverte de nouveau et une petite fille est entrée, Selma est brune avec de pétillants yeux bleus, elle est vêtue de rose.

« Vous m’avez fait demandé, Annedjim ? »

« Oui Selma, je t’avais parlé d’Ambroisine qui devait bientôt arriver et bien la voilà, emmène là donc jouer avec toi. »

Selma se tourne vers Ambroisine, lui sourit, lui prend la main et l'entraîne à sa suite en riant.

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