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Elijange - des mots....
23 juin 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Seconde partie : le temps des révélations - Chapitre 4

Claire a atterri ce matin à Paris puis elle a pris le train et s’est dirigée lentement à la sortie de la gare vers un taxi, elle l’a hélé et lui a donné l’adresse de Marie qu’elle va enfin rencontrer pour la première fois. Claire est pressée et tout lui semble aller trop lentement, elle voit défiler le paysage qu’elle connaît bien, ses parents habitent à une trentaine de kilomètres de chez Marie. Enfin la voici arrivée devant la maison, elle sonne et une femme vient lui ouvrir, elle est bien comme Claire l’imaginait. Marie n’est pas très grande, blonde et ses yeux sont du même vert que celui de sa fille qui est là-bas dans le palais avec Sélim et qui ne se doute même pas qu’elles sont l’une en face de l’autre. Claire remarque que Marie est encore jeune bien qu’elle soit plus vieille qu’elle puisque Marie a trente-neuf ans mais cela ne se voit pas sur son visage ni dans ses yeux à part peut-être le voile de tristesse qui y est passé quand elle a vu Claire.

Marie en regardant Claire se dit qu’elles se ressemblent bien plus qu’elle ne l’aurait pensé, elles ont les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux clairs. La différence tient essentiellement dans le fait que Claire est plus grande que Marie.

Toutes deux restent d’abord sans voix puis balbutient un bonjour gêné. Elles passent ensuite leur après-midi à parler de leurs enfants et aussi d’Ali. Claire parle avec volubilité d’Omar et de Selma qu’elle aime tant, elle insiste sur leurs ressemblances avec son Ali adoré. Marie, un peu gênée, parle d’Emeline qu’elle vient d’aller chercher à l’école et qui joue sagement par terre et c’est là que Claire s’écrie sans réfléchir.

« Comme elle ressemble à Ambroisine ! »

Tout aussitôt, s’apercevant de sa bêtise, elle rougit.

« Mais comment… comment pouvez-vous savoir si Emeline ressemble à Ambroisine puisque vous ne l’avez jamais vu ? »

Confuse, Claire bafouille, elle ne sait plus quoi dire, elle a fait une gaffe inadmissible.

« Vous m’aviez envoyé une photo il y a douze ans je crois ? »

Marie acquiesce bien qu’elle se souvienne que sur la photo Ambroisine était toute petite et pour parler d’une ressemblance il lui semble qu’il aurait fallu qu’elle soit plus âgée. Pour détourner la conversation, Claire pose des questions sur Nicolas, Marie lui montre des photos, elle lui explique aussi que le petit garçon a de gros problèmes qu’il est renfermé sur lui-même et qu’il ne l’aime pas puis la conversation glisse sur les deux aînées. Marie se met à parler tristement d’Emeline, son ainée à elle, celle qu’elle a eu avec Ali, Claire se sent extrêmement gênée, elle a envie de tout avouer, de lui dire qu’elle l’a sans doute tué même si elle n’en ai pas certaine mais elle ne peut pas, elle ne peut pas faire encore plus de mal à cette femme qu’elle ne déteste plus et qui lui parle avec tant de confiance. Elle voit également que Marie après avoir perdu ses deux filles aînées est en train de perdre son fils et que la petite fille qui joue par terre ne montre aucune marque d’affection envers sa mère tandis qu’elle, qui se sent responsable de tous ces malheurs a des enfants qui l’aiment même si elle sait que si la vérité était révélée, ils la détesteraient jusqu’à la fin de leurs jours.

Ensuite Marie parle d’Ambroisine et sa voix est moins triste.

« J’ai toujours espéré qu’on la retrouverait, que je la reverrais un jour, j’ai toujours l’espoir qu’elle ait été enlevée et qu’elle soit heureuse. »

« C’est un beau rêve » murmure Claire de plus en plus gênée parce qu’elle sait qu’Ambroisine est à Istanbul avec Sélim. Claire se sent tellement mal face à Marie, elle pense soudain que le regard triste et morne de cette dernière devrait être le sien, qu’elle devrait être malheureuse, bien plus malheureuse que Marie ne pourra jamais l’être car si jamais son secret était découvert et si elle a réellement fait ce qu’elle pense avoir fait, plus personne ne l’aimera tandis que Marie récupérera l’amour des siens.

 

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Il y a deux jours en sortant du lycée, Omar a été surpris, il a cru apercevoir sa mère, un instant il s’est dit que c’était impossible mais le lendemain à la même heure, il a guetté et elle est repassée, elle était dans un taxi, il s’est dit que si elle était ici elle ne pouvait être que dans un hôtel alors il a téléphoné à tous les hôtels de la ville en demandant à lui parler mais aucun ne la connaissait alors en désespoir de cause, il a cherché dans l’annuaire le numéro des parents d’Ambroisine et après avoir hésité, il a fini par téléphoner.

« Bonjour, je suis bien chez Monsieur et Madame Duthier ? »

« Seulement chez madame, à qui voulez-vous parler ? »

« Je voudrais parler à Claire Astruck, s’il vous plaît. »

« Désolée, elle vient de partir passer quelques jours chez ses parents, téléphonez samedi elle sera là. »

« Merci et pardon de vous avoir dérangez. »

Omar sait maintenant que sa mère est là et qu’elle a été voir la mère d’Ambroisine.

 

Ce soir en sortant du lycée, sa décision est prise, il va allez voir Marie. Il a appelé un taxi, il lui donne l’adresse qu’il a recopiée hier dans l’annuaire. Il se fait déposer juste devant la maison. Cette dernière est très jolie et il y a des fleurs partout dans le jardin, une petite fille joue dans la cour quand elle l’aperçoit, elle vient vers lui.

« Bonjour, tu veux voir quelqu’un ? »

« Peut-être, si tu es Emeline Duthier, je veux voir ta maman. »

« Oui je suis Emeline, entre, je vais chercher maman. »

Sur l’invitation de la fillette, Omar franchit le portail et la suit jusqu’à la porte, elle est le portrait craché d’Ambroisine, même cheveux, même yeux, même visage.

« Maman  il y a un monsieur qui veut te voir. »

« Un monsieur ? Tu lui as demandé son nom ? »

« Non, mais il est à la porte. »

Marie apparait et Omar retient un cri, il a devant lui le portrait de ce que sera Ambroisine dans vingt ans. Marie aussi a été étonnée, c’est Ali qui la regarde.

« Bonjour, je suis Omar Astruck, je vous ai téléphoné hier, je voulais savoir si ma mère était là et j’ai finalement décidé de venir. »

Un silence gêné s’installe puis Omar se décide.

« Madame, j’aurais voulu savoir quel lien vous unit à ma mère. »

« A votre mère ? Un tout petit lien mais j’ai bien connu votre père pourtant je ne crois pas que ce soit à moi de vous en parler, ce serait plutôt à votre mère de le faire. »

« Ma mère ne me racontera rien, elle m’avait même caché qu’elle vous connaissait. »

« Mais pourquoi vous l’aurait-elle dit ? D’ailleurs nous ne nous connaissons pas, c’était notre première rencontre. »

« Mais vous connaissiez mon père ? »

« Oui, je connaissais Ali mais je vous répète que ce n’est pas à moi de vous raconter cette histoire. »

« Si vous me racontez cette histoire, je vous raconterais celle d’une adolescente de treize ans qui s’appelle Ambroisine. »

Le cœur de Marie fait un bond.

« Ambroisine ? Vous connaissez Ambroisine ? Mais ce n’est pas possible, Claire… enfin votre mère… m’en aurait parlé. »

« Elle ne vous en a pas parlé ? Cela m’étonne, je pensais qu’elle était venue ici pour ça mais avant de vous parler d’elle, dites-moi ce qui vous unissait à mon père. »

Les yeux bleus d’Omar sont fixés sur Marie qui hésite et qui finalement se décide.

« Bon, je ne sais pas si je dois mais voilà. »

Marie lui raconte alors son histoire, sa rencontre avec Ali qui arrivait d’Istanbul, leur amour, leur bébé, son départ, son amour pour Claire puis la lettre de cette dernière lui annonçant sa mort puis la mort d’Emeline. Un instant Omar reste sans voix puis se reprenant il murmure.

« Je vais épouser Ambroisine » puis se rendant compte que ce qu’il vient de dire n’est pas clair, il explique la coutume de l’enlèvement, il lui parle d’Ambroisine avec amour et Marie croit revoir Ali il y a plus de vingt ans.

« Est-ce que vous pourriez la faire venir en France ? »

« Oui bien sûr, elle viendra, je vais lui écrire ce soir et je lui enverrais un billet d’avion pour qu’elle vienne le plus vite possible. »

Marie est rassurée, cela fait tout drôle de voir son espérance la plus folle se réaliser. Elle se demande pourquoi Claire ne lui a rien dit, elle avait tellement confiance en elle, elle lui a raconté tant de choses. Mais comment peut-on être aussi hypocrite ? Marie ne comprend pas.

« Omar, pourquoi votre mère ne m’a-t-elle rien dit ? »

« Je ne sais, je croyais pourtant connaître ma mère et je m’aperçois qu’en fait je ne la connais pas, bon je crois que je vais vous laissez, je vais retourner à l’internat écrire à Ambroisine et aussi à ma sœur Selma qui est en Angleterre et je vous téléphone dès que j’ai des nouvelles, je reviendrai vous voir. »

Omar se lève, suivi de Marie, en sortant il croise la petite fille qui joue dans la cour, il s’agenouille et lui chuchote.

« Bonsoir Emeline, bientôt tu vas connaître ta grande sœur. »

Elle le regarde étonnée, son cœur se serre.

« Mais elle est morte. »

« Non, c’est ce que tes parents croyaient mais elle est vivante. »

Emeline se tait et fixe les yeux d’Omar, il a l’air gentil mais elle ne veut pas qu’Ambroisine revienne, elle fera tout pour qu’elle reparte.

« Moi j’espère qu’elle mourra avant d’arriver. »

« Emeline ! » s’écrie Marie, « Excusez là, elle est bien jeune. »

« Ce n’est pas grave, quand elle connaîtra Ambroisine, elle ne sera plus du même avis. »

Omar après avoir dit ses mots, fait ses adieux et part à pied pour retourner au lycée. Ce soir, il écrira à Ambroisine et il lui enverra un billet d’avion pour qu’elle vienne le rejoindre mais ce qu’Omar ne comprend pas c’est pourquoi sa mère n’a pas cessé de mentir à tout le monde et il se demande ce qu’elle peut bien encore cacher.

 

 

 

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