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Elijange - des mots....
28 juillet 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Sixième partie : Renoncement et espoir - Chapitre 2

Toute la famille est réunie autour de la table de la salle à manger, ils sont tous habillés de couleurs sombres, la tristesse se lit sur leurs visages. Ils viennent d’enterrer Pierre mort d’une pneumonie à soixante et onze ans, ils pensaient tous qu’il s’en sortirait mais le destin en a décidé autrement et aujourd’hui il repose à côté de sa chère Marie et de ses deux filles.

Soudain Shéhérazade se lève de table.

« Je ne me sens pas bien, excusez-moi. »

Tout le monde l’excuse, elle est enceinte de sept mois. Shéhérazade a effectivement recommencé les bêtises malgré son avortement et c’est ainsi qu’à seize ans, elle se retrouve avec un ventre rond et elle a cette fois-ci décidé de garder l’enfant. Sa mère a vaguement désapprouvé mais qu’aurait-elle pu faire, elle désespère pourtant de la voir un jour reprendre son entreprise mais en se souvenant de sa propre expérience, elle se dit que tout peut arriver et que ce bébé va sûrement l’assagir.

Ambroisine est assise à coté de Selma, elle contemple sa fille installée en face d’elle, sa Caroline que les médecins condamnaient aux handicaps physique et psychologique et qui n’a plus rien à voir avec cette enfant-là, Caroline est devenue jolie, très jolie, Alexina lui aurait sans doute ressemblé, c’est également une bonne élève même si elle n’a pas pu rattraper ses deux ans de retard, elle est très sérieuse et c’est grâce à Mylène qui est sa référence quotidienne.

Mylène, cette presque jeune femme de dix-huit ans aux longs cheveux roux et au visage de poupée. Mylène qui n’a pas d’ami ni de petit ami et qui défend toutes les différences avec le même acharnement que lorsqu’elle était enfant.

A cet instant, elle lève ses yeux noirs vers Ambroisine puis elle regarde les autres.

« Vous êtes tous tristes, je crois que grand-père n’aurait pas aimé que nous soyons tristes, si nous parlions de lui ? »

« Il était très gentil » s’écrie Caroline,  « je me souviens quand il jouait avec moi, lui aussi essayait de m’aider, je l’aimais beaucoup. »

« Ce dont je me souviens » reprend Mylène, « c’est la première fois que je suis venue ici, il m’a tout de suite accueilli comme sa petite fille alors que je n’étais rien pour lui. »

« C’était normal Mylène, papa était quelqu’un de fantastique même si lorsque j’étais petit, il a quelquefois commis des erreurs avec moi, il a ensuite essayé de toutes les rattraper. »

« Moi » ajoute Guillaume, « je pense que c’était un homme très tolérant comme tu les aimes Mylène, parce que lorsque j’étais adolescent, il m’acceptait dans sa maison tout en sachant fort bien ce que j’y faisais. »

« Arrêtez ! » crie Ambroisine, « papa est mort, c’est stupide de parler de lui. »

« Essaie, tu verras, cela soulage » chuchote Mylène.

Ambroisine hésite puis se décide.

« Pour moi il restera toujours le papa de mon enfance que j’admirais par-dessus tout, il me paraissait si grand, si fort, si beau, j’étais une toute petite fille mais il n’a jamais vraiment changé pour moi. »

« Tu vois que tu pouvais. »

Mylène sourit, la mort ne l’a jamais effrayé, elle l’a trop souvent côtoyé depuis son enfance avec la mort de son premier papa, elle pense que la mort c’est une autre vie, autre part, peut-être même une sorte de délivrance.

 

Puis les jours passèrent doucement surtout pour Shéhérazade et c’est par un beau matin de mai qu’elle met au monde un petit garçon qu’elle prénomme Mounir en souvenir de son père qu’elle n’a jamais connu. La vie s’annonce difficile pour elle et son enfant. Shéhérazade a en effet décidé d’arrêter ses études et l’entreprise de sa mère ne l’intéresse pas, ce qui la tente c’est d’aller s’installer à Istanbul avec son fils, la magie qu’elle a ressenti petite fille dans ce palais l’a reprise, elle rêve de faire revivre la tradition, de faire revivre le palais, de devenir la nouvelle sultane des lieux mais pour avoir le droit de faire ce qu’elle veut, il faut qu’elle attende d’avoir dix-huit ans sinon sa mère ne voudra pas la laisser partir. Selma a ses raisons, elle a toujours rêvé que sa fille reprendrait son entreprise et celle-ci ne cesse de parler d’Istanbul, Istanbul est loin pour Selma, par contre le moment où elle rejoindra Mounir lui semble de plus en plus proche, elle sait que bientôt elle ira le retrouver et qu’enfin ce jour-là elle quittera ses voiles noirs de veuve pour reprendre les voiles blancs de la jeune mariée d’autrefois.

 

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