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Elijange - des mots....
12 octobre 2016

Alexandrine - Septième partie : Troubles - Chapitre 3

Gabriel regarde les yeux du jeune homme en face de lui et il croit deviner ce que ce dernier veut de lui.

« Tu viens dans la boite ou tu ne viens pas ? » questionne celui-ci.

« Je ne peux pas entrer, je suis mineur. »

« Je peux te faire entrer, les videurs me connaissent, il n’y a pas de problème, est-ce que tu viens ? »

« Je  viens. »

Dans une nuit très claire de juillet, Gaby bientôt seize ans a fait le mur une fois de plus. Peu à peu autour des bars et des boites où il traîne, des hommes ont fini par le repérer, celui-ci ce n’est pas la première fois qu’il vient lui parler mais c’est la première fois que Gaby le suit.

A l’intérieur de la boite, il fait chaud et il y a du monde. Gaby voit un nombre incroyable d’hommes de tout âge sur la piste de danse. Certains sont habillés de façon excentrique, d’autres tout à fait normalement.

« Tu viens danser ?  Comment t’appelles-tu au fait ? Moi c’est Thomas. »

« Gabriel. »

« C’est un beau prénom. »

Thomas l'entraîne sur la piste de danse et Gaby se laisse faire. Il est heureux d’être enfin là mais il n’est pas sûr d’y trouver ce qu’il cherche.

Au fil des danses et des heures qui passent, Gaby se laisse saouler par le bruit et la foule. Thomas ne cesse de s’approcher de lui, de le frôler délicatement et Gaby ne proteste pas.

Soudain pourtant il regarde l’heure.

« Mince, il faut que je m’en aille » crie Gaby à Thomas.

« Attends, je viens dehors avec toi. »

Ils sortent.

« Tu as une heure pour rentrer ? » questionne Thomas.

« Ce n’est pas tout à fait cela, disons que mes parents ne savent pas que je suis là, je n’ai pas le droit de sortir le soir, enfin je n’ai jamais demandé. »

« Quel âge as-tu ? »

« Je vais avoir seize ans en septembre et toi ? »

« Trente-deux, cela doit te sembler vieux, tu es sur que tu as envie de rentrer ? Ma voiture est là, soit je te ramène, soit nous allons chez moi, c’est toi qui décides. »

Disant ces mots, Thomas s’approche de Gaby et prend son visage entre ses mains, il pose ses lèvres sur celle du jeune homme qui se laisse faire. Doucement Thomas ébauche des caresses, Gaby tremble et se blottit instinctivement contre lui.

« Alors qu’est-ce que tu décides Gabriel ? »

« Je  viens chez toi. »

Gaby a à peine hésité et une demi-heure plus tard, ils arrivent devant une jolie maison chic.

« Tu habites là ? »

« Ça te surprend ? Je suis sûr que tu habites aussi dans un beau quartier. »

« Oui mais ça m’étonne quand même. »

« Je sais pourquoi, on t’a toujours dit que les homos étaient des marginaux qui ne pensent qu’à s’amuser mais on t’a menti, je ne suis pas un marginal, peut-être que la nuit je fais semblant de l’être mais pas le jour, je peux te le jurer. »

« Qu’est-ce que tu fais comme métier ? »

« C’est si important ? Je suis avocat à la cour de justice de Paris, tu vois c’est sérieux et toi, qu’est-ce que tu fais ? »

« Je passe en seconde de justesse. »

« Pourquoi de justesse ? L’école ne te plaît pas ? »

« Je ne sais pas trop. »

« Viens tu vas m’expliquer. »

Ils entrent dans la maison. Gaby parcoure les pièces avec intérêt, elles sont meublées avec un gout très sûr.

« Ma mère trouverait cet endroit superbe. »

« Tant mieux, alors ces problèmes avec l’école ? »

« Quand j’étais petit, on a découvert que j’étais dyslexique mais avant qu’on s’en aperçoive les institutrices me traitaient comme un moins que rien surtout qu’Ilya, mon frère aîné, c’est une grosse tête, il a dix-neuf ans et tout lui réussi, il a même une jolie fiancée. Après moi, il y a Viatcheslav, quatorze ans et lui aussi réussi tout ce qu’il fait, moi je suis au milieu, Gabriel le nul, maman dit que je suis plus fragile qu’eux, elle a sans doute raison. »

« Tu parles toujours de ta mère mais ton père qu’est-ce qu’il en pense ? »

« Il est plus paumé que moi, maman dit que non mais j’en suis sûr, tu sais chez moi nous sommes six enfants et il y a quatre pères différents. François mon père, il faut toujours que ma mère lui remonte le moral, il déprime sans arrêt. »

« Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ton père ? »

« Médecin, c’est le comble. »

« Je crois que tu te caches derrière de mauvais prétextes, l’école, c’est toi qui doit avoir envie de t’y mettre. »

« J’aimerais bien mais j’ai pris trop de retard, j’ai des lacunes dans toutes les matières et puis je préfère le théâtre, je joue dans une troupe, nous montons une pièce tous les étés, je voudrais entrer dans une vraie compagnie et intégrer un cours prestigieux. »

« Tu as les yeux qui brillent quand tu dis ça et tu as les plus beaux yeux que j’ai jamais vu. »

« Je sais que leur couleur étonne mais la beauté dans ma famille c’est banal, Ilya est plus beau que moi et je ne te parle pas des jumeaux, ils ont deux ans et demi et ils sont sublimes, c’est que ma mère est tellement belle. »

« Arrête de parler de ta mère, on est tous les deux, elle n’est pas là. »

Thomas prend la main de Gaby et l'entraîne vers le canapé, ils s’assoient et Thomas passe un bras autour des épaules de Gaby qui se raidit légèrement.

« N’ait pas peur Gabriel, je ne ferais rien que tu ne veuilles. »

« Qui te dis que j’ai peur ? »

« Cette petite lueur dans tes yeux et cette moue de petit garçon » chuchote Thomas en posant son doigt sur les lèvres de Gabriel.

Ce dernier tourne ses yeux vers Thomas et le contemple un instant, son compagnon a les cheveux châtains et de malicieux yeux noisettes, son visage a des traits réguliers et fins. Objectivement, Gaby le trouve beau.

Ils s’embrassent tendrement et doucement, Gabriel découvre un univers si différent de tout  ce qu’il connaissait et de tout ce qu’il imaginait tandis que Thomas lentement et sûrement lui fait l’amour.

 

Le lendemain matin, Gaby se réveille étrangement détendu dans un lit inconnu. La tête posée sur sa main, Thomas le contemple.

« Je te regardais dormir, on aurait dit un ange. »

Gaby sourit ne trouvant rien à répondre.

« Quelle heure est-il ? »

« Dix heures, il est tard mais tu dormais si bien. »

« Dix heures ! Maman doit être en train de remuer ciel et terre pour savoir où je suis. »

« Appelle là, après je te ramènerais si tu veux mais j’aimerais que l’on se revoit, tu me plais énormément Gabriel, je crois même que je suis en train de tomber amoureux de toi. »

Gaby ne répond pas et se jette sur le téléphone.

« Allo ! Djamel, maman est là ? Oui c’est moi, tu me la passes ? »

Un silence.

« Maman, oui, je vais bien, je te le jure, je vais rentrer dans une heure ou deux, je t’expliquerais, je t’aime maman. »

Il raccroche, Thomas l’embrasse tendrement dans le cou.

« Tu as écouté ce que je t’ai dit ? » questionne ce dernier.

« Bien sûr » répond Gaby.

« Alors nous nous reverrons ? »

« Évidemment, est-ce que tu veux rencontrer ma mère ? Ce serait plus simple, je ne sais pas quoi lui dire, j’ai peur. »

Une larme coule sur la joue de Gaby que Thomas embrasse.

« Tu veux vraiment que je la rencontre ? » interroge-t-il.

« Oui. »

« Je  vais venir avec toi, allez habille toi, nous y allons. »

Une demi-heure plus tard, Gaby fait entrer la voiture de Thomas dans la cour de l’Elysée.

« Tu habites vraiment là ? » questionne Thomas.

« Oui. »

« Tu as bien dit que vous êtes six enfants ? Tu ne vas pas me dire que ta mère, c’est Alexandrine Volkov ? »

« C’est elle, je suis désolé, tu ne veux plus la voir ? »

« Si bien sûr mais ça me fait un choc, le fils de la présidente, une femme qui a fait pour notre pays plus que personne n’avais jamais fait, un monument, ta mère est un monument, je suis très intimidé, en plus elle ne doit pas être beaucoup plus âgée que moi. »

« Maman va avoir trente-huit ans, elle est plus vieille que toi. »

Ils entrent dans le palais, Alex qui guettait les véhicules entrant et sortant de la cour se précipite.

« Gaby te voilà enfin, quand on s’est aperçu que tu n’étais pas là ce matin, j’ai eu peur. »

« Je m’excuse maman, je te présente Thomas, j’étais chez lui, c’est un… c’est mon… »

« Je suis un ami, Thomas de Monchecourt, avocat à la cour de Paris, attaché plus particulièrement à la défense des enfants. »

« Enchanté de vous connaître Monsieur, j’espère que mon fils ne vous a pas dérangé. »

« Pas le moins du monde, Gabriel est le garçon le plus sympathique que je connaisse, il est aussi intelligent et sensible. »

Alex regarde cet homme qui fait tant de compliments sur son fils avec curiosité.

« Vous allez bien rester déjeuner avec nous ? »

« Je ne voudrais pas vous déranger. »

« Pas du tout et puis c’est juste un petit repas familial, vous savez, venez. »

Thomas suit Alexandrine et Gabriel les rattrape en courant.

« Je dois régler un dossier Gaby, va donc présenter ton ami à la famille. »

« Oui bien sûr, ils doivent tous être dans le salon à cette heure-ci. »

Autour de la table du salon, tout le monde discute mais les conversations s’arrêtent net à la vue de Gabriel et de l’inconnu.

« Bonjour, je vous présente Thomas, Thomas je te présente Djamel le mari de ma mère, Ilya mon frère ainé, sa fiancée Evguenia, Viatcheslav mon petit frère avec Pauline sa grande amie, Marie-Okhsana ma jeune sœur et les jumeaux, Camille et Zakariyyâ. »

« Enchanté » chuchote Thomas, « désolé de déranger cette réunion familiale mais je suis très heureux de faire connaissance avec la famille de Gabriel et je suis sûr qu’un garçon aussi charmant ne peut avoir qu’une famille fantastique. »

Sur ces mots Gaby lui désigne la chaise à côté de la sienne et les conversations reprennent bon train, Djamel interrogeant Thomas sur son métier et sa rencontre avec Gabriel. Soudain Thomas se tourne vers Gabriel et lui chuchote tout bas à l’oreille.

« C’est vrai, ils sont tous beaux dans ta famille mais je ne trouve pas que ton frère ainé soit plus beau que toi, c’est toi que je préfères et je t’aime Gabriel. »

« Moi aussi » chuchote ce dernier en glissant sa main dans celle de Thomas sous la table.

 

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