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Elijange - des mots....
23 octobre 2016

Alexandrine - Dixième partie : Une autre voie - Chapitre 1

Marie envoie balader ses cahiers d’un geste brusque, tout vole dans la pièce, elle en a assez, assez de tout, de l’école où elle n’arrive pas à suivre, de Karol qui la traite comme si elle était sa femme et d’Aurore qui lui rappelle sans cesse qu’elle n’est pas une adolescente comme les autres.

Alex était dans la pièce voisine en train de plancher sur le dossier de l’Amérique du Sud, tentant de résoudre de nouveaux problèmes avec certaines dictatures qui veulent imposer leurs lois à l’ONC et sa présidente, quand elle a entendu un fracas. Elle se précipite.

« Marie, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tes livres et tes cahiers sont-ils par terre ? »

« Parce que j’en ai marre ! » hurle Marie.

« De quoi ? »

« De tout, de l’école, de Karol, d’Aurore et de toi aussi, toi la parfaite qui a réussi à tout concilier et bien je ne peux pas. »

« On ne te le demande pas Marie, tu as quinze ans et j’avoue que c’est dur de tout concilier, je veux juste que tu essaie de faire des efforts à l’école et d’être gentille avec Aurore, si tu veux en avoir marre de Karol et de moi, tu peux. »

« Tu as toujours une solution mais est-ce que tu t’es demandé si cette solution me plaisait à moi ! »

« Elle ne te plaît pas ? »

« Non j’ai envie d’autre chose, j’étouffe, je voudrais m’en aller, loin et vous oubliez tous, non je ne suis pas une bonne mère, je n’ai pas l’âge d’être mère, je veux avoir le choix de ma  vie. »

« Tu l’auras mais tu dois allez à l’école pour l’instant. »

« Ça ne sers à rien de discuter avec toi, tu es têtue, tu ne comprends rien, je n’en veux pas de ta vie, tu as peut-être changé d’homme souvent mais tu es restée très conformiste et ça te plaît tout ce luxe autour de toi, moi je n’en veux pas, je veux autre chose. »

« Quelle autre chose ? »

« Je ne sais pas encore mais je trouverais et quand j’aurais trouvé je partirais. »

« Pense à Aurore, pense-y toujours très fort. »

 

Alexandrine sort en laissant Marie à sa colère, elle la comprend un peu, elle aussi rêvait d’une autre vie quand elle voyait celle de ses parents et elle se l’est construite à la force de sa volonté, Marie fera de même à condition qu’elle n’oublie pas Aurore.

Alex pousse une porte, Aurore dix mois dort à poings fermés dans son petit lit d’enfant, elle a l’air d’un ange, le visage auréolé de boucles blondes tirant sur le roux très pale. Alex lui envoie un baiser de loin et retourne à son travail.

Dans son bureau, Zachia l’attend.

« Tu es déjà rentré de l’école Zachia ? »

« Oui et j’avais une question à te poser. »

« Oui laquelle ? »

« A l’école, nous avons fait de l’histoire, la maîtresse nous a parlé d’Alexandre le grand, un conquérant, est-ce que la conquête de nouveaux territoires et le pouvoir qui y est lié, cela s’oppose à la Confédération ? »

Alex le dévisage interloquée.

« Je dirais qu'évidemment c’est un peu opposé à l’idée de Confédération parce que celle-ci est fondée sur une idée d’égalité entre les peuples qui la composent et de non-agression, la confédération n’attaque que si elle est attaquée et seulement si c’est la seule solution donc la Confédération n’est pas en accord avec un conquérant comme le fut Alexandre le grand… Pourquoi cette question ? »

« Disons que je lis beaucoup en ce moment et … »

« Oui. »

« Je me pose beaucoup de questions pour l’avenir, j’aimerais… enfin, j’ai envie… de régner sur un territoire immense, je me vois conquérant des territoires au-delà des mers et leur imposant mes lois mais Ilya dit que c’est de la dictature et que ce n’est pas bien, je lui ai demandé si lorsque le motif est bon, cela devient bien, il a dit que pas forcément. »

« Quel serait ce bon motif ? »

« Apporter une civilisation et une culture forte et peut-être une religion. »

« Quelle religion ? »

« Là est le problème, Ilya dit que c’est toujours le même Dieu, nous prions tous le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob que nous soyons juifs, musulmans ou chrétiens, peut-être que je créerais une religion  comme toi tu as créé la Confédération. »

« Je ne l’ai pas fait seule et puis créer une religion c’est quelque chose de très différent. »

« Je sais mais Camille m’aidera, elle fera tout ce que je voudrais, c’est normal c’est ma jumelle. »

« Il faudrait que tu trouves un souffle nouveau pour créer une nouvelle religion. »

« Je le trouverais, j’ai le temps, je serais inscrit dans le grand livre de l’histoire de l’humanité comme toi. »

« Je te le souhaite si c’est que tu désires. »

Zachia part en courant et Alex sourit. Après les cris de Marie, les réflexions de Zachia la repose, tant d’idées fourmillent dans la petite tête brune de son dernier fils qu’elle en en ait émerveillé.

Zachia au visage de Jésus grave pourrait bien être celui qui lui réservera les plus grandes surprises.

 

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Ilya serre Evguenia contre lui, il est si heureux, elle vient de lui annoncer qu’elle attend leur second enfant.

Ilya se sent bien dans sa vie actuelle, c’est tout ce à quoi il aspirait, un emploi qui lui plaît sans routine mais sans trop de responsabilités, quelques articles dans des journaux locaux et dans un journal parisien, plus son rôle de consultant à l’ONC et surtout sa famille, la jolie Evguenia ravie de son emploi d’enseignante dans un lycée français, la délicieuse petite Xénia, deux ans déjà et cet enfant à venir. Son bonheur est là. Il ne veut pas de l’ONC comme héritage, ce serait bien trop lourd, il ne veut pas porter le monde, il ne se sent pas la force de sa mère, ni son courage.

Elle sera déçue, il le sait mais elle rebondira comme toujours, il a confiance et puis un autre répondra à ses désirs de succession. Ilya secrètement pense à un nom et un petit visage entouré de boucles noires avec d’immenses yeux de la même couleur passe devant ses yeux, « Zachia » murmure-t-il.

 

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Nicolas avale le nombre impressionnant de cachets qu’il a mis de côté depuis des mois.

Quand Alex est revenue le voir, il lui a demandé des nouvelles de ses enfants et il a eu la confirmation qu’il redoutait tant, Olga est morte et c’est lui qui l’a tué.

Alex lui a aussi amené des photos de Karol, de Svetlana et d’Aurore, sa petite fille. Il ne fait plus partie de leurs vies et il le sait.

Seuls Alex et Djamel qui est venu plusieurs fois avec elle lui restent fidèles. Les autres l’ont déjà rayé de la terre alors autant qu’il en finisse vraiment, dans quelques minutes les médicaments feront leur effet et Nicolas s’endormira pour l’éternité, il ira rejoindre sa Natascha adorée, la petite Olga et l’autre Olga, sa grand-mère tant aimé.

Devant les yeux de Nicolas qui s’endort défilent des images qui s’emmêlent, Alex et lui enfants, la première venue de Djamel, sa grand-mère souriante, le visage de Natascha et puis la mare de sang autour d’Olga….

 

 

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