Alexandrine - Dixième partie : Une nouvelle voie - Chapitre 9

Marie repose le combiné, elle a fait dix kilomètres en voiture pour pouvoir téléphoner après avoir reçue le télégramme de sa mère lui annonçant le décès de sa grand-mère Caroline, âgée  de soixante-quinze ans.

Alex lui a dit que l’enterrement aura lieu dans deux jours, elle a exprimé le regret de ne pouvoir venir, retenue en Afrique par son rôle auprès des enfants de l’orphelinat dont elle s’occupe.

Dans la voiture, Aurore l’attend.

« Alors maman ? » questionne la fillette.

« Après-demain ma chérie » lui répond sa mère.

« Je peux y aller maman ? » questionne Aurore.

« Voyons tu as école, tu ne peux pas t’absenter comme ça. »

« Même pour mon arrière-grand-mère ? Ce n’est pas juste. »

« Ecoute ce n’est pas le problème, Aurore, je n’ai pas envie de te laisser y aller seule en avion, tu es encore trop jeune. »

Aurore se renfrogne dans son siège, elle est devenue une longiligne fillette de douze ans, ses cheveux blonds-roux décolorés par le soleil pendent sur ses épaules et son visage est toujours constellé de taches de rousseur.

De retour à la mission, Aurore se précipite dans sa chambre sans rien dire tandis que Marie se heurte à Ismaël dans le couloir.

« Qu’est-ce que tu fais là mon chéri ? Tu n’es pas avec Nanou ? »

« Je t’ai entendu arriver alors je suis venu. »

« C’est très gentil mon bébé. »

Elle se penche sur le petit garçon âgé de cinq ans et embrasse sa joue ronde et dorée. Derrière lui une petite silhouette se profile.

« Homeyra, mon ange, viens faire un bisou à maman. »

La fillette de vingt et un mois se précipite sur sa mère, elle a le teint aussi doré qu’Ismaël mais ses yeux immenses accusent des reflets verts sombres qui font parfois penser au regard de Gaby. Marie serre sa fille très fort. Elle aurait aimé se rendre à l’enterrement de Caroline mais elle ne peut pas, c’est simple et compliqué à la fois.

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Karol suit dignement le cortège qui emporte sa grand-mère vers son dernier voyage. Non loin de là il y a les tombes de ses parents et de sa sœur Olga. Il serre très fort la main de Céline, sa femme depuis plus d’un an. Ils ont laissés Baptiste leur fils de trois mois à la maison sous la garde de la mère de Céline.

Ils suivent Viatcheslav et Pauline tout de noir vêtus accompagnés de Vladimir de plus en plus voûtés.

Abigaël leur fille de cinq ans et demi est devant eux, blonde comme le soleil dans ce triste matin de printemps. Leur jeune fils Gaël, sept mois, est resté au palais sous la garde d’une nourrice.

Thomas et Gaby les précédent, le succès ne se dément pas pour ce dernier qui est dans la force de l’âge, trente-deux ans bientôt. Thomas, quarante-huit ans, a gardé son entrain et sa bonne humeur.

Myriam, leur fille ainée vient d’avoir neuf ans et elle tient par la main sa petite sœur, une jolie brune aux yeux bridés de trois ans, Diane que Thomas et Gaby ont adoptée voilà deux ans.

Alexandrine est en tête du cortège, les joues ruisselantes de larmes. Le dernier rempart qu’elle dressait devant elle vient de s’abattre et c’était sa mère. Elle trouve cela effrayant de se dire que même si elle n’est pas si vieille que cela il n’y a plus personne de sa lignée directe qui soit plus âgée qu’elle et qu’elle devrait être la prochaine.