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Elijange - des mots....
26 mai 2017

Achildr - Livre 2 : La Francie Occidentale - Chapitre 2

En suivant toujours et encore l’instinct de Malcolm, nous avions séjourné au même endroit tout l’été puis l’automne et l’hiver.

Puis au début du printemps, il avait décrété qu’il était temps de partir.

Selon lui, il fallait aller en direction de l’embouchure de la Seine pour aller à la rencontre des troupes vikings de retour en Francie Occidentale. Une fois de plus, je lui fis confiance aveuglément. Malcolm ne pouvait pas prédire l’avenir à très long terme mais il pouvait prévoir les choses qui allaient arriver très prochainement.

Nous étions donc repartis sur de nouveaux chevaux achetés à un paysan du coin où nous avions séjourné quasiment les trois quarts d’une année avec Maëlig, deux ans et demi assise devant Malcolm et Cyan six mois, porté dans mon dos ou contre mon ventre suivant les moments. Nos enfants étaient très proches l’un de l’autre, Maëlig se comportait comme une petite maman avec son petit frère, elle l’avait tout de suite aimé. Ils semblaient se comprendre sans avoir besoin de mots. Dans les premières lueurs du printemps j’avais également eu la surprise de découvrir la couleur des premiers cheveux de Cyan. Pendant l’hiver gris et humide de cette partie du monde, j’avais peu fait attention à eux et j’avais pris la lueur rouge qu’il me semblait voir pour le reflet du feu de bois de l’âtre de la cheminée mais désormais plus de doute, les cheveux de Cyan qui brillait dans le soleil étaient roux mais pas le roux très doux de May la fille de Solveig, un roux-rouge sombre et violent que je n’avais jamais vu sauf il me semblait dans mes rêves lorsque je voyais Ethel ou son père Attila.

« Malcolm, regarde les cheveux de Cyan, leur couleur est étrange » m’étais-je écriée tandis que nous chevauchions une matinée de printemps particulièrement douce.

Il s’était retourné, était venu vers moi, Maëlig juchée devant lui était son portrait craché à part la couleur de ses yeux.

« Que se passe-t-il ? » avait-il murmuré en s’approchant tout sourire.

Il avait regardé ce que je lui montrais. Son sourire s’était éteint, il avait semblé pâlir même.

« Ça ne va pas ? » avais-je questionné.

« Si » s’était-il repris, « il est roux. »

« Je n’ai jamais vu cette couleur. » avais-je insisté en tout cas pas dans ce monde.

« Moi si » il avait hésité, « sur la tête d’Ethel, c’est la couleur des cheveux d’Ethel, rouge flamboyant avec ce regard vert bouteille, pourtant je ne suis pas mon fils, je n’ai aucun lien de sang avec elle et à ma connaissance toi non plus, je ne sais pas quel mauvais plaisantin à trouver bon de donner cet aspect à notre enfant. »

Mes yeux étaient allés de Malcolm à Cyan et j’avais caressé la tête du petit.

« C’est une très belle couleur, Malcolm, j’ai juste été surprise car ce genre de nuance n’existe pas dans mon pays, je ne pense pas que cela veuille dire grand-chose et je ne pense pas que quelqu’un nous veuille du mal, Cyan est un bébé. »

« Orel aussi était un bébé quand il a aidé Ethel et Povédia à me faire retourner dans le Sidh. »

« Je n’ai aucun pouvoir et je ne veux pas te renvoyer dans le Sidh, je veux te garder avec moi. »

Il m’avait alors regardé dans les yeux comme s’il me sondait et sans doute rassuré de constater que je pensais ce que je disais, il avait esquissé un sourire.

« Tu as raison mais parfois le passé me hante encore et j’ai peur. »

« Je te comprends, ce que tu as vécu est dur mais je pense que dans le Sidh on sait que tu as changé. »

« Je l’espère. »

Nous avions repris notre route paisiblement et cela avait duré des jours avant que nous apercevions comme Malcolm l’avait précédemment annoncé, le premier drakkar remontant le fleuve. Je ne sais pas comment fit Malcolm mais le bateau nous vit et ralentit son allure assez pour qu’il puisse demander si un Harald Bjarnasson se trouvait à bord. Les premiers marins rencontrés nous répondirent tous négativement quand ils nous répondirent mais Malcolm poursuivi sans relâche sa quête avec presque de l’acharnement comme si sa vie en dépendait.

Nous avons dû attendre le lendemain pour qu’on nous réponde par l’affirmative alors qu’au moins le quinzième bateau venait de passer. On l’envoya rapidement chercher et je le vis apparaître pour la première fois depuis toutes ces années. Harald était désormais un homme solidement bâti, il devait mesurer près de deux mètres, il était imposant dans la lumière du soleil, il nous avait d’abord dévisagé avec méfiance, semblant chercher à rassembler ses souvenirs puis s’était écrié soudain.

« Achildr ? »

« Oui je suis Achildr, Harald je suis contente de te voir. »

Il avait paru surpris.

« Qu’est-ce que tu fais là ? Si loin de l’Islande, comment va la famille ? Les gars il faut les faire monter, c’est ma sœur Achildr. »

En quelques minutes, le bateau avait jeté l’ancre et les hommes nous avaient aidés à nous hisser à bord.

Harald m’avait serré contre lui affectueusement puis il avait dévisagé Malcolm.

« Tu es le moine irlandais ? » avait-il questionné.

« Oui j’étais le moine irlandais, je suis Malcolm et j’ai épousé ta sœur en Islande avec l’aval de ton père puis nous avons rejoints l’Irlande avant de nous décider à venir ici. »

« Sois le bienvenu Malcolm. »

Il lui avait fait une accolade puis avait dévisagé les petits en m’interrogeant du regard.

« Voici nos enfants, Maëlig qui aura trois ans cet été et Cyan un an en août. »

Il leur avait caressé la joue à chacun, semblant les contempler avec délice.

« Nous sommes en route pour Paris, nous y avons déjà été plusieurs fois, c’est une ville riche, on y trouve tout ce qu’on veut, Oleg vient voir qui est là » s’était-il mis à déclamer.

A ma grande surprise j’avais vu apparaître Oleg celui qui avait abandonné non seulement ma sœur mais aussi son propre père. Il avait écarquillé les yeux en me voyant.

« Tu es Achildr, c’est ça ? »

« Oui et toi tu es Oleg, celui qui abandonne les jeunes femmes en leur promettant le mariage. »

« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » avait questionné Harald.

« Il y a maintenant quelques années, c’était après ton départ, Oleg est arrivé en Islande avec son père âgé et l’une de ses sœurs veuve sans enfant et il a courtisé Freyja qui était divorcée depuis une petite année, il lui a promis le mariage à son retour de Norvège, seulement arrivé en Norvège, il a faussé compagnie à notre père qui a par la même occasion découvert qu’Oleg avait déjà des épouses et des enfants. Freyja a été désespéré de toutes ces nouvelles d’autant plus qu’avant de partir, elle s’était donnée à lui et qu’elle était enceinte. »

« Quoi ? » s’était écrié Oleg en ouvrant de grands yeux.

« Oh tais-toi ! Il y a eu pire, de nouveaux migrants ont ramené une fièvre en Islande, beaucoup de gens sont morts cet hiver-là dont ta sœur Oleg. Freyja a donné naissance à un petit garçon prénommé Wurm et nous avons accueilli ton père qui était désormais seul, chez nous, tu devrais avoir honte. »

« Je suis désolé » avait-il murmuré, « je ne pensais pas qu’elle prenait les choses autant à cœur ni qu’elle aurait un enfant, quand à mon père, comment aurais-je pu deviner que ma sœur allait mourir ? »

« En t’assurant avant de partir que tu avais fait le nécessaire pour ta famille et en ne déshonorant pas ma sœur. »

« Ta sœur était divorcée, on ne parle pas d’une vierge ! »

Sur ce il était parti avec un air dédaigneux.

« Pauvre Freyja » avait murmuré Harald.

« Elle s’en sort bien, elle est volontaire. »

« Comment vont les autres ? »

« Il y a de trois ans de cela, ils allaient globalement bien, Solveig et ses triplés se portaient à merveille. Frida nous a quittés en mettant au monde une petite fille qui a été prénommé comme elle, je me suis mariée avec Malcolm et à notre départ Ingvar était fiancé et tu ne reconnaîtrais pas Olga et les petits frères tellement ils ont grandi. »

J’avais vu passer un voile de tristesse devant ses yeux.

« Ça fait bizarre d’entendre parler d’eux, je n’ai jamais regretté d’être parti mais souvent j’ai pensé à vous tous et vous me manquiez, je ne sais même pas si un jour je retournerais en Islande mais je suis bien content que tu sois là et bien triste de ne jamais revoir Frida, qui s’occupe de son enfant ? Son époux s’est remarié ? »

« Pas à ma connaissance, elle avait épousé le petit frère de Kurt, Olaf et donc c’est Solveig qui s’occupe de l’enfant avec les siens puisque de toute façon ils vivent dans la même maison. »

« Solveig a toujours été une mère pour les petits, c’est une très belle personne, j’ai toujours été admiratif d’elle. »

« Je pense la même chose que toi, elle est dévouée, courageuse, maternelle, j’aurais bien aimé être comme elle. »

« Achildr, ne dis pas cela, toi tu as toujours été aventureuse, téméraire, solitaire aussi, réfléchie, tu vois tu as d’autres qualités et je suis bien content que tu ais été capable de voir au-delà de l’Islande même si je comprends les raisons pour lesquelles notre père a choisi cette ile, ce qui était extrêmement courageux de sa part également. »

« Harald nous avons tant de choses à nous dire et je suis si heureuse d’avoir enfin l’impression que tu me parles à cœur ouvert, tu avais l’air si taciturne autrefois. »

« J’ai été un petit garçon joyeux dans mes souvenirs et puis l’envie de partir à commencer à me démanger et plus rien de ce que notre père ne me proposait ne me convenait. Ingvar a-t-il répondu à ses attentes ? »

« Oui, il aime la terre et Hans aussi, tous les trois ils vont bien ensemble, je pense qu’Eidur également sera un fermier. »

« Et le petit Ragnar ? »

« Il était si jeune quand je suis partie, je ne sais pas Harald, je ne le voyais pas fermier mais je peux me tromper. »

« Allez venez, vous devez avoir faim. »

« On ne va rien te dire pour nous avoir fait monter sur le bateau ? » avais-je interrogé.

Il avait ri à gorge déployée.

« Achildr, je suis le maître de ce navire, je ne suis pas le maître de tous les navires, je suis jeune, j’ai seulement vingt ans mais je suis le maître de ce navire donc j’accueille qui je veux sur son pont. »

Je l’avais dévisagé surprise et impressionnée par le chemin parcouru par mon frère en l’espace de quelques années. Puis nous l’avions donc suivi avec joie et confiance dans l’antre du bateau.

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