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Elijange - des mots....
14 juin 2017

Achildr - Intermède : Sur la route - Chapitre 7

L’hiver était arrivé très vite après la naissance de Marten.

Ce fut un hiver long et rude.

Solveig et Ragnar vinrent nous voir au début de celui-ci puis la neige les tint prisonnier de leur maison au cœur de la forêt. Je ne m’inquiétais pas trop pour eux, je savais que cette maison était bien protégée du froid et de l’humidité et ils avaient assez de provisions pour passer l’hiver et du bois en abondance.

Mes rêves de l’hiver m’emmenaient auprès de Cyan, je le voyais lui aussi dans une contrée enneigée, dans une petite maison chaleureuse en compagnie d’une jeune femme dont je ne parvenais pas à voir le visage. J’espérais être en train de visualiser la réalité et que mon fils était réellement paisible quelque part.

Le foyer de Solveig était aussi chaleureux qu’autrefois. Tous les soirs à la veillée, on se racontait des histoires. Solveig se souvenait parfaitement de celles de Malcolm et elle adorait les raconter. Cela me faisait bizarre de les entendre de nouveau mais je ne me voyais pas lui expliquer les raisons de ma réticence. Bien sûr avec l’éclairage nouveau, c’est-à-dire le fait de savoir le rôle qu’il avait joué dans ces histoires, cela changeait tout mais cela faisait du bien de les réentendre comme s’il s’agissait juste d’une saga et pas de quelque chose qui s’était réellement déroulé ainsi.

Les jumeaux écoutaient les histoires, fascinés et en redemandaient sans cesse. Pour eux, la nouveauté du mode de vie, du climat, tout avait été accepté facilement, ils se sentaient chez eux partout. Parfois la nuit, je les regardais dormir, j’admirais leurs profils délicats, leurs petits nez, leurs cheveux blonds sur l’oreiller et je pensais à Hrolfr, je ne savais pas comment il avait réagi à notre départ, s’il nous avait fait chercher ou pas.  Alors je pensais toujours à Guillaume, j’aurais voulu pouvoir lui envoyer des nouvelles à la façon de Lug ou à celles de Cyan car je restais persuadée que lorsque je rêvais de Cyan c’est lui qui m’envoyait les images pour me rassurer.

Je dormais dans un petit coin un peu isolé dans la pièce avec Marten. C’était un bébé paisible, il était placide et souriant. Je l’allaitais bien entendu comme les quatre précédents et je songeais souvent à Solveig quand les triplés étaient petits et qu’elle avait réussi le défi de les allaiter tous les trois. Un jour je lui demandais jusqu’à quel âge elle l’avait fait. May s’était sevrée à trois ans et les garçons à quatre ans, je restais encore plus béate d’admiration, mes jumeaux avaient arrêté de téter à deux ans.

Nous ne revîmes pas Ingvar après notre visite. Maëlle et l’épouse de Hans vinrent me visiter après mon accouchement avec un petit cadeau chacune. Je les remerciais chaleureusement.

Edwige, l’épouse de Hans, m’expliqua qu’Ingvar leur avait interdit de venir mais il était parti à la chasse pour plusieurs jours et il n’en saurait rien.

Je demandais à Maëlle comment il était devenu comme cela, elle m’expliqua qu’il avait changé du tout au tout après mon départ, quand il avait compris que la terre serait pour lui. Notre père lui avait donné de plus en plus de responsabilité au fil du temps et il en avait profité mais du vivant de notre père il n’était dur qu’avec sa femme, ses filles, ses concubines ensuite il l’était devenu avec sa propre mère et les concubines de son père puis il avait chassé tout le monde. Je demandais s’il était violent et Maëlle baissa les yeux.

Edwige me dit qu’il l’avait été, qu’à la naissance de la troisième fille de Maëlle, il s’était mis très en colère et il l’avait battu. Ensuite il avait pris des concubines mais chaque naissance était un drame. Il envisageait d’ailleurs de prendre une nouvelle concubine l’automne prochain, une jolie fille de seulement quinze ans, il espérait toujours avoir un garçon.

Je demandais à Edwige de me parler de Hans que je n’avais pas plus connu qu’Eidur ou Ragnar. Elle me raconta un homme doux et attentionné mais aussi très faible et soumis à Ingvar. Toutefois, elle était heureuse car elle n’avait pas peur d’Ingvar et ses trois garçons faisaient son bonheur.

Ma mère vint aussi me voir et me félicita chaleureusement pour la naissance, contemplant le nouveau-né avec béatitude.

Harald se tenait à l’écart depuis la naissance de l’enfant, je sentais tous ce qu’il ne me disait pas. Sa crainte par rapport à sa probable paternité mais aussi par rapport aux racontars des gens. Un jour je l’appelais alors qu’il était parti chercher du bois à l’extérieur, je l’avais suivi pour avoir enfin l’occasion de lui parler seul à seule.

« Harald ! » avais-je crié.

Il s’était retourné et m’avait dévisagé tout sourire.

« Achildr, qu’est-ce que tu fais dehors ? » s’était-il écrié en me dévisageant avec surprise.

« Je voulais te parler. »

« D’accord, que veux-tu me dire ? »

Je m’étais doucement approcher.

« Harald, c’est idiot de m’éviter, je me fiche de savoir si Marten est ton fils puisque de toute façon nous ne saurons peut-être jamais, je crois bien plus à un mauvais coup de Lug. »

« Tu as raison mais je veux éviter les rumeurs, il se dit des choses au village et je ne voudrais pas que tu les entendes. » m’avait-il expliqué.

« Qu’est-ce qui se dit ? Et qui le dit ? » Avais-je questionné.

« Il se dit que cet enfant est le mien, les gens ont oublié comment nous sommes partis, c’est-à-dire à plusieurs années d’intervalle, il se dit que tu es partie avec Malcolm pour me rejoindre et que Astrid et Thorvald sont aussi mes enfants. »

Je l’avais dévisagé avant de demander.

« Ça te touche ? Tu sais que ce n’est pas vrai alors quelle importance ? »

Il mit quelques secondes à me répondre, il fuyait mon regard, semblait hésiter.

« Il se dit aussi que toi et moi ce n’est pas nouveau, que ça date de notre arrivée en Islande, je suis fou de rage quand j’entends cela, nous étions des enfants et jamais, au grand jamais, je n’ai désiré l’une de mes sœurs. »

« Harald, laisse dire ! »

J’avais posé ma main sur sa tête et j’avais eu un geste apaisant, c’est alors que j’avais entendu quelqu’un se mettre à courir.

Harald et moi avions tourné la tête dans la direction du bruit.

« Qui était-ce ? »

« Je crois que c’était l’une des filles d’Ingvar, c’est lui qui fait courir les rumeurs, il dit qu’il nous a vu dans le même lit à l’adolescence, tu comprends pourquoi je suis tellement en colère ? »

« Je comprends, pourquoi fait-il cela ? Il ne croit quand même pas que tu es revenu pour reprendre les terres de notre père ? »

« Si je crois qu’il pense à cela, étant l’ainé des garçons je pourrais les lui prendre mais je ne le ferais pas, je me contrefiche de la terre tout autant qu’autrefois. »

« Je sais cela et moi aussi, il est stupide, laisse-le, il finira par se ridiculiser lui-même. »

Harald avait semblé hésiter, il m’avait regardé droit dans les yeux puis s’était décidé à me dire ce qu’il avait sur le cœur.

« Achildr, après l’hiver, je songe à repartir, je ne suis pas bien ici. Solveig est adorable, je suis content d’avoir revu tout le monde sauf Ingvar bien entendu mais je n’ai pas de place en Islande, pas plus aujourd’hui qu’hier. »

Je l’avais regardé tristement.

« Tu comptes allez où ? »

« Je pense savoir et peut-être viendras-tu avec moi, j’ai rêvé de Cyan plusieurs nuits d'affilée et je pense que c’est lui qui m’a envoyé des messages, il m’a montré l’endroit où il vit et je crois qu’il veut que nous venions le rejoindre. »

« Je rêve souvent de lui également, j’ai vu une petite maison chaleureuse et une jolie jeune femme à ses côtés. »

« C’est cela, il est dans l’ancien royaume d’Attila, il faut repartir en mer, retourner en Francie et se diriger vers l’est, cela nous prendra peut-être plusieurs années mais si tu veux, nous pouvons y allons ensemble. »

C’était tellement tentant, allez retrouver Cyan qui me manquait tant.

Je l’avais regardé droit dans les yeux.

« Oui je veux y aller avec toi, je veux allez retrouver Cyan, l’Islande est un pays trop étriqué pour nous, nous partirons au printemps, il faut trouver un moyen avant la fin de l’hiver d’aller demander à Maelig et Ragnar s’ils veulent nous accompagner ou s’ils préfèrent rester ici. »

« J’irais les voir dès que la neige commencera à fondre. »

Je l’avais serré contre moi, je me fichais totalement de qui pouvait nous voir et ce qu’Ingvar pourrait encore inventer.

Au printemps nous serions partis.

 

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