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Elijange - des mots....
14 décembre 2014

Julien dans les étoiles

eric_lamarque_free_fr

"Au commencement du monde" dit le petit garçon en scrutant le ciel, "qu'est-ce qu'il y avait grand-père ?"

"Surement peu de chose, des centaines de miliers de petites particules qui se croisaient et s'entrechoquaient pour finir par créer notre monde, les étoiles, les planêtes,notre terre et nous permettre de vivre ici aujourd'hui."

L'enfant ne répond pas et met sa main dans celle du vieil homme.

"J'aime beaucoup les étoiles" reprend-il soudain, "elles sont comme des lumières posées là par un bon génie pour éclairer la nuit et quand j'étais tout petit, je croyais que c'était pour me rassurer qu'elles brillaient ainsi."

Le grand-père sourit.

"La nuit, les étoiles scintillent et la lune veille sur notre sommeil pour permettre au soleil de réapparaitre chaque matin" ajoute l'enfant.

Le grand-père ne répond toujours pas et regarde le visage illuminé de joie de cet enfant qui compte tant dans sa vie.

Il fait un peu frais et le grand-père entoure les épaules de l'enfant d'un bras protecteur.

"Il faut rentrer Julien, le froid descend et ta grand-mère va encore me gronder si tu attrapes du mal."

L'enfant ne se fait pas prier et rentre dans la maison de son aieul.

"Grand-père, tu crois que mes parents sont avec les étoiles ?"

"Surement Julien et ils sont heureux."

Le petit garçon sourit, rassuré puis embrasse ses grands-parents avec amour avant d'aller se coucher.

La vieille dame et le viel homme regardent le petit bonhomme grimper les marches rapidement et échangent un regard complice.

 

Dans son lit, Julien a du mal à trouver le sommeil, il s'agite, se retourne.

Il fait bonne figure devant ses grands-parents mais en réalité,il est soucieux, c'est dur d'avoir huit ans et d'avoir perdu ses parents depuis si longtemps. Il ne peut même pas mettre de visage sur leurs prénoms, ils ont eut un accident d'avion quand il avait six mois.

Julien aimerait être sur qu'ils sont heureux quelque part.

Peu à peu, Julien sombre dans un sommeil réparateur. Il rêve de ses parents, il les voit courir vers lui.

Il fait froid soudain dans sa chambre, Julien sursaute en grelottant, la fenêtre est grande ouverte sur la nuit étoilée et un viel homme magnifique vêtu de bleu se tient dans sa chambre. Julien a peur l'espace d'un instant mais le regard de l'apparition est si bienveillant que l'enfant se rassure.

"Bonjour, Julien, je suis venu répondre à ton voeu le plus cher, te montrer tes parents."

"Maintenant ?"

"Oui, viens, Julien, je t'emmène."

"Mais je ne peux pas, il faut que je prévienne mes grands-parents."

"Ce n'est pas la peine, tu seras revenu avant qu'ils ne se réveillent, viens Julien, prend ma main."

Julien n'hésite plus et se laisse entrainer par la fenêtre ouverte. A sa grande surprise, malgré son pyjama léger, il n'a pas froid. Avec le vieil homme, ils flottent dans un univers cotonneux et douillet.

"Qui êtes-vous ?" risque pourtant l'enfant.

"Disons que je suis un bon génie qui aime faire plaisir aux enfants."

"Mais comment vous appelez-vous ?"

"Appelle moi comme tu veux, cela n'a pas d'importance, ce qui a de l'importance c'est cela" s'écrit-il en pointant son doigt devant lui.

Julien ouvre de grands yeux étonnés devant le paysage qui s'offre à son regard. C'est un jardin verdoyant où le viel homme le dépose. Il fait doux et l'enfant entend le chant des oiseaux multicolores et le frais murmure d'un ruisseau tout près. Les fleurs sont magnifiques et les arbres portent des fruits merveilleux.

"Julien, je vais te montrer tes parents mais ils ne pourront pas te voir et tu ne dois pas tenter de leur adresser la parole, d'accord ?"

"Oui, c'est d'accord."

Le viel homme entraine l'enfant dans des chemins joliment tracés entre les arbres et les fleurs, les voici arrivés dans une prairie. Julien voit une multitude de gens de tous ages, de l'enfant  au berceau jusqu'au vieillard.

"Qui sont ces gens ?"

"Ce sont ceux qui ont quittés la terre comme tes parents, tu vois, ils vivent ici, dans ce jardin magnifique, regarde, voilà tes parents."

Julien ouvre grand ses yeux et les regarde pour la première fois, il sent immensément d'amour envahir son coeur.

"Ils ont l'air heureux mais que font-ils ici toute la journée ?"

"Ils mangent, ils dorment, ils se promènent, ils sont libres."

"Est-ce qu'ils pensent à moi ?"

"Bien sur qu'ils pensent à toi, ils t'aiment très fort."

"Est-ce que je viendrais un jour ici ?"

"Oui mais dans très longtemps, Julien, il est beaucoup trop tôt."

Julien s'est assis sur l'herbe et regarde avec fascination son père et sa mère. Des tonnes de questions se bousculent dans sa tête mais le vieil homme intervient.

"Viens Julien, il faut que je te ramène."

"Déjà ?"

"Tu ne peux pas rester ici, le jour va bientôt se lever, tes grands-parents vont s'inquiéter si tu n'es pas là, je t'ai amené ici pour te rassurer, maintenant que tu sais qu'ils sont heureux, tu ne dois plus te préoccuper d'eux."

L'enfant ne répond pas et se laisse entrainer de nouveau par le vieil homme à barbe blanche.

 

Quand Julien se réveille ce matin là, il se sent bizarre, pourtant tout se passe comme chaque matin, sa grand-mère est là qui l'embrasse tendrement, il sent le chocolat chaud qui l'attend en bas et il entend le miaulement familier du chat.

"Grand-mère" chuchote-t-il en s'étirant doucement, "j'ai fait un rêve merveilleux, j'étais dans un jardin magnifique avec un mystérieux vieillard et j'ai vu mes parents, ils étaient avec beaucoup d'autres gens qui sont morts et je crois qu'ils étaient heureux."

La grand-mère sourit tendrement.

"C'est un bien joli rêve Julien, allez habille toi vite, sinon ton chocolat va refroidir et tu vas être en retard à l'école."

Julien s'exécute docilement, il a l'impression que sa grand-mère ne l'a pas cru et cela l'attriste un peu. En buvant son chocolat et en mangeant ses tartines, il repart à l'assaut.

"Tu sais grand-mère, je ne crois pas que c'était un rêve, je crois que c'était vrai."

"Quoi donc mon chéri ?"

"Le jardin, en fait d'abord je me suis réveillé et j'ai vu un vieux monsieur avec une barbe blanche habillé tout de bleu dans ma chambre et puis il m'a emmené je ne sais pas comment et nous nous sommes retrouvés dans ce jardin, c'était vraiment un très beau jardin, il y avait des fleurs et des fruits et puis des oiseaux aux couleurs fabuleuses et j'ai vu mes parents, je ne me souvenais même plus de leurs visages mais je les ai reconnu et maintenant je sais qu'ils sont heureux."

"Julien, tu as rêvé et c'est un très beau rêve mais tu as seulement rêvé."

"Non, je dis que c'est la vérité" insiste le garçon.

"Julien, arrête de dire des bétises" réplique sa grand-mère d'un ton bref et sans réplique.

Julien rumine en silence, un peu boudeur, il aimerait tant prouver à sa grand-mère qu'il dit la vérité. Elle sait bien pourtant qu'il n'a pas l'habitude de mentir.

Julien termine son petit déjeuner puis enfile son manteau, soulève son cartable pour le mettre sur son dos, il embrasse ses grands-parents et sort de la maison pour se rendre à l'école comme tous les matins. Dans la rue,  Julien refléchit à la façon de prouver à sa grand-mère que ce qu'il dit est vrai. Il donne des coups de pieds dans les cailloux, un peu rageur.

"Aie !" entend-il soudain, "tu m'as fais mal, fais donc attention !"

Julien lève les yeux et se trouve face à l'étrange vieillard de la nuit dernière. Il ouvre de grands yeux étonnés.

"Bonjour, vous êtes là  ? Vous êtes venus m'aider à prouver à ma grand-mère que j'ai dit la vérité ?"

"Non, Julien, je ne peux pas l'emmener dans le jardin, je suis venu te montrer autre chose, viens avec moi."

Avant que Julien ait pu dire quoi que ce soit, le vieil homme l'a entrainé avec lui. Il est de retour dans la maison de ses grands-parents. Ils sont dans le salon, sa grand-mère repasse et son grand-père fume sa pipe en lisant son journal.

"Je suis inquiète pour Julien" murmure sa grand-mère, "il m'a raconté une histoire bizarre ce matin, il a dit que cette nuit un viel homme était venu le chercher et qu'il l'avait emmené dans un grand jardin où il avait vu ses parents."

"Il a rêvé."

"Il m'a dit que non, je ne voudrais pas qu'il s'invente des histoires."

"Julien a les pieds sur terre."

"Mais il a la tête dans les étoiles."

"Je crois surtout que c'est maintenant qu'ils lui manquent peut-être parce qu'il ne se souvient même pas d'eux, cela va lui passer."

"J'espère parce qu'ils me manquent tellement à moi aussi."

"Je sais, je sais, heureusement que nous avons Julien."

Brusquement, Julien se retrouve sur le chemin de l'école, le viel homme en bleu à ses côtés.

"Est-ce que tu as compris pourquoi je voulais que tu les entendes ?"

"Je crois."

"Julien, tes parents ne sont plus là, ils sont heureux ailleurs dans un endroit où tu ne peux pas aller vivre, tes grands-parents t'aiment tellement, je crois que tu devrais leur dire que tu les aimes aussi."

"Ils le savent."

"Il est bon parfois de répéter les choses."

Julien a approuvé, le temps qu'il tourne la tête pour regarder l'heure à sa montre de peur d'être en retard à l'école et le vieillard n'était plus là.

 

En rentrant ce soir là de l'école, Julien se précipite pour embrasser ses grands-parents.

"Je t'aime, grand-père, je t'aime, grand-mère" chuchote-t-il pendu à leurs cous.

"Grand-mère, tu sais, je crois que c'était un rêve cette nuit, j'ai cru que c'était vrai mais c'était un rêve."

Il sourit doucement et sa grand-mère l'embrasse chaleureusement.

"Grand-père, tu me montreras encore les étoiles ce soir ? J'aimerais bien apprendre leurs noms."

"Il y en a beaucoup, tu sais."

"Oui, autant que de monde sur terre peut-être même plus et je suis sur que parmi ces étoiles, il y en a deux qui veillent plus particulièrement sur moi et sur vous bien sur."

"Tu dis encore des bétises, Julien" proteste sa grand-mère.

Julien n'a pas répondu mais son grand-père lui fait un clin d'oeil.

Comme Julien, il croit que son fils et sa belle-fille sont quelque part et qu'ils veillent sur le petit garçon qu'ils aimaient tant. Pourquoi pas parmi les étoiles qui fascinent tant l'enfant depuis toujours ? L'important n'est pas que cela soit vrai, c'est d'y croire et d'y puiser l'energie  pour grandir sans se faire de soucis.

Ce soir là, devant les étoiles, Julien a un regard neuf.

"Tu sais, grand-père" chuchote-t-il, "il ne faut pas que vous vous fassiez du soucis pour moi, je sais faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas."

"Qui t'a dit que nous nous faisions du soucis pour toi ? Aurais-tu des antennes ?"

"Non, c'est mon petit doigt qui me l'a dit."

L'enfant sourit, les yeux dans les étoiles.

"Tu me dis leurs noms, grand-père ?"

Alors le grand-père pour le bonheur de son petit-fils énumère Sirius, Véga, Altaïr, Orion et toutes les autres.

Julien écoute les noms chantants et magiques et croit voir dans le ciel se dessiner le visage du magnifique vieillard qui est venu le voir deux fois.

L'enfant chuchote un merci du fond du coeur, il serre la main de son grand-père et il sait désormais que la vie est devant lui et qu'il ne doit plus s'inquiéter pour ses parents, il doit juste les garder bien au chaud dans son coeur avec ses grands-parents.

Julien n'a jamais revu le vieil homme mais bien plus tard; quand il était devenu lui même le grand-père, il pensait encore qu'un jour il retrouverait le beau jardin avec ses parents et ses grands-parents et qu'ils y seraient heureux ensemble pour l'éternité.

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