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Elijange - des mots....
14 juin 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I malentendus - Partie I : l’enlèvement - Chapitre 4

« C’est pour déclarer un enfant, Emeline Ambroisine Marie Duthier, née aujourd’hui à huit heures et quart, voici le certificat de naissance délivré par l’hôpital »

Voilà, c’est fait, Pierre vient de donner à sa nouvelle fille les prénoms de ses deux précédentes bien que Marie l’eut supplié de la prénommer autrement, mais il n’est pas d’accord, il veut conjurer le sort et c’est la raison pour laquelle il a décidé de l’appeler comme cela. Voilà maintenant près d’un an qu’Ambroisine a disparu, il n’y a plus aucun espoir de la retrouver mais une autre petite fille leur est née et celle-là il ne lui arrivera rien, il peut le jurer. Jamais cette enfant ne sera seule, il ne veut pas qu’elle soit violée comme Emeline ou qu’elle disparaisse comme Ambroisine, il ne veut pas même si pour cela il doit la tenir enfermée.

 

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« J’ai décidé qu’aujourd’hui après vos leçons nous irons toutes les trois en ville, il est temps qu’Ambroisine visite Istanbul, voilà bientôt un an qu’elle est ici et elle ne l’a pas encore vu » déclare Claire avant le début des cours en ce beau matin de novembre.

Selma et Ambroisine ont alors un mal fou à faire attention à ce que disent leurs professeurs tant elles sont impatientes de faire cette ballade.

Ambroisine se plait bien ici, elle aime beaucoup Selma et Claire et puis dans ce palais la vie parait couler tranquillement, sans soucis, sans heurts, sans cris, ce n’est pas qu’elle n’aime plus ses parents mais avec eux, elle avait toujours l’impression que quelque chose n’allait pas, que leur vie était routinière et empreinte d’une certaine tristesse sans doute dû au culte qu’ils vouaient à sa sœur disparue quand elle était toute petite. Ici au contraire, ce ne sont que chants, musique, soleil, ici elle est heureuse pourtant quand vient le soir, la tristesse l’envahit parfois alors elle longe le grand couloir, se glisse dans les appartements des femmes, les traverse sans faire de bruit et elle rejoint la chambre de Sélim, à lui elle peut tout raconter, combien ses parents lui manquent, combien Nicolas lui manque, elle lui parle aussi d’Emeline, cette sœur qu’elle n’a jamais vraiment connu mais sur la tombe de laquelle elle allait souvent se recueillir avec ses parents et quelquefois Ambroisine pleure, alors Sélim la console en lui racontant ses peurs d’enfant après que ses parents l’eussent vendus, des parents qu’il aime malgré tout. Pour faire cesser les pleurs de la petite fille, il lui raconte également de merveilleux contes africains qu’il dit venir de la nuit des temps.

Mais pour l’instant, Ambroisine ne pense plus qu’à Istanbul car maintenant que les leçons sont terminées, la visite de la ville va commencer. Claire les fait monter dans une grande voiture noire aux vitres opaques de l’extérieur conduite par un chauffeur. La voiture quitte lentement le palais pour s’engouffrer dans une grande rue animée, Selma qui n’a rien dit depuis le départ s’écrie soudain.

« Annedjim, raconte nous Istanbul. »

Devant les yeux ravis de sa fille, Claire ne résiste pas et doucement alors que la voiture parcoure les rues grouillantes de monde d’Istanbul, Claire commence son récit.

« Autrefois s’élevait ici la ville de Byzance qui avait été construite au Vème siècle avant Jésus Christ, elle faisait partie de l’empire grec et les toits de ses cinq cent églises et de ses principaux palais étaient rehaussés de feuille de cuivre, d’or et d’argent, quand on la voyait de loin sous le soleil, Byzance était la ville d’or mais la grande force de cette ville c’était d’être la « porte de l’orient », c’est à dire le passage obligé des routes menant vers l’Inde, l’Asie centrale et l’extrême orient puis Byzance sous l’influence chrétienne devint Constantinople, le centre de l’orthodoxie chrétienne puis la capitale de l’empire byzantin au XIème et XIIème siècle mais la fin de cet empire approchait depuis la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Les ressources de l’état ne cessaient de diminuer, le fossé entre les riches et les pauvres s’accentuaient. C’est pour cela que lorsque les troupes turques attaquèrent les troupes byzantines, ce fut avec succès si bien que Constantinople devint Istanbul et musulmane. »

« Bravo ! » s’écrie Selma.

« Elle est jolie l’histoire d’Istanbul » murmure Ambroisine.

« Celle de la mosquée Sainte Sophie, tu la racontes maman ? »

« Quand nous y serons Selma, ce sera mieux. »

Un grand silence se fait dans la voiture, le nez contre les vitres, Selma et Ambroisine admirent le paysage  quand soudain Sainte Sophie apparaît et à Ambroisine elle parait immense mais elle est tout de même un peu déçue par la simplicité de l’édifice entouré de quatre minarets qui se dresse devant elle. Devant sa déception, Selma s’exclame.

« Attends de voir l’intérieur. »

Rassurée, elle sort de la voiture et se dirige vers le grand monument en tenant la main de Claire.

« Tu la racontes maintenant l’église Sainte Sophie » quémande Selma.

« D’accord, l’église Sainte Sophie a été construite au VIème siècle sur une basilique beaucoup plus ancienne, c’est l’empereur Justinien qui en a décidé la construction, elle était dédiée à la sagesse divine, Sophie en grec. Deux hommes sont à l’origine de cette très belle église, Anthémios de Tralles et Isidore de Millet mais maintenant entrons. »

A peine à l’intérieur du bâtiment, Ambroisine et Selma sont éblouies par l’immensité de la cathédrale et aussi par sa grande beauté.  En levant les yeux, elles voient la grande coupole soutenue par quatre arcades qui s’élèvent à 55 mètres au-dessus d’elles. Il y a aussi quatre petites coupoles qui entourent la grande et qui s’ouvrent à leur base sur quarante fenêtres alternant avec autant de nervures.

Dans le cœur d’Ambroisine nait un étrange sentiment, la beauté et la magie de ce lieu l’envahissent, elle peut presque sentir le poids des siècles accumulés sur l’édifice et avec le peu de connaissance qu’elle a dans ce domaine, Ambroisine sent confusément une présence divine mais elle ne saurait en préciser la nature.

Selma, fascinée sent son cœur se serrer devant tant de beauté, elle doute que les hommes puissent créer de telle chose, elle sent elle aussi la force d’une présence supérieure et dans sa naïve foi d’enfant elle ne doute pas que ce soit celle d’Allah.

Claire se revoit  avec Ali dans cet édifice immense et elle sent cette élévation vers Dieu qui saisit tout être qui entre ici, cette impression que l’on peut atteindre le paradis un peu comme au jardin d’Istanbul, un peu comme lorsqu’Ali et elle s’aimaient mais Ali est mort trop tôt emporté dans la fleur de l’âge dans un accident d’avion lors d’un voyage d’affaire, elle déteste depuis les voyages d’affaire car Ali était trop souvent absent, alors elle restait seule avec Diane puis avec Omar lorsqu’il était né, Selma a à peine connu son père, elle n’avait que neuf mois lorsqu’il est décédé. Le cœur de Claire se serre, il ne faut pas qu’elle pense à Ali, cela lui fait beaucoup trop mal.

 

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