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Elijange - des mots....
19 juin 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Partie I : L’enlèvement - Chapitre 9

Affalée sur son lit, Selma sanglote. Pourtant aujourd’hui elle devrait être heureuse, c’est son anniversaire, elle a treize ans mais sa mère vient de lui annoncer son intention de la fiancer. Pourtant Selma lui a déjà expliqué qu’elle ne veut pas se marier et surtout pas si tôt. On frappe doucement à sa porte.

« C’est Ambroisine, je peux entrer ? »

« Entre. »

Ambroisine pousse la porte, entre et s’assied sur le lit à côté de son amie.

« Maman veut me marier » s’écrie cette dernière entre deux sanglots.

« Mais avec qui ? »

« Avec une espèce de prince irakien riche à million qui a des tonnes de maisons, de bateaux et aussi des tonnes d’années de plus que moi, vingt ans de plus, il a trente-trois ans, tu te rends compte. De toutes façons, même si il était plus jeune, je ne voudrais pas l’épouser, c’est idiot, comment pourrais-je épouser quelqu’un que je ne connais pas, je ne crois pas que l’on puisse tomber amoureuse d’un homme qu’on vous force à épouser. »

« Je ne comprends pas pourquoi Claire veut faire ça, je ne voudrais pas non plus épouser un prince aussi riche soit il si il ne me plaisait pas. »

C’est alors qu’elles entendent un léger coup frappé à la porte, c’est Sélim qui entre.

« Je n’aime pas quand ma petite Selma pleure et malgré tout le respect que j’ai pour ma sultane, je dois avouer que je suis totalement contre sa décision, je trouve révoltant qu’elle veuille te marier contre ta volonté, j’estime qu’il est bien trop tôt pour songer au mariage, de plus le prince auquel elle te destine est trop âgé pour toi, il sera un vieillard quand tu seras dans le plus bel âge de ta vie, si je peux t’aider je le ferais. »

« J’ai une idée ! » s’écrie Ambroisine.

« Laquelle ? » interroge Selma.

« Je vais écrire à Omar et je vais lui raconter toute l’histoire, je lui demanderais de t’envoyer en France pour faire tes études, tu y resteras jusqu’à ta majorité et comme ça Claire ne pourra plus te marier et après tes dix-huit ans tu pourras faire ce que tu voudras. »

« C’est une excellente idée mais je n’ai pas tellement envie de quitter Istanbul. »

« Ce ne sera pas définitif, tu y reviendras plus tard. »

Tout le monde étant d’accord avec l’idée d’Ambroisine, cette dernière laisse Sélim et Selma ensemble pour écrire la lettre à Omar le plus vite possible.

 

Claire, quant à elle se promène dans le jardin, elle réfléchit à l’avenir de ses enfants, si elle veut fiancer Selma, c’est parce que ses intérêts pétroliers sont en jeu et parce que le prince Irakien auquel elle la destine a déjà vu Selma et qu’elle lui a beaucoup plu. Il faut dire que Selma c’est une cascade de cheveux noirs et bouclés, ce sont des yeux bleus d’une grande beauté, c’est le corps de gazelle d’une petite fille qui devient femme, plus grande qu’Ambroisine, plus vive et sûrement aussi plus femme. Elles sont différentes mais Claire s’est prise à aimer l’enfant de la femme qu’elle a tant détesté.

Claire entre dans le palais pour goûter un peu de fraîcheur et machinalement elle se dirige vers la chambre d’Ambroisine, elle frappe puis entre sans attendre de réponse. C’est à ce moment-là que tout se met à tourner autour d’elle, c’est son cauchemar qui surgit en plein jour, elle revoit une nuit, cette nuit-là… des yeux bleu-vert changeants la fixent, comme ceux d’Ambroisine. Elle a aussi la vision d’un homme mais elle ne voit pas son visage, l’enfant se débat et ses yeux sont fixés sur Claire comme une supplique, un appel au secours.

« Claire, Claire, ça ne va pas ? »

Claire fixe Ambroisine comme si devant ses yeux c’était un fantôme qu’elle avait.

« Emeline » s’écrie-t-elle « Emeline. »

Le cri a résonné dans tout le palais et Claire s’est enfuie en courant, des larmes coulent le long de ses joues. Maintenant tout semble clair dans sa tête, elle se revoit penchée sur la fillette qui venait de se faire violer, elle revoit la supplique dans les yeux de l’enfant mais au lieu de l’aider, elle se voit avec un grand couteau à la main, un grand couteau qu’elle plante dans le cœur d’Emeline, des dizaines et des dizaines de fois avec acharnement, avec haine, pour punir cette fillette d’un crime qu’elle n’a pas commis, pour la punir d’être la fille de l’homme qu’elle aimait et qui n’aurait jamais dû être à une autre, pour punir sa mère la femme qu’Ali a aimé. Elle se souvient aussi du journal le lendemain où le crime était décrit comme une boucherie innommable, que seul le visage avait été épargné, ce trop beau visage qui ressemblait trop à celui d’Ali.

Depuis tout ce temps, Claire a oublié, un grand trou dans sa mémoire, un trou sombre rempli d’horreur, un trou de mémoire qui vient de disparaitre et de lui révéler ses terribles secrets. Dans sa chambre où elle s’est réfugiée, les souvenirs abondent réels ou imaginaires, elle croit se souvenir enfin de la façon dont tout cela s’est passé, il y avait d’abord eu la lettre qu’elle avait envoyé à Marie pour lui annoncer la mort d’Ali et où elle lui demandait des photos de ses enfants puis il y avait eu sa visite en France, le pistage systématique qu’elle avait alors fait de l’enfant et puis le soir terrible où un homme inconnu s’était jeté sur la petite fille et lui avait fait subir les pires atrocités et Claire avait assisté à toute la scène sans intervenir malgré le fait qu’Emeline l’avait vu et que ses yeux la suppliaient de l’aider mais elle n’avait rien fait, bien au contraire dès que l’homme était parti au lieu de la secourir, elle l’avait tué, elle avait frappé, frappé, elle avait aussi labouré le cartable tant sa haine était aveugle et inassouvie. Elle voulait effacer la trahison d’Ali et voilà qu’Emeline ressurgissait dans le regard d’Ambroisine avec ses yeux suppliants comme ceux d’autrefois et dont elle croyait s’être débarrassée à jamais. Claire est quasiment certaine que tout ce qu’elle vient de se remémorer est vrai mais comment en acquérir la certitude.

 

Ambroisine assise à son bureau n’est pas encore revenue du grand cri que Claire a lancé et cela a fait remonter en elle des tonnes de souvenirs. Toutes les visites hebdomadaires au cimetière sur la tombe de sa grande sœur, combien elle les avait détesté et elle se demande pourquoi dans son univers si idyllique d’Istanbul, le fantôme d’Emeline la poursuit. Une pensée traverse son esprit et elle coure jusqu’au jardin où elle trouve la vieille Salomé assise sur un banc.

« Tu as entendu ce qu’a crié Claire, est-ce que tu sais pourquoi Salomé ? »

« Le cœur cache parfois de lourds secrets qu’il vaut mieux ne jamais découvrir. »

« Parle clairement, s’il te plaît. »

« Le cœur de notre sultane recèle bien des secrets sur une petite fille prénommée Emeline. »

« Quelle Emeline ? Ma sœur ? »

« Oui, ta sœur, celle qui est morte voilà bien longtemps, je me souviens qu’à cette époque, Claire était en France chez ses parents,  tous les journaux même ici en Turquie ont parlé de l’assassinat monstrueux de cette petite fille, je me souviens qu’en première page, il y avait son visage d’enfant, doux, beau et je me souviens d’avoir pensé qu’elle ressemblait un peu à Omar mais ce ne pouvait être qu’une impression et je me souviens également de la description horrible de la façon dont elle a été tué. »

« Comment ? »

« Je ne me souviens plus très bien mais j’ai conservé l’article de journal, si tu veux  je vais allez te le chercher, reste là. »

La vieille Salomé se lève lentement et Ambroisine se plonge dans ses pensées. Quel rapport peut-il bien y avoir entre Claire et Emeline ? Pourquoi Claire possède-t-elle une photo d’Emeline ?

« Le voici,  je te le laisse. »

Ambroisine a sursauté, elle prend le papier que lui tend Salomé. La page de journal a été plastifié pour ne pas qu’elle s’abime. Lentement, elle commence à lire :

 

UN MEURTRE EFFROYABLE COMMIS EN FRANCE

C’est à 150 kilomètres de Paris dans une petite ville de Province que s’est produit la nuit dernière un crime monstrueux. Emeline Duthier, une ravissante petite fille de dix ans rentrait chez elle comme tous les soirs après l’école quand elle s’est faite agressée. La petite fille a été violée puis tué. Son corps ne présente pas moins de cinquante coups de couteau, seul le visage a été épargné. Le meurtrier a de plus labouré le cartable de la fillette de nombreux coups de couteaux. Une enquête a été ouverte pour retrouver l’auteur de ce crime mais pour l’instant la police ne dispose d’aucun indice.

 

Puis à la droite du texte, il y a une photo d’Emeline et Ambroisine ne peut s’empêcher de penser qu’elle ressemble effectivement à Omar dans la forme du visage, dans celles des lèvres, dans les cheveux aussi. Elle se prend à imaginer le mal, la douleur, les outrages qu’a dû subir cette petite fille, sa sœur et pour la première fois, il lui semble qu’Emeline est bien sa sœur et elle se dit qu’avec une telle ressemblance avec son Omar adoré, Emeline ne pouvait qu’être gentille. Un souvenir passe dans sa tête, un cliché, elle revoit Emeline rentrer de l’école et jouer avec elle mais elle était si petite que les souvenirs sont flous et peu nombreux. Pourtant en cet instant, elle a l’impression de la connaitre et de l’aimer et elle se dit que si un jour elle rencontre le meurtrier de sa sœur, elle le fera punir  et elle espère qu’il souffrira le plus possible de son emprisonnement pour lui faire payer très cher les souffrances d’Emeline, sa sœur, il y a douze ans.

 

 

 

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