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Elijange - des mots....
28 juin 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Troisième partie : le temps des amours - Chapitre 4

« Nous sommes le douze octobre » pense Marie. Le douze octobre voilà onze ans naissait Nicolas. Avec Ambroisine et Emeline, elle lui a préparé une superbe fête avec ses camarades de classe. Pierre aussi sera présent et Marie s’en réjouie même si elle veut essayer de faire croire le contraire car au fil des ans après la séparation, l’amour est revenu. Marie aime Pierre et le plus beau cadeau qu’elle pourrait faire à ce petit Nicolas auquel elle a fait tant de mal c’est de revivre avec son père, elle le sait bien, elle a bien l’intention d’en parler avec Pierre.

Mais pour l’instant, il faut installer le buffet et les boissons, les premiers invités arriveront dans environ une heure et les enfants sont en train de s’habiller.

« Maman, comment trouves-tu ton fils ? » s’écrie Ambroisine en tirant Nicolas par le bras. Marie le regarde et un sentiment de fierté naît en elle.

« Que tu es beau ! » murmure-t-elle, « tu vas vraiment être le roi de la fête » et elle lui tend les bras comme cela ne lui est pas arrivée depuis longtemps, Nicolas se précipite pour être embrasser.

Ambroisine contemple son frère satisfaite, c’est elle qui l’a emmené acheter ces vêtements très à la mode, il porte un pantalon de style fuseau avec des bottes de cavalier, une chemise blanche en dentelle, un gilet très dix-huitième siècle et ses cheveux longs et bouclés sont retenus par un nœud noir, il ressemble à un gentilhomme du dix-huitième siècle mais surtout il joue sur le côté ambigu et androgyne de sa personne, car malgré ses onze ans tout neuf, Nicolas n’a pas beaucoup changé, il a grandi certes mais il est resté fin et fluet.

« Tu me trouves comment ? »

C’est Emeline qui vient d'apparaître dans l’embrasure de la porte. Sa mère la regarde et ses yeux vont d’Ambroisine à Emeline.

« Mais vous portez la même robe ! »

« Oui, c’est une idée d’Emeline, elle veut exploiter au maximum notre ressemblance. »

« En tout cas, vous êtes ravissantes toutes les deux. »

« Merci maman » s’écrie Emeline en venant se mettre à côté de sa sœur et c’est vrai qu’elles se ressemblent de plus en plus, les mêmes cheveux châtains clairs légèrement bouclés, les mêmes yeux verts, le même sourire, Emeline arrive à l’épaule de sa sœur aînée qui n’est pas bien grande et leurs deux robes vertes identiques augmentent encore leur ressemblance.

A ce moment-là, on sonne à la porte.

« Allez Nicolas, c’est à toi d’aller ouvrir. »

Il se précipite certain que les premiers arrivés doivent être Guillaume et sa petite sœur car bien qu’étant entré en sixième, Nicolas a eu la chance de se retrouver dans la même classe que Guillaume et c’est bien lui qui est sur le pas de la porte.

« Entre Guillaume et toi aussi Esther. »

« Joyeux anniversaire, Nicolas » s’écrie Guillaume en lui faisant la bise alors que d’habitude ils se serrent la main. Nicolas a rougi et son cœur s’est mis à battre plus fort mais Guillaume ne s’est aperçu de rien et c’est peut être mieux ainsi.

« Bonjour Guillaume » s’écrie Ambroisine, « dis donc tu as beaucoup grandi. »

« Oui, tout le monde me le dit. »

Guillaume dépasse Nicolas de près d’une tête et il commence à avoir une belle carrure.

Ambroisine tente d’entretenir la conversation parce que Nicolas rougit dès que Guillaume lui adresse la parole. Quand à Emeline et à Esther, ce sont deux copines de classe et elles sont parties dans une conversation très animée.

 

Peu à peu tous les autres invités arrivent et la fête commencent, on met des disques, on danse, un peu timidement au début puis plus personne n’hésite à part Nicolas qui chuchote à l’oreille d’Ambroisine.

« Tu crois que Guillaume voudrait bien danser avec moi ? »

« Je ne crois pas. »

« J’en ai assez » s’écrie Nicolas et des larmes commencent à couler sur ses joues.

« Nicolas, on ne pleure pas le jour de son anniversaire, tu sais tu devrais essayer d’oublier Guillaume, il y aura quelqu’un un jour pour toi. »

« C’est facile à dire. »

« Je sais mais pas facile à faire mais tu peux essayer, tu sais avec qui tu vas danser ? Avec moi, je sais, je suis une fille mais je suis aussi ta grande sœur. »

« D’accord. »

Nicolas a souri pour tendre son bras à sa sœur et danser avec elle.

 

Pendant ce temps-là dans la cuisine, Pierre et Marie ont une discussion sérieuse pour la première fois depuis leur divorce.

« Pierre, ce que j’ai à te dire est très difficile à exprimer. »

« Je suis prêt à t’écouter. »

« Pierre, nous avons divorcés parce que la vie nous avait frappé avec force deux fois de suite, depuis les choses se sont arrangés, nous nous sommes peu à peu réconciliés et nous nous entendons de mieux en mieux grâce je crois à notre fille… et… »

« Je sais ce que tu essaies de me dire et j’ai envie de te le demander avant, Marie veux-tu revivre avec moi et Nicolas ? »

« Oui, Pierre je le veux. »

Marie est tombée dans les bras de Pierre, ils se sont embrassés pour sceller leurs retrouvailles.

« Pierre je t’aime. »

« Moi aussi. »

« Tu sais que nous devrions faire ? L’annoncer à nos enfants, ce serait le plus beau cadeau d’anniversaire pour Nicolas. »

Marie acquiesce et tous deux se dirigent vers la salle de séjour où la fête bat son plein. Il va être seize heures et Nicolas s’apprête à défaire ses paquets.

Pierre et Marie s’approchent tandis qu’Ambroisine tend le premier paquet à Nicolas, c’est le cadeau d’Emeline mais Pierre fait signe de faire silence.

« Nous avons une grande nouvelle à vous annoncer à tous et surtout à toi Nicolas, ta mère et moi allons de nouveau vivre ensemble. »

« C’est merveilleux ! » s’écrie Ambroisine.

Nicolas s’est approché de ses parents.

« C’est le plus beau cadeau que vous pouviez me faire. »

Marie le serre contre elle, elle se sent heureuse grâce à ce que vient de dire son petit garçon à la beauté fragile. Quand à Emeline, elle s’est jetée dans les bras de son père et a murmuré.

« Bienvenue papa. »

Ensuite la fête a repris et Nicolas a défait ses cadeaux, il a embrassé tous ses camarades et son cœur a de nouveau battu en embrassant Guillaume.

« Ambroisine, tu n’as pas acheté de cadeau pour moi ? » risque-t-il.

« Bien sûr que si mais si tu veux l’avoir, viens avec moi dans ma chambre, si je te l’avais donné en même temps que les autres ça n’aurait pas fait bon effet. »

Nicolas suit sa sœur qui sort de sous son lit un gros paquet et le lui tend. Il le défait précautionneusement et découvre la plus jolie des robes.

Des larmes lui viennent aux yeux, il regarde sa sœur aînée.

« Ambroisine » murmure-t-il en sanglotant, « Ambroisine » et il tombe dans ses bras. Elle lui caresse doucement les cheveux.

« Ne pleure pas Nicolas, je savais que ça te ferait plaisir mais à ce point. »

« Personne n’a jamais voulu m’acheter de robe. »

« Je sais, dis tu veux la mettre ? »

« Mais…. Et les autres ? »

« Je vais annoncer que tu vas bientôt arriver déguisé et tout ira bien, je vais appeler Emeline pendant que tu te changes. »

Ambroisine disparaît dans le couloir et Nicolas se déshabille, quand elle revient, il a passé la robe mais n’a pas pu l’attacher, un instant elle reste saisie devant la porte puis se précipite pour l’aider.

« Mais je n’ai pas de chaussure pour aller avec. »

« Ne t’inquiète pas, j’y ai aussi pensé » et elle sort une autre boite où Nicolas découvre une jolie paire de chaussure puis après qu’il les ai mis, elle défait le nœud qui retenait ses cheveux et brosse les longues boucles de son frère puis elle sort de sa commode une palette de maquillage et fait signe à Nicolas de s’approcher, elle souligne les yeux marrons-verts de son frère d’un trait de crayon marron puis met un peu de fard rose sur ses paupières, enfin, elle lui maquille les lèvres d’un rouge à lèvres roses pale puis elle regarde le résultat, ensuite réfléchissant elle sort sa boite à bijoux et y prend un collier qu’elle noue autour du cou de son frère.

« Je peux te prendre ce bracelet ? »

« Oui bien sûr. »

Quand tout est fini, Nicolas se regarde dans la glace et il se sourit.

« Est-ce que je suis beau ? »

« Oui et maintenant mademoiselle Anne, allons retrouver nos invités. »

Ambroisine passe en premier et Nicolas la suit, au seuil de la pièce elle fait signe à Emeline qui fait arrêter la musique et annonce.

« Voilà Mademoiselle Nicolas-Anne. »

Nicolas entre et un tonnerre d’applaudissement le salue. Bien sûr pour tous ces enfants, c’est un jeu sauf pour Nicolas mais c’est Guillaume qui s’avance et qui s’écrie avec un sourire.

« Voulez-vous m’accorder cette danse ? » et Emeline, complice, a mis un slow. Nicolas rougit et bafouille, Guillaume ne peut pas comprendre. Le cœur de Nicolas bat très vite, il chuchote.

« Oui. »

Mais dans les bras de Guillaume, Nicolas sent que les larmes vont couler, il se serre contre lui, il sait qu’il est rouge et que son cœur bat très fort, il se sent tout drôle. Tout le monde s’est mis à danser autour d’eux mais Nicolas se sent seul au monde, il lève les yeux un instant vers Guillaume qui lui sourit, il aimerait lui crier je t’aime mais Guillaume n’aimerait peut être pas alors il se serre contre lui, c’est tout et une larme coule sur sa joue, son cœur s’est serré, ça fait mal dans sa poitrine.

Guillaume, quand à lui, a pris ça pour un jeu même si il a toujours senti quelque chose de trouble en Nicolas, il ne sait pas ce que c’est et il ne veut pas le savoir, il a peur de le savoir, Nicolas est devenu peu à peu son meilleur ami alors que Nicolas a très peu d’amis, Nicolas est sensible, Guillaume le sait. La musique s’arrête, la danse va être terminée, Emeline a enchaîné sur une valse et Guillaume poussé par l’instinct s’écrie.

« Tu la danses avec moi aussi celle-là ? »

« Oh oui » s’exclame Nicolas surpris, Guillaume aperçoit une larme dans les yeux de Nicolas.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu pleures ? »

« Non, ce n’est rien, on danse ? »

« Bien sûr. »

Ils se lancent dans une valse, ni l’un ni l’autre n’en ont jamais dansé mais ils tentent de suivre les pas de Pierre et Marie qui dansent au milieu de la pièce et bientôt tous les deux rient aux éclats car ils n’arrêtent pas de se marcher sur les pieds. Ils sont si proches en cet instant, comme Nicolas aimerait que… Mais il sait bien que non, pourtant, un instant, la main de Guillaume dans la sienne, il frémit et ils se regardent, les yeux de Guillaume interrogent et ceux de Nicolas essaient de dire l’amour mais Guillaume fait repartir la danse de façon effrénée, il a été gêné par le regard de Nicolas et par ce qu’il a cru y lire, il se souvient du jour où Nicolas lui avait dit qu’il était une fille et qu’il voulait qu’il le considère comme tel. Guillaume du haut de ses onze ans et demi vient de comprendre que Nicolas l’aime et même si il ne partage pas vraiment ses sentiments, il sent la détresse de son meilleur ami et instinctivement il le serre contre lui. Nicolas ravale ses larmes, il sait que le geste de Guillaume est juste une preuve d’amitié. A ce moment-là, une voix se fait entendre c’est celle d’Emeline.

« Il y a la maman de Guillaume et Esther qui vient les chercher. »

Nicolas regarde Guillaume.

« Tu vas t’en aller ? »

« Je suis bien obligé. »

« Dis Guillaume, tu seras toujours mon ami ? »

« Bien sur Nicolas, je t’aime bien tu sais. »

« Moi, je… je t’aime plus que ça » ose-t-il timidement.

« Je… je sais mais pas moi, mais je te promets de ne jamais te laisser tomber, tu seras toujours mon meilleur ami. »

Guillaume regarde Nicolas et il comprend une nouvelle fois que ce que ce dernier attend tout en retenant ses larmes. Il le serre contre lui et l’embrasse sur les joues.

« A demain au collège, Nicolas » murmure-t-il en serrant sa main entre les siennes.

« A demain » chuchote Nicolas qui commence à pleurer.

Guillaume est embarrassé, il ne sait pas quoi faire.

« Nicolas, ne pleure pas. »

« Je ne peux pas m’en empêcher. »

« Guillaume ! » crie la voix de sa mère dans le couloir, « dépêche-toi ! »

Furtivement, Guillaume embrasse Nicolas sur la joue de nouveau et murmure « Je t’aime bien » puis il court rejoindre sa mère. Nicolas reste un instant prostré, des larmes ruissellent sur ses joues puis il se précipite dans sa chambre, s’affale sur son lit et frappe avec ses poings le couvre lit. Nicolas souffre et personne ne peut le comprendre totalement même Guillaume qui s’est montré si gentil. Nicolas-Anne, voilà son problème, si il n’était qu’Anne, Guillaume l’aimerait peut être de la façon dont il veut être aimé et même si Guillaume ne reste jamais que son ami, un jour un garçon qui ressemblera à Guillaume l’aimera, un jour il aimera et sera aimé.

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