Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Cinquième partie : La folie d'Emeline - Chapitre 9

« Emeline, nous allons essayer de voir ce qui s’est passé dans ton enfance, d’accord ? »

Elle regarde le psychologue et s’allonge sur le canapé.

« Dis-moi, Emeline, combien de frère et sœur as-tu ? »

Question stupide pense Emeline mais elle répond tout de même.

« Trois. »

« Tu en as toujours eu trois. »

« Oui puisque je suis la dernière. »

« Tu les aimes ? »

Emeline sent la colère monter et quand elle se remet à parler c’est avec sa voix d’enfant.

« J’aime mon frère Nicolas, il est fragile Nicolas, il pleure souvent, il veut être une fille. »

« Quel âge as-tu ? »

« J’ai quatre ans. »

« Tu aimes ta sœur Ambroisine ? »

« C’est une des deux grandes sur les photos et je ne l’aime pas, elle me ressemble et on me compare sans cesse à elle. Je porte le prénom d’une morte et je déteste ce prénom. »

« Calme toi et dis-moi, avec tes parents, comment ça va ? »

« Mon papa est souvent en colère contre ma maman, il essaie d’aider mon frère et ma maman je la déteste, elle est méchante avec moi et Nicolas. »

Depuis trois mois, Emeline va chez le psychologue et c’est toujours pareil, elle répète sa haine et le médecin assis à côté d’elle ne sait pas vraiment comment l’aider, il a conseillé l’asile psychiatrique mais Pierre ne veut pas, il s’oppose farouchement à l’internement de sa fille pourtant il a dû se résoudre à la mettre dans un foyer pour jeunes filles présentant des troubles psychologiques.

Pierre s’inquiète aussi pour Marie, elle est redevenue comme au temps de la disparition d’Ambroisine, elle se promène en chemise de nuit, les cheveux en bataille et Pierre ne sait plus quoi faire pour elle. Marie se sent coupable de la maladie de sa fille. Elle ne comprend pas pourquoi soudain la petite fille a ressurgi chez Emeline. Pour survivre, elle se raccroche à son petit fils et à sa toute nouvelle petite fille, Mylène mais elle sait qu’aimer de tout son cœur ces deux enfants ne peut pas rattraper les erreurs du passé quand elle n’aimait pas ses propres enfants de la bonne manière, car elle les aimait tout de même, une mère ne peut pas ne pas aimer ses enfants mais elle peut se tromper dans sa façon de les aimer.