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Elijange - des mots....
22 juillet 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Cinquième partie : La folie d'Emeline - Chapitre 10

Ambroisine sent tout de suite que quelque chose ne va pas quand le médecin revient, elle le regarde fixement et le médecin se décide à murmurer.

« J’ai une chose à vous annoncer. »

« Qu’est-ce qui est arrivé  à mon bébé ? Il est mort ? »

« Non votre fille est bien portante mais elle est handicapée, il y a des risques qu’elle ne puisse jamais ni marcher, ni parler, je suis navré. »

Ambroisine est retombée sur le lit, elle fixe le plafond. Elle vient de mettre au monde son troisième enfant, une petite fille. Elle va s’appeler Caroline comme  prévue mais Ambroisine sent son courage l’abandonner. Heureusement voilà Claire qui entre, elle connaît déjà le problème de l’enfant.

« Ce n’est pas grave Ambroisine, tu verras ce sera une adorable petite fille. »

« Tu crois que j’arriverais à l’élever ? »

« Bien sûr et je suis prête à t’aider. »

Ambroisine se serre contre Claire, elle revoit le soleil d’Istanbul. Elle entend la voix d’Alexina qui lui dit que le malheur frappe lorsqu’il veut éprouver les gens. Alexina pourtant n’a pas pu dire cela, qui l’a dit alors ? C’est Sélim qui a dit ces mots à Ambroisine.

« Comment s’appelle-t-elle ? » questionne Claire.

« Caroline. »

« C’est très joli. »

« Devine qui c’est ? » s’écrie une voix d’enfant derrière la porte.

« Je le sais, c’est Mylène. »

La fillette entre suivie de Nicolas et Guillaume, elle bondit sur le lit.

« Doucement » gronde Guillaume, « tu ne dois pas fatiguer Ambroisine. »

« Il est où ton bébé ? »

« Il va arriver, il fallait le laver et l’habiller. »

A ce moment-là, une infirmière entre avec l’enfant dans ses bras, elle le donne à Ambroisine et sort. L’enfant a de grands yeux bleus et pas un cheveu sur le crane. Elle a l’air d’un bébé normal.

« Elle est belle ! » s’écrie Mylène, « elle s’appelle comment ? »

« Caroline. »

« Bonjour Caroline, tu es le plus joli bébé que j’ai jamais vu. »

« Tu en as vu beaucoup ? » questionne Claire.

« C’est le premier. »

Tout le monde éclate de rire. Mylène les regarde étonnée puis rit à son tour de son rire cristallin et pur. Elle vient d’apporter la gaieté de son enfance à Ambroisine lui faisant oublier un instant le sort qui vient de la frapper encore une fois en la personne de cette enfant qui dort tout contre elle sans voir la détresse qu’elle vient de faire naître chez sa maman.

 

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Selma se tient droite sur son siège au conseil d’administration de son entreprise, toute de noire vêtue, elle est très belle, elle donne ses ordres d’une voix autoritaire et froide à la fois, elle fascine, elle inquiète, un mystère semble planer autour d’elle mais il n’y a pas de mystère, il y a juste une femme qui ne vit que pour sa fille et rien d’autre. Une femme qui a promis à un mort de porter éternellement son deuil et de venir le rejoindre une fois leur fille élevée. Son entreprise fonctionne plus que bien, elle réalise des profits énormes et travaille avec de nombreux pays, elle se donne toute entière à son travail, c’est son défi pour Shéhérazade qui est maintenant une ravissante petite fille de trois ans, elle est gaie et c’est la seule qui réussisse à faire rire sa mère qui est devenue si grave, Selma l’aime mais pas assez pour renoncer à la promesse faite à Mounir de le rejoindre une fois leur fille en âge de se débrouiller seule.

Ainsi quand Shéhérazade atteindra l’âge de vingt ans, Selma quittera la vie, elle ira rejoindre celui qu’elle aime au paradis.

 

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« Non, laisse-moi tranquille, je ne veux pas te revoir, tu es morte, laisse-moi ! »

Emeline se débat seule dans sa chambre au foyer, depuis quelques temps, elle voit apparaître devant ses yeux le visage de sa sœur aînée, Emeline et celle-ci lui parle.

« Emeline, tu as pris mon prénom, tu as pris ma place, tu as pris l’amour de mes parents et maintenant tu vas venir me rejoindre. »

« Non laisse-moi, je ne veux pas aller avec toi, va-t’en ! »

Lentement la vision disparaît, Emeline est en sueur sur son lit, elle aperçoit Alexina.

« Elle est partie. » chuchote l’ange blond.

Emeline est rassurée, elle se tourne sur le côté, attrape son pouce, serre sa poupée et s’endort. Dans son rêve, elle voit Emeline et Alexina qui se battent mais Emeline grandit jusqu’à étouffer l’ange blond. Elle hurle et se réveille en larmes. Une femme apparaît dans l’embrasure de la porte.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Emeline ne répond pas, elle reste prostrée sur le lit.

« Tu as du faire un cauchemar, rendors toi. »

Elle se recouche et se rendort presque aussitôt. Cela fait des nuits qu’elle fait le même cauchemar, elle en parle avec sa psychologue mais celle-ci n’arrive pas vraiment à l’aider.

 

Pendant ce temps, dans sa maison, Marie est seule, c’est rare, Pierre n’aime pas la laisser seule, il a peur de ce qu’elle peut faire mais aujourd’hui il n’a pas pu faire autrement, il est parti chercher Ambroisine, Omar et leurs deux enfants à la gare. Marie ne va pas bien, elle est redevenue dans sa tête la mauvaise mère qu’elle croit avoir été. Doucement, comme un automate, elle se dirige vers la chambre d’Emeline, en passant dans le couloir, elle ouvre un placard et prend une grosse corde, arrivée dans la chambre elle prend une chaise, la place sous le lustre, y grimpe, elle attache la corde autour de son cou et autour du lustre puis elle donne un coup de pied dans la chaise. Marie veut mourir, en un instant défile devant ses yeux toute sa vie, de la petite fille heureuse qu’elle a été, à la jeune fille amoureuse d’Ali, à la mère éplorée jusqu’à aujourd’hui. La corde se tend et le cou casse net, Marie est morte.

Quand Pierre arrive, il a un sombre pressentiment en ne la voyant pas les accueillir.

« Marie ! » hurle-t-il.

Son cri s’éteint, il vient de la trouver. Il s’agrippe à son corps inerte qui tourne dans le vide.

« Marie, mon amour ! »

Omar est arrivé, il a grimpé sur la chaise et l’a détaché. En médecin compétent, il a vérifié qu’elle était morte. Il l’a posé sur le lit. Pierre éploré s’accroche à elle et l’embrasse sans arrêt.

« Marie, ma Marie, mon amour. »

Pierre est en larmes.

« Pourquoi as-tu fait cela ? Je t’aimais, on aurait pu surmonter cette nouvelle épreuve ensemble. »

« Pierre, Pierre » murmure Omar, « calmez-vous. » 

« Maman » s’écrie Ambroisine en accourant, « non ! »

Elle se précipite aux côtés de son père, prend la main froide de sa mère et l’embrasse. Sa maman qu’elle a retrouvée il y a si peu de temps est morte et rien ne pourra la lui ramener. Ambroisine se souvient des jours bénis d’avant Istanbul où petite fille elle admirait sa maman si jolie.

 

Quelques jours plus tard, dans le cimetière où reposent déjà Emeline et Alexina, on enterre Marie. Derrière le cercueil, Pierre est effondré, il repense avec nostalgie à la première fois où il a vu Marie, sa Marie, c’était au lycée avant l’arrivée du bel Ali et il en était tout de suite tombé amoureux, ensuite elle était sortie avec Ali et il avait été triste mais Ali était reparti et enfin Pierre avait pu gagner l’amour de Marie, ensemble ils avaient traversés beaucoup d’épreuves et malgré leur divorce, l’amour n’était jamais tout à fait mort entre eux mais aujourd’hui Pierre est seul devant l’épreuve, seul avec son chagrin, même ses enfants ne pourront pas l’aider, il doit surmonter seul sa détresse.

Derrière lui, Ambroisine suit au bras d’Omar, la tristesse se lit sur son visage, perdre sa maman n’est jamais facile et c’est encore plus dur quand on ne l’a pas vu pendant des années.

Nicolas est appuyé contre l’épaule de Guillaume, il pleure, sa mère comptait beaucoup pour lui puisqu’enfant il a lutté pendant des années pour retrouver son amour. La petite Mylène a compris la gravité de la situation, elle serre la main de Nicolas comme pour lui dire je serais avec toi, toujours.

Emeline n’est pas présente, son état mental ne le permet pas, on lui a appris la mort de sa mère. Dans son état normal, elle a été triste de cette nouvelle, elle a même pleuré mais quand ses crises la reprennent elle est heureuse de la mort de celle qu’elle détestait tant. Elle a de plus en plus de mal à dormir et dès qu’elle ferme les yeux,  elle voit la première Emeline qui lui demande de la rejoindre.

Alors pour la calmer, on la bourre de médicaments mais tout le monde sait que c’est ce qui s’appelle soigner le mal par le mal car ce n’est pas grâce à cela qu’elle va retrouver son équilibre psychique, c’est plutôt une bonne façon pour le lui faire perdre encore un peu plus.

 

 

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