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Elijange - des mots....
17 septembre 2015

La revanche du destin - Troisième partie : La victoire de l'ange blond - Chapitre 13

Bachir déambule dans les rues de Paris perdu, ses vêtements sont sales, il a une barbe de deux semaines sur le visage, cela fait effectivement deux semaines qu’il a réussi à s’échapper de la prison dans laquelle son père et ses épouses l’avaient enfermé avec la complicité de l’un de ses serviteurs qui lui était resté fidèle et qui a réussi à voler les clés de sa prison. Ensuite il a pris un avion pour Paris et depuis il cherche à échapper à la police car il n’a ni carte d’identité ni carte de séjour. Aujourd’hui il a décidé de tenter le tout pour le tout et d’aller trouver sa fille Fatima de lui demander pardon et de l’aide. Il est prêt à s’humilier pour avoir à manger et des vêtements propres.

Pendant ce temps, Fatima sort du collège, elle fait la bise à une amie puis elles se séparent, elle rejoint alors Yasmina qui l’attend un peu plus loin, elles échangent quelques mots puis elles se mettent en route pour rentrer chez elles rejoindre leur mère. Soudain Yasmina pousse un cri et dirige son doigt vers le trottoir d’en face, Fatima lève les yeux et y aperçoit un homme qu’elle prend d’abord pour un vulgaire clochard mais en l’observant un peu plus, elle s’aperçoit que c’est son père. Il se dirige vers elles, Yasmina se cache derrière sa sœur retrouvant la peur qui l’étreignait autrefois dès qu’elle l’apercevait.

« Qu’est-ce que tu veux ? » questionne Fatima quand il arrive presque à leur hauteur.

« Fatima, il faut que tu m’aides, je n’ai pas mangé depuis des jours. »

« Alors maintenant tu demandes de l’aide à de la graine de servantes ? Pourquoi voudrais-tu que je t’aide ? As-tu jamais fait quelque chose de bien pour moi ? »

Bachir tombe à genoux devant sa fille, des larmes coulent sur ses joues.

« Fatima je te le demande à genoux, aide moi, je regrette tout ce que j’ai fait autrefois, je regrette, pardonne moi Fatima et toi aussi Yasmina, j’ai besoin que l’on m’aide, je suis ton père. »

Fatima laisse glisser un regard de mépris, elle a honte de lui, de cette loque qui se traîne à ses pieds, de cette loque qui est son père, de cette loque qui il y a peu martyrisait sa petite sœur.

« Je ne peux pas pardonner » fini-t-elle par répondre, « comment voudrais-tu que je te pardonne ce que tu as fait ? Tu as gâché la vie de ma mère pendant dix ans et celle de ma sœur également, tu as fait tuer mon cousin, comment veux-tu que je te pardonne ? Peut-être un jour, plus tard, quand je ne te détesterais plus, peut-être oublierais-je ? Mais jamais je ne te pardonnerais, est-ce que tu peux comprendre ? »

« Oui Fatima, je peux comprendre, mes yeux se sont enfin ouverts après des années d’obscurité, j’ai pris soudain conscience de tout ce que j’avais fait de mal, j’ai aussi pris conscience du fait que je ne pouvais pas réparer à part peut-être en vous montrant à toutes le deux, mes filles que je vous aime. »

Fatima reste un instant muette, elle doute de la sincérité de son père.

« Tu ne nous aimes pas, tu ne peux pas nous aimer après tout ce que tu as fait subir à Yasmina. »

Bachir soupire et se prend la tête entre les mains.

« Comment t’expliquer ? Comment t’expliquer que quelquefois l’amour ne sait pas comment s’exprimer ? Je vous aimais et je vous aime toujours mais j’en avais honte parce que je croyais qu’un homme ne devait pas s’abaisser à de tels sentiments, que c’était tout juste digne des femmes, je le croyais mais je me trompais. Fatima si je ne vous avais pas aimé, je me serais désintéressé de vous mais ça n’a jamais été le cas, Fatima essaie de comprendre. »

L’adolescente se sent faiblir, elle sent que dans ce qu’il dit il y a un fond de vérité, peut-être les aime-t-il vraiment ?

« Fatima » reprend-t-il, « je veux essayer de compenser les années perdues, je veux m’occuper de vous maintenant, je veux enfin savoir ce qu’est l’amour. »

Mais avant que la jeune fille ait pu répondre une voiture s’est arrêtée près d’eux et c’est Salomé qui en sort, Salomé qui venait chercher ses nièces pour les ramener chez elles, elle bondit sur son frère en l’apercevant.

« Espèce de monstre, que fais-tu ici ? Tu vas enfin payer le meurtre de mon fils. »

Bachir n’a pas bougé, il est resté à genoux ses yeux fixés sur ceux de Fatima puis il se tourne vers Salomé et tend ses poignets vers elle.

« Vas-y emmène-moi à la police, je veux payer pour ce que j’ai fait, ensuite je serais en règle avec la loi et alors je pourrai peut-être vivre normalement et regagner l’amour de mes enfants. »

Salomé s’est arrêtée interdite, elle le regarde, il y a tant d’humilité dans ses yeux qu’elle se rend compte qu’il est sincère. Cela ne l’empêche pas de le saisir par les poignets et de le faire se lever.

« Nous allons au poste de police viens. »

Elle pousse son frère dans la voiture, il se laisse faire, Fatima tire Yasmina par la main mais la fillette résiste.

« Je ne veux pas m'asseoir à côté de lui, je ne veux pas Fatima. »

« Tu vas t'asseoir devant avec tante Salomé, je vais m’assoir à côté de lui. »

« Merci Fatima. »

Yasmina grimpe dans la voiture sans un regard pour son père tandis que Fatima s’assoit à ses côtés. Elle le regarde, il a les yeux baissés et pour la première fois elle se rend compte que le sentiment qu’elle ressent pour lui est plus positif qu’elle ne l’avait jamais pensé, il tourne ses yeux vers elle et ils restent là à se regarder en silence, les yeux noirs de Bachir sont remplis de larmes et ceux verts de Fatima s’en remplissent aussi, une larme coule sur sa joue.

« Papa » chuchote-t-elle l’appelant ainsi pour la première fois, « tu es sincère n’est-ce pas ? Jure le moi. »

« Je te le jure, je me repends de toutes mes mauvaises actions et je t’aime Fatima, je t’aime. »

En lui disant ces mots, il lui a pris les mains et il les lui serre.

« Fatima » reprend-t-il, « jure moi de venir me voir en prison, jure moi que nous essayerons de devenir des amis tous les deux, c’est ce que je désire le plus au monde. »

« Je te le jure papa, je viendrais te voir et nous allons rattraper les années perdues, je te ramènerais Yasmina aussi je vais lui expliquer mais attention si tu me mens, tout sera fini à jamais. »

« Merci Fatima. »

Bachir serre sa fille dans ses bras et l’embrasse tendrement mais les voici déjà arrivés devant le poste de police, Salomé fait sortir son frère de la voiture, Fatima les accompagne. L’officier de police écoute ce que lui dit Salomé puis consulte ses dossiers, il retrouve le jugement par contumace du tribunal et constate que celui-ci est vieux de six ans donc encore applicable et que l’homme qu’il a en face de lui est condamné à cinq ans de prison. A l’annonce de la nouvelle, Bachir n’a pas réagi mais Fatima a serré sa main un peu plus fort.

« Je le mérite » chuchote-t-il, « je n’avais pas le droit de faire tuer l’enfant de Salomé, je suis content de payer enfin pour mon crime. »

Salomé tourne vers lui un regard surpris mais il est trop tard pour faire demi-tour, le crime vieux de dix ans doit être puni.

Avant que l’officier de police n'entraîne son père vers les cellules, Fatima lui prend les mains et tendrement elle dépose un baiser sur sa joue.

« Papa, je te promets de venir te voir souvent en prison et puis d’être là le jour où tu sortiras, je te le promets parce que… parce que je t’aime papa. »

Des larmes coulent sur les joues de Bachir, il a la gorge nouée, il ne peut pas parler mais des yeux il remercie, l’officier de police l'entraîne sans ménagement et Fatima lui fait signe de la main tandis qu’il s’éloigne. Fatima qui croyait avoir tout compris sur le monstre qu’elle se refusait à appeler papa vient de se rendre compte que derrière les apparences peuvent se cacher bien des choses. L’erreur est humaine et même si celle-ci dure trente ans, elle est toujours humaine, Bachir se trompait il croyait être dans le vrai mais il s’est aperçu qu’il se trompait avant qu’il ne soit trop tard et qu’elles soient devenues grandes alors elle est prête à l’accepter comme père si il change vraiment sans pour autant oublier qu’autrefois il a été un monstre, elle veut tenir compte de ses remords et tirer un trait sur le passé quand on a treize ans c’est facile de pardonner, peu importe les yeux de Salomé posés sur elle et qui semblent la considérer comme une traîtresse, Fatima a besoin de son père pour se trouver, Fatima a besoin de quelqu’un sur qui se reposer, elle en a assez du rôle de protectrice qu’elle s’est elle-même assignée vis-à-vis de sa mère et de Yasmina, elle veut redevenir une enfant qu’on protège ce qu’elle a si peu été au début de sa vie, elle veut apprendre ce que c’est d’appeler quelqu’un papa, elle veut peut-être aussi apprendre le pardon et tant pis si les autres ne comprennent pas.

 

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Justine serre ses mains sur son ventre, elle sent le bébé qui bouge à l’intérieur. Il y a dix mois en faisant une fausse couche elle a pensé que s’en était fini de son beau rêve et qu’elle ne pourrait pas avoir d’enfant. Pourtant elle est de nouveau enceinte et l’espoir est revenu, le médecin lui a dit que si elle voulait le garder, il fallait qu’elle se repose qu’elle reste allongée le plus souvent possible et surtout qu’elle n’essaie pas de faire de travaux pénibles ou de porter des objets trop lourds, cela risquerait d’être fatal à l’enfant. Comme Justine veut garder son bébé, elle suit scrupuleusement les recommandations du médecin, elle est restée couchée depuis sept mois et maintenant que le bébé doit bientôt naître, elle est de plus en plus impatiente. Elle a épouse Vincent il y a quelques mois, la cérémonie a été très courte car il ne fallait pas qu’elle se fatigue mais elle rayonnait dans sa robe blanche au côté de l’homme qu’elle aime. A ce moment-là les années perdues en prison n’avaient plus d’importance, tout était oublié, le bonheur était enfin entré dans sa vie. De plus elle a enfin obtenu son diplôme de fin d’étude, elle est enfin médecin mais elle ne sait pas encore si elle va pouvoir exercer cette profession car lorsque le bébé sera né, elle souhaite passer le maximum de temps avec lui et avec Vincent.

Son bébé, elle pose ses mains sur son ventre, ce sera une petite fille, elle le sait déjà, son médecin le lui a dit lors de son échographie d’il y a deux mois et elle a déjà trouvé le prénom qu’elle va lui donner, elle l’appellera Morgane, ce sera sa petite fée, la petite fée qu’elle désirait depuis déjà longtemps pour illuminer sa vie, une jolie petite fée qu’elle aime déjà.

 

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