Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Elijange - des mots....
18 septembre 2015

La revanche du destin - Troisième partie : La victoire de l'ange blond - Chapitre 14

Guillaume serre la main de Nicolas de sa vieille main ridée, voilà déjà une semaine qu’il est couché victime d’une mauvaise grippe et depuis il ne se sent pas la force de se lever et même si le médecin ne lui a rien dit quand il est venu, Guillaume sait bien que la fin est proche, ce qu’il aurait voulu c’est que Nicolas ne soit pas là dans les derniers moments mais il ne peut pas le renvoyer cela lui ferait encore plus de mal.

Guillaume laisse son esprit vagabonder vers le passé, comment pourrait-il en être autrement alors que tout sera bientôt fini ? Il revoit la maison de son enfance, le jardin où il jouait avec Esther, ses parents qui à cette époque étaient fiers de lui puis était venu le temps de l’école, il y avait ce petit garçon craintif qui restait toujours dans son coin et qui ne jouait avec personne, les autres se moquaient de lui et le traitait de fille ou de trouillard. Un jour alors qu’il avait six ans, il s’était approché de lui et lui avait tendu la main tout en lui disant qu’il voulait jouer avec lui mais ils n’avaient pas joué, ils avaient discuté et le petit garçon timide qui s’appelait Nicolas, un si joli prénom, avait fini par se confier, il voulait être une fille et cela ne gênait pas Guillaume, à cet âge-là on n’a pas encore de préjugés. Peu à peu, ils étaient devenus les meilleurs amis du monde et à l’approche de l’adolescence un trouble avait commencé à naître entre eux puis ça avait été l’anniversaire des onze ans de Nicolas, Nicolas habillé en fille ses boucles brunes laissées libres sur ses épaules légèrement maquillé, Nicolas qui se blottissait contre lui tandis qu’ils dansaient puis ils s’étaient regardés et Guillaume avait senti l’amour, il avait deviné comme seuls le peuvent les enfants et Nicolas lui avait chuchoté qu’il l’aimait, le cœur de Guillaume s’était mis à battre très fort, il y avait en lui une forte envie de lui dire « moi aussi » mais quelque chose l’en avait empêché. Ensuite il y avait beaucoup réfléchi, si Nicolas avait été une fille, il l’aurait aimé alors qu’est-ce que ça pouvait bien faire qu’il soit un garçon ? Pour lui, ça n’avait pas grande importance et dans le couloir du collège où ils s’étaient embrassés pour la première fois cela n’en avait plus du tout. Nicolas et Guillaume avaient été à partir de ce jour-là unis pour toujours même si sur l’injonction de son père, Guillaume avait tenté de l’oublier il n’y était pas arrivé car Nicolas était déjà toute sa vie et le temps avait passé sur eux bénissant et protégeant leur amour, leur apportant Mylène comme un cadeau éclairant leur vie. Puis Nicolas était mort, Guillaume n’a jamais oublié sa main dans la sienne, les boucles toujours aussi sombres sur l’oreiller blanc, le dernier regard marron-vert qu’il lui avait adressé, jamais il ne les oubliera. Guillaume serre la main de l’autre Nicolas un peu plus fort, il tourne vers lui ses yeux bleus, il voit une larme qui coule sur la joue de Nicolas, il ouvre la bouche pour parler, cela est un peu difficile maintenant.

« Nicolas, mon Nicolas, je ne veux pas que tu pleures. »

« Guillaume, je ne veux pas que tu meures, je t’aime tellement. »

« Moi aussi je t’aime Nicolas et c’est pour cela que je ne veux pas que tu pleures, il va falloir que tu continues à vivre, il va falloir que tu essaies de m’oublier. »

« Mais je ne pourrais jamais t’oublier, ne me demande pas cela, on ne peut pas oublier quelqu’un qu’on a aimé Guillaume. »

« Tu as raison Nicolas, je n’ai jamais oublié mon Nicolas mais ne crains rien, je ne t’oublierais pas non plus. »

Une douleur traverse le cœur de Guillaume, sa main serre celle de Nicolas puis se relâche.

« Guillaume, Guillaume ! Qu’est-ce qui se passe ? »

Celui-ci fait un dernier effort pour parler.

« Je m’en vais Nicolas, je m’en vais mais n’oublie jamais que je t’aimais… Je t’aime. »

La voix de Guillaume s’éteint, sa main lâche celle de Nicolas et glisse sur le lit sans vie. Nicolas éclate en sanglots et soulève Guillaume pour le serrer dans ses bras, il a si mal, Guillaume est parti, sa vie devient soudain désespérément vide pourtant il lève ses yeux marrons-verts vers la fenêtre, il regarde le soleil qui brille à l’extérieur, il sent des forces lui revenir, il a deux projets dans la tête, continuer à promouvoir et à défendre les tableaux de Nicolas Duthier et également adopter un enfant pour combler le vide dans lequel Guillaume le laisse. Il tourne de nouveau ses yeux vers l’amour de sa vie, il dépose un baiser sur ses lèvres et le serre une dernière fois en chuchotant tout bas.

« Guillaume mon amour, je ne t’oublierais jamais. »

Puis ses yeux retournent vers la lumière, la lumière comme source de vie même si dans le cœur de Nicolas tout est gris.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Elijange - des mots....
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 10 992
http://astore.amazon.fr/elijange-21
Pages
Elijange - des mots....
Publicité