La revanche du destin - Troisième partie : La victoire de l'ange blond - Chapitre 15

Ils sont tous là autour de la table où Victoire les recevait, Clothilde semble présider la réunion, Serge est assis à ses côtés et de l’autre côté se tiennent François et Gabriel enfin c’est Florence qui ferme le cercle. Ils savent que le moment est bientôt venu, Alexina les en a avertis. Soudain ainsi qu’ils s’y attendaient tous, la pièce s’obscurcit et Naoki fait son apparition effrayante dans ses voiles noirs un mauvais sourire sur les lèvres.

« Te voilà enfin » s’écrie Clothilde.

« Oui et je vais en finir avec vous, je… »

Un éclair de lumière l’interrompt, Alexina et Nicolas apparaissent beaux comme seuls peuvent l’être les anges. Ils rejoignent le cercle prenant Clothilde et Serge par la main, les séparant, le cercle se referme et ils sont tous quelques peu étonnés de sentir une présence physique aux deux esprits qui sont à leurs côtés.

« Nous voilà sept » murmure Alexina.

« Oui mais ce n’est pas pour cela que vous allez triompher, Clothilde tu ne pourras pas me dire le nom du grand-maître et toi Alexina n’oublie jamais que le mal a déjà vaincu le bien. »

En disant ces mots, Naoki éclate de rire puis elle hurle d’une voix rauque.

« Légions du mal, venez à moi ! »

Des démons apparaissent et se ruent vers le cercle de Clothilde mais une lumière blanche semble les arrêter, les sept se tiennent par la main et de cette union semble naître une puissance qui repousse le mal, Alexina s’écrie.

« Tu ne peux même pas venir jusqu’à nous Naoki, la force de la pureté sera toujours la plus forte. »

« La pureté peut se combattre car vous n’êtes pas tous purs, je le sais bien, bien sur toi Alexina tu l’es mais les autres, Nicolas a fait des choses contre nature non prévues par le grand-magicien, Clothilde durant sa longue existence a fait le mal bien des fois quand à Serge, Gabriel et François ils ont bien du mentir quelquefois et pour ce qui est de Florence elle fut une débauchée. »

« Tu te trompes Naoki, tu es trop habituée au mal, le fond de nos cœurs est pur à tous les sept, ce ne sont pas les apparences qui importent mais ce qui est en nous. »

Naoki semble ébranlée un instant puis elle se reprend.

« Légions du mal, détruisez l’esprit Emeline pour que cette comédie cesse. »

Les légions se précipitent mais la force des autres se liguent autour de Clothilde pour lui donner la puissance de résister à Naoki et aussi pour qu’elle retrouve le nom du grand-maître. Clothilde lutte de toutes ses forces, elle sent l’esprit de Naoki qui essaie d’entrer dans le sien pour le détruire mais soudain une voix domine toutes celles qui jusqu’à maintenant essayaient de lui parler.

« Clothilde, concentre toi, tu dois retrouver mon nom, ce n’est pas compliqué, tu le savais autrefois, plonge dans le passé, aboli le temps et tu trouveras, plonge. »

Clothilde fait un effort, elle remonte le cours du temps, toutes ses vies se déroulent à l’envers comme la première fois où elle a refait ce chemin mais ce parcours est plus douloureux car Naoki essaie de l’empêcher de retrouver le nom qui va rendre sa malédiction inactive. Enfin la voilà revenue au temps où elle n’était qu’un esprit, la voilà face au grand maître, Naoki tente pourtant de la détacher de ce souvenir mais soudain Clothilde sait, elle sait enfin le nom du grand-maître, à l’intérieur du cercle protecteur que forme les six autres, elle hurle ce nom.

« Thôrgottdwin ! »

Naoki hurle de douleur et avant de disparaître pour retourner d’où elle vient, elle a le temps de crier.

« Tu as gagné Emeline, gagné mais un jour à la fin des temps nous nous battrons en combat loyal et je gagnerais. »

Puis elle disparaît et les sept restent seuls, Clothilde est en sueur épuisée, Serge la prend dans ses bras.

« C’est fini » chuchote-t-elle.

« Oui » reprend Alexina, « tout est fini, la malédiction est enfin enrayée. »

« Clothilde » appelle une voix de l’au-delà, «  je suis Thôrgottdwin le grand-maître et je suis heureux que tu es enfin vaincue cette malédiction. En récompense, je t’accorde qu’après cette vie toi et ton compagnon vous viviez éternellement dans le monde des esprits. »

« Où est partie Naoki ? » questionne Florence curieuse.

« Elle est retournée dans le monde des esprits, elle ne peut plus prendre une apparence humaine donc elle ne peut plus agir sur le monde des vivants. »

Mais soudain une autre voix s’élève, elle est différente, aérienne et bien plus lointaine, elle est aussi beaucoup plus vieille.

« Esprit Emeline, je suis le grand-magicien et je tiens à te confirmer l’immortalité dont t’a gratifié le grand-maître mais je veux également la donner aux esprits qui se sont personnifiés en Nicolas et Guillaume car contrairement à ce que pensait l’esprit du mal, ils sont purs et c’est leur amour qui les a rendu purs. »

Tout le monde reste d’abord muet puis Florence pose la question qui la démange.

« Grand-magicien qui êtes-vous ? »

« Tu es bien curieuse Florence mais je vais te répondre car je crois que cela est important, je suis le créateur de toute chose, j’ai créé la terre et la vie et je règne sur les esprits mais je ne les ai pas créés, je suis venu avec eux de très loin, de très très loin, je ne peux pas vous dire d’où mais je suis un esprit comme les autres bien que je sois l’esprit suprême du bien. »

« Qui vous a créé ? » questionne Gabriel.

« Le grand-créateur mais personne ne sait qui il est. »

« Etes-vous un homme ou une femme ? » reprend Gabriel.

« Ni l’un ni l’autre, je suis c’est tout. »

« Quel est votre nom ? » questionne encore Gabriel.

« C’est un secret, tout homme ou tout esprit qui le découvrirait pourrait savoir d’où nous venons et ce serait catastrophique pour le monde des vivants. »

« Grand-magicien, je voudrais savoir pourquoi certains se réincarnent et d’autre pas ? » demande Florence.

« Je peux répondre à cette question et même te parler de ceux que tu aimes, certains arrêtent de se réincarner parce qu’ils ont mérité de se reposer dans le monde des esprits et d’autres continuent à se réincarner car ils ne sont pas arrivés à la fin de leurs vies et puis quelquefois je récompense un esprit et je lui donne la vie éternelle comme je viens de le faire. »

« Es-tu Dieu ? » reprend Florence d’une voix angoissée.

« Si tu le veux mais pas le Dieu des religions, juste un Dieu créateur, un Dieu différent mais je suis heureux de savoir que tant de gens croient en moi et que cela leur apporte un certain réconfort. »

« Merci grand-magicien. »

« Maintenant va venir la fin de notre rencontre, ensuite vous n’entendrez plus parler du monde des esprits et vous allez tous tout oublier même toi esprit de la connaissance, esprit Emeline mais avant il faut que je laisse parler les esprits qui le désirent, adieu, nous nous retrouverons un jour. »

Ils sont restés immobiles un peu surpris de devoir encore tout oublier puis soudain apparaît le premier esprit qui veut leur parler, c’est Ambroisine telle qu’elle était jeune femme ses longs cheveux châtains clairs sur les épaules.

« Bonjour mes chers arrières petits-enfants je ne pourrais plus vous parler ensuite mais je voulais vous dire que je vous aime et que je vous souhaite tout le bonheur du monde et… »

« Mamie Ambroisine, tu ne t’es pas réincarnée ? » questionne Florence.

« Non, le grand-maitre nous as accordé l’immortalité à Omar et moi. »

A cet instant-là Omar apparaît et renouvelle la bénédiction d’Ambroisine puis ils disparaissent en faisant un signe d’adieu, ils laissent la place à Pierre et Marie qui font une brève apparition et que les cinq n’ont jamais connu. Claire les suit de peu puis disparaît à son tour à tout jamais, ensuite viennent les deux Emeline qui semblent avoir le même âge, elles commencent à parler.

« Nous aussi vous souhaitons le bonheur et nous voudrions que vous oubliez notre existence dans l’au-delà, bonne chance. »

Elles sourient, font un signe de la main puis disparaissent à leur tour, Alexina prend alors la parole.

« Moi aussi je vais vous laissez, ma mission sur cette terre est maintenant terminée, je vais retourner dans l’au-delà, on se retrouvera un jour là-bas. »

« Et Victoire ? » questionne Clothilde.

« Victoire est en moi, elle existe toujours en moi, c’est une partie de moi mais elle n’a pas d’existence propre, adieu mes amis. »

Elle part laissant Clothilde triste de savoir que Victoire n’existe plus en tant que personne unique mais sa tristesse est interrompue par la voix de Nicolas.

« Je dois aussi m’en allez, j’ai enfin retrouvé Guillaume vous savez. »

C’est alors que Guillaume apparaît, leurs mains se rejoignent, ils sont alors transfigurés, la pureté de leur amour trouve enfin une représentation concrète  et cela pour l’éternité.

« N’oubliez jamais » murmure Guillaume qui a retrouvé sa jeunesse, « n’oubliez jamais que vous devez être tolérant et surtout qu’il ne faut jamais condamner sans savoir, Mylène pourrait vous l’expliquer mieux que moi maintenant nous allons partir, bonne chance, surtout à mon autre Nicolas. »

« Bonne chance » répète Nicolas tandis qu’une lumière brille dans ses superbes yeux, la lumière de la pureté puis il disparait.

C’est alors que Sélim apparaît couvert de rides comme aux derniers jours de sa vie, sa voix chantante avec un fort accent turc s’élève.

« Je voudrais vous demander de faire preuve de sagesse, dans ma longue vie j’ai vu trop de gens qui agissaient sans réfléchir ou en se laissant guider par leurs pulsions, regardez ce qu’a fait la vieille Salomé ou même Selma ou Marie autrefois, il ne faut pas que vous viviez comme elles et il ne faut pas non plus que vous refusiez d’aimer, j’ai beaucoup aimé et j’en ai été récompensé, n’oubliez jamais que c’est une des choses qui comptent. »

La voix s’éloigne, le vieil homme disparaît, la brèche de l’au-delà se referme et les cinq restent seuls dans la pièce. Les souvenirs de ce qui vient de se passer commencent à s’estomper inexorablement. Clothilde a juste le temps de penser qu’encore une fois elle va tout oublier que déjà elle ne se souvient plus de rien, Serge la serre dans ses bras et ils prennent congé les uns des autres en se demandant presque ce qu’ils sont venus faire ici, Gabriel et François partent ensemble, ils ne sont plus que deux jeunes gens avides de vivre. Quand à Florence, elle reprend le chemin du couvent duquel elle va bientôt partir pour rejoindre l’Afrique en mission. La seule chose dont elle se souvient c’est que Dieu existe.