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Elijange - des mots....
14 octobre 2016

Alexandrine - Septième partie : Troubles - Chapitre 5

« Tu crois que nous n’allons pas être trop chargé ? » questionne Pauline.

« Mon père a dit que nous pouvons emmener tout ce que nous voulons, il y a de la place chez lui » répond Viatchi.

Il doit entrer en seconde en septembre ainsi que Pauline et il a enfin obtenu de sa mère l’autorisation de partir en Ukraine chez son père.

Pauline a mis plus de temps à obtenir celle de ses parents mais Sébastien et Emilie ont fini par être convaincu que ce dépaysement était une bonne idée qui permettrait à leur fille de s’ouvrir au vaste monde et de devenir parfaitement bilingue. De plus Pauline semble tellement y tenir, autant qu’elle tient à Viatchi.

« Avec des nattes, j’aurais l’air d’une vraie russe » plaisante Pauline.

« Je crois que les filles de là-bas ne portent plus de nattes c’est dommage cela t’irait bien. »

« C’est gentil… Ça fait drôle de se dire que demain soir nous serons à 5 000 kilomètres d’ici dans un pays non confédéré mais il a un accord avec la Confédération, il y entrera peut-être un jour bien que je n’y crois pas trop, c’est un pays libre et qu’on ne pourra jamais enchaîner, il ressemble à un jeune enfant tout fou qui fait des erreurs, les répare et repart. »

« Est-ce que ça veut dire que tu trouves la Confédération de ma mère trop rationnelle ? »

« Un peu c’est certain, tout est lisse, plat, un peu artificiel pourtant je suis sure qu’au fond d’elle-même, ta mère est comme son pays, fougueuse et un peu brouillon mais elle se contient, un jour peut-être elle se laissera aller. »

« Moi je trouve que ma mère est très bien comme cela. »

Il boucle une dernière valise et soupire.

« Dire que quand deux jours, il faudra que je sois à l’enterrement de l’oncle Vadim, maman a dit que je devais y représenter la famille mais ça ne me dit rien. »

« J’irais avec toi, je sais que les enterrements c’est triste. »

« Tu n’as jamais été à un enterrement. »

« Si, à celui de ta tante Natascha. »

« Pauvre Natascha, pauvre Nicolas. »

Viatchi soupire une nouvelle fois.

« Bon tu as terminé tes valises ? » s’écrie Viatchi pour changer de conversation.

« Terminé chef » plaisante Pauline en se mettant au garde à vous.

Viatchi rit de bon cœur et Pauline éclate de rire à son tour.

 

Dans une pièce voisine, karol treize ans pleure sur l’épaule compatissante de Marie.

« J’ai si peur Marie je suis content d’être ici pour l’été, tu le verrais dans ses moments de folie, il a l’air si loin, il a les yeux fixes et vides, il ne me voit plus, il parle à ma mère, il lui dit qu’il va venir la rejoindre et puis parfois il a des accès de fureur, il se met à taper partout et il me crie dessus pour des riens, combien de fois j’ai cru qu’il allait me frapper, Marie si tu avais le pouvoir de me protéger ou alors si je pouvais me projeter dans dix ans. »

Il sanglote et Marie caresse tendrement sa tête blonde. L’adolescent enfouie son visage dans le cou de la fillette, il la respire, Dieu qu’elle sent bon.

« Tu sens bon Marie. »

La fillette rousse sourit et ne répond pas. Il relève son fin visage si semblable à celui de son père, Marie le trouve beau avec ses yeux bleus noyés de larmes. Elle essuie celles-ci d’un revers de main.

Karol, hésite, s’approche et dépose un baiser léger et chaste sur les lèvres vermeilles de sa jolie cousine. Ils ont le cœur qui bat à l’unisson.

Marie sent un frisson la traverser. L’instant ressemble à l’éternité et il aurait pu se prolonger si les jumeaux n’avaient pas fait leur apparition.

« Marie » s’écrie Zachia, « tu avais promis de nous emmener à la fête cette après-midi. »

« Ah oui !  C’est vrai, tu sais Karol, il y a une fête à deux pas et j’avais promis aux jumeaux de les emmener, maman est d’accord, tu viens avec nous ? »

« Bien sûr, allez les petits monstres en route ! »

Zachia prend d’autorité la main de Karol qu’il adore.

Le petit garçon a toujours ses magnifiques yeux noirs mais Alex a fait couper ses longues boucles il y a quelques jours, elle estime qu’à trois ans, il était temps qu’il ressemble à un petit garçon. Curieusement ses cheveux foncent de plus en plus tandis que ceux de sa sœur sont restés châtains clairs, elle a également gardés ses si jolies yeux pales tirant sur le mauve. Camille a pris la main de Marie qui met la sienne dans celle de Karol. C’est ainsi qu’Alex et Ilya les ont vu sortir.

« Ils forment un joli tableau » chuchote Ilya.

« Très joli, Marie et Karol s’entendent très bien et les jumeaux les adorent mais je sens que quelque chose ne va pas pour Karol, je crois que c’est Nicolas qui se laisse sombrer et il ne veut toujours pas voir ses filles. »

« Tu as essayé de lui parler ? »

« Bien sûr mais il ne m’a pas écouté, je ne sais plus quoi faire. »

« Crois-tu qu’il y ait encore quelque chose à faire ? Nicolas veut rejoindre Natascha, c’est simple, la  vie ne l’intéresse plus. »

« Mais il a seulement trente-deux ans. »

« Je sais et c’est triste maman. »

« Oui… mais ce que tu m’as dit juste avant n’est pas triste du tout, seulement cela va nous donner du travail, il faut faire une liste d’invités, deux mois c’est court pour organiser un mariage. »

« La liste des invités est déjà faite, maman et Evguenia est partie choisir la robe avec sa mère. »

« Mais dans quelle église allez-vous vous marier ? »

« C’est un problème, Evguenia est musulmane, je le suis aussi par mon père mais je sais qu’Olga aurait aimé que je me marie selon le rite orthodoxe alors je crois que nous allons faire les deux. »

« Comment ça ? »

« Nous nous marions le samedi à l’église et le dimanche à la mosquée, ce qui nécessite deux tenues. »

« Pour chaque invité ? »

« Non pour ceux qui voudront, je ne vais pas te faire porter une djellaba de force mais ça t’irait bien. »

Alex sourit à son fils, ses vingt ans vont bien à Ilya, le grand adolescent s’est étoffé et son visage prenant de la maturité devient encore plus beau surtout qu’il est actuellement légèrement bronzé.

Il a terminé sa seconde année d’école de journalisme, encore un an et il aura son diplôme, il continue également à écrire pour un journal une fois par semaine et il a le titre très sérieux de consultant auprès de l’ONC. Il souhaiterait se présenter pour un poste d’ambassadeur au Moyen Orient une fois ses études terminées mais Alexandrine a peur de le voir partir comme Viatchi qui part demain.

Evguenia entre en licence de lettres modernes, la jeune fille souhaiterait devenir professeur de français et en confidence, elle a dit à Alex qu’elle voudrait un enfant très vite. Alex envisage l’éventualité de devenir grand-mère avec calme et sérénité et se dit qu’Ilya et Evguenia ne peuvent faire qu’un très bel enfant.

 

 

 

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