Alexandrine - Septième partie : Troubles - Chapitre

« Gabriel, ça sent encore cette putain d’herbe, tu ne vas pas me dire que tu n’as pas fumé ? » crie Thomas à l’adresse de l’adolescent.

« Pourquoi tu fais tant d’histoires pour un malheureux joint ? »

« Parce qu’un joint, c’est la porte ouverte vers des drogues moins douces et que je ne vois pas pourquoi tu as besoin de fumer des joints. »

Gaby a une moue d’enfant pris en faute.

« Je ne le ferais plus, je ne sais pas ce que j’ai. »

Gaby éclate en sanglots. Thomas s’approche et tendrement le prend dans ses bras.

« Gaby, arrête de pleurer, je sais bien que ça ne tourne pas rond dans ta tête à cause de la tentative de suicide de ton père mais il l’a raté. »

« Je sais qu’il recommencera et il y arrivera, mon père veut mourir, il veut me laisser derrière lui sans remords, c’est un égoïste, il ne pense qu’à lui. »

« Tu crois que c’est une  bonne raison pour foncer vers les paradis artificiels, on dirait que parfois tu oublies que je suis là et que moi je t’aime malgré toutes les bêtises que tu fais. »

« Tu crois qu’on peut aimer quelqu’un comme moi ? »

« Bien sûr parce que malgré toutes tes bêtises, tu es adorable, intelligent et si plein de subtilités, fragile et sensible, alors je ne peux plus me passer de toi, c’est bien pour ça que tu es là et je voudrais tellement vivre avec toi mais nous allons attendre raisonnablement que tu sois majeur. »

« Moi aussi j’aimerais vivre tout le temps avec toi mais tu te lasseras de moi, je suis pénible à vivre, maman te le dirais. »

« Arrêtes, ta mère ne fait que des compliments sur toi, elle t’adore, elle adore tous ses enfants, c’est une bonne mère, elle a su comprendre que vous êtes tous différents mais que vous avez tous des qualités. »

« Dis-moi lesquelles ? »

« Ilya est sûr de lui, conquérant, je crois que c’est son successeur, toi tu es l’artiste, fragile, délicat, plein de sensibilité. Viatchi est un rationnel, les pieds ancrés au sol, sûr de lui. Marie c’est un puits de vitalité et d’entrain, une femme forte mais douce aussi. Pour les jumeaux on verra, ils sont trop petits. »

« Tu crois que maman nous voit comme ça ? »

« Aussi sur que je t’aime. »

Thomas caresse une boucle serrée et noire, la courbe du visage fin de Gaby et plonge ses yeux noisettes dans le profond regard vert du jeune garçon, comment avouer à ce si jeune homme qu’il est prisonnier de ce corps et de ce regard si envoûtant que Gaby pose sur lui.