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Elijange - des mots....
17 octobre 2016

Alexandrine - Huitième partie : Le bonheur et les larmes - Chapitre 2

L’aspect de Nicolas n’a plus rien à voir avec celui d’un être humain, ses yeux vides fixent Karol sans vraiment le voir et l’arme qu’il pointe vers ce dernier ne lui est peut-être pas destinée mais Karol a peur, pris au piège dans l’angle de la pièce, cachant derrière lui ses sœurs.

C’était la première fois depuis l’accident que Svetlana et Olga venaient passer une journée chez leur père.

Au début, tout s’est bien passé puis soudain Nicolas a surgi l’arme à la main, hurlant qu’il était temps de rejoindre Natascha et qu’ils allaient le faire tous ensemble.

Instinctivement, Karol bien que terrorisé a caché ses sœurs, Svetlana huit ans sanglote le plus silencieusement possible tandis qu’Olga onze ans fixe son père avec compassion.

Nicolas hurle une nouvelle fois et pointe son arme vers eux.

« Papa ! » crie Karol, « arrêtes ! On ne veut pas la rejoindre, elle ne veut pas qu’on la rejoigne, elle veut que nous vivions papa ! »

Nicolas ne semble pas entendre les cris de son fils, il arme son fusil et tire, juste au-dessus de la tête de Svetlana qui hurle à son tour, prise d’une crise de nerfs, la fillette frappe contre le mur criant qu’elle veut partir puis poussant des cris inarticulés.

Olga sent les larmes mouiller ses joues. Nicolas semble ne rien voir, il veut rejoindre Natascha avec leurs enfants.

Il tire une seconde fois, Karol et Olga évitent la balle en se baissant.

Svetlana hurle toujours convulsivement, rouge et les yeux révulsés. Nicolas tire encore et la balle vient se ficher dans le poignet de Karol qui pousse un cri et tente de tirer ses sœurs vers le canapé pour s’en servir d’abri tandis que Svetlana hurle toujours et qu’Olga fixe son père d’une étrange façon, elle se dresse soudain comme mue par une force intérieure.

« Tu n’as pas le droit papa ! » s’écrie-t-elle, « tu n’as pas le droit de reprendre la vie que tu as toi-même donné, maman ne veut pas ça et que dirais ta grand-mère dont je porte le prénom si elle te voyait ? Que dirais Olga ? Elle t’en voudrait. »

Ces paroles semblent faire un drôle d’effet sur Nicolas qui dévisage sa fille aînée avec douceur.

« Alex » chuchote-t-il.

Peut-être qu’alors Olga aurait dû lui laisser croire qu’elle était Alexandrine mais elle proteste.

« Non je ne suis pas Alexandrine, je suis Olga ta fille. »

Le regard de Nicolas s’éteint de nouveau, il reprend son fusil, Olga reste droite devant lui tandis qu’il arme et pointe.

« Olga ! » hurle Karol, « Olga, non ! »

Karol se jette sur sa sœur comme un fou mais trop tard, la balle de Nicolas est entrée dans la poitrine de  sa fille touchant des organes vitaux et tandis que Nicolas réarme en pointant Karol, Olga chuchote dans un dernier souffle.

« Moi je vais la rejoindre, je t’aime Karol. »

 C’est de la rage soudain dans les yeux de Karol qui se relève et se jette sur son père, la colère décuple ses forces, il parvient à détourner le fusil dont la balle se perd dans le mur.

C’est à cet instant que Marc et Caroline arrivent, ils étaient venus récupérer leurs petites filles et l’horreur de la scène leur apparaît immédiatement.

Svetlana hurlant derrière le canapé, Olga baignant dans son sang et Karol luttant désespérément pour arracher le fusil des mains de son père.

Marc saisit son fils par la taille tandis que Karol réussit enfin à arracher l’arme.

Caroline se précipite sur le téléphone pour appeler la police et le SAMU.

Karol retombe sur le sol, le fusil à la main tandis que Marc maîtrise difficilement son fils qui le reconnaissant enfin fini par se calmer, les yeux de nouveaux fixes et vides.

Karol sanglote à côté du corps d’Olga.

Caroline ne sait plus où donner de la tête, elle s’approche d’Olga et s’apercevant soudain que la fillette est morte, elle se rue sur son fils.

« Nicolas, qu’est-ce que tu as fait ? Nicolas, comment as-tu pu faire cela ? »

Elle le frappe au visage de toutes ses forces mais il ne réagit pas un seul instant, prostré sans doute à jamais.

Marc se penche à son tour sur Olga et se met à pleurer.

Les sirènes de la police et du SAMU se font entendre quelques dix minutes plus tard. La situation est vite expliquée et des infirmiers emmènent Nicolas, le SAMU examine Olga puis déclare que la fillette est bien morte.

Caroline en larmes soulève la jolie tête blonde  de sa petite fille, elle a l’air de dormir, sereine.

« Elle a été courageuse » chuchote Karol toujours en larmes.

Le SAMU emmène le corps de la fillette tandis que Karol est pris en charge par un médecin pour son poignet.

Caroline s’approche de Svetlana en boule derrière le canapé. A peine l’a-t-elle effleuré que la fillette hurle de nouveau.

« Svetlana, ma chérie, c’est mamie, viens dans mes bras, nous allons rentrer. »

Svetlana la regarde sans la voir.

« Ouvre les yeux, regarde-moi vraiment. »

Caroline gifle la fillette qui semble soudain reprendre pied dans la réalité et se met à sangloter, elle se blottit contre sa grand-mère sans rien dire. Caroline soulève sa petite fille et sort de la maison à la suite de Marc et de Karol.

« Quel gâchis ! » constate un policier.

Marc ne répond pas mais il est bien d’accord, quel gâchis que la mort d’Olga. Il songe à tout ce qui les attend encore, l’enterrement, les condoléances et l’internement de Nicolas. Marc se met alors à pleurer comme cela lui est rarement arrivé dans sa vie, rien ne peut arrêter le flot de ses sanglots même pas Karol qui se serre contre lui.

 

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Karol laisse les larmes couler encore et encore.

Cela fait trois jours qu’on a enterré la jolie Olga aux côtés de sa mère.

Karol a demandé à Alexandrine de venir vivre chez elle, sa tante a accepté de bon cœur. Marie lui tient la main, assise à côté de lui sur le canapé. Il passe un bras autour de ses épaules tendrement. Il ne se sent pas coupable, Olga a voulu défier la mort et elle a perdu, c’est triste mais c’est la vérité, Karol le sait.

Son père est désormais interné, il sera jugé irresponsable pour le procès a annoncé un expert dans ce domaine, un ami de François.

Svetlana semble se remettre difficilement, elle hurle toutes les nuits depuis trois jours et refuse de jouer dans la journée, restant des heures assises à fixer le néant. Depuis ce matin, elle a de la fièvre et dans son délire, elle appelle Olga.

Alexandrine et Caroline sont à son chevet. Karol aimerait sortir sa petite sœur de l’horreur mais il n’a pas la clé pour cela. Il sait en tout cas qu’il n’oubliera jamais le petit visage d’Olga lui disant « je vais la rejoindre. »

Il a prié pour qu’elle soit en paix avec leur mère au paradis.

Il sent la tiédeur de Marie contre lui et cela le réconforte, il respire le parfum frais de ses cheveux roux et s’y enivre en l’embrassant. Marie frissonne et se blottit un peu plus.

C’est ainsi qu’Alex les trouve.

« Karol, j’ai appelé une ambulance, Svetlana ne va vraiment pas bien, je préfère la faire hospitaliser, maman l’accompagne, il est préférable que tu ne viennes pas. »

« D’accord tante Alex, elle ne va pas mourir ? »

« Mais non, elle a juste de la fièvre mais je ne sais pas comment la faire baisser donc je préfère la laisser aux mains de spécialistes. »

« D’accord. »

Alex sort rejoindre Djamel dans la pièce voisine, elle se heurte aux jumeaux dans le couloir.

« Alors mes bébés, qu’est-ce que vous faites ? » chuchote-t-elle en s’agenouillant près d’eux.

« Nous voulions aller voir Marie et Karol » explique Zachia.

« Laissez les tranquilles, venez avec moi, je vais voir votre papa. »

« Maman ? »

« Oui ? »

« On ira à l’école demain ? » questionne Zachia.

« Bien sûr, aujourd’hui c’était un peu spécial, tout ce qui est arrivé ces derniers jours était spécial, vous comprenez bien que ce n’est pas normal. »

« Dis maman » poursuit Camille, « On ne verra plus jamais Olga et oncle Nicolas ? »

« Vous ne verrez plus jamais Olga, elle est partie mais vous reverrez peut-être votre oncle, si il guérit un jour. »

Camille acquiesce et suit sa mère avec Zachia. Ce dernier se jette sur son père qui semble songeur.

« A quoi penses-tu papa ? »

« A un petit garçon, il avait huit ans quand je l’ai connu, il était blond, bouclé et il ouvrait de grands yeux bleus en me demandant si j’étais le petit copain de sa sœur, je le sentais jaloux, je lui volais sa grande sœur et il ne pouvait pas lutter, c’était un petit garçon et moi j’étais déjà un homme. »

« Qui c’était le petit garçon ? » questionne Camille.

« C’était votre oncle Nicolas, quel gâchis ! »

Djamel ferme les yeux et serre Zachia et Camille contre lui. Alex pose ses mains sur ses épaules.

« Je me souviens du retour de maman de la maternité avec mon petit frère, j’avais quatre ans, j’avais votre âge et … C’est vraiment un beau gâchis. »

Alex sent les larmes couler et elle tente de les retenir.

Camille et Zachia regardent et ne comprennent pas alors Alex se force et leur envoie un beau sourire.

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Gaby sanglote contre Thomas comme un enfant.

« Quelle horreur ! » chuchote-t-il, « quel gâchis, oncle Nicolas interné, Olga morte. »

« C’est terrible Gabriel mais je suis là. »

« Je sais. »

Gaby se redresse et essuie ses larmes. Il fixe son compagnon et s’écrie.

« C’est décidé, après le bac je prends des cours de théâtre. »

« Si tu veux mais tu devrais aussi prendre des cours à l’université dans une matière qui te plaît pour avoir une porte de sortie. »

« Tu crois ? Mais je ne vois pas quelle matière. »

« Je ne sais pas, histoire de l’art, cinéma, musicologie, ce que tu veux. »

« Je vais réfléchir mais toi réfléchis à ma proposition. »

« Vivre ensemble ? C’est ce que je veux le plus au monde Gaby. »

Gaby sourit et serre Thomas contre lui avec passion, le bonheur est là qui lui tend les bras.

 

A cinq milles kilomètres de là, Pauline est prostrée par la nouvelle. La mort d’Olga, elle n’y a d’abord pas cru, elle aimait bien la fillette blonde. Pauline ne croyait pas que l’on puisse mourir à onze ans. Viatchi la prend dans ses bras pour la consoler.

« Ne pleure pas Pauline, ça me fait de la peine aussi, tu sais, je l’aimais bien Olga. »

Pauline se serre contre lui. Ils sont bien en Ukraine, leurs résultats scolaires sont bons et Vladimir désormais divorcé et dont les enfants sont grands s’occupe d’eux et leur cède tous leurs caprices leur offrant sans cesse des cadeaux et les emmenant se promener un peu partout en Russie lors des vacances.

Viatchi cherche les lèvres de Pauline et les trouve. La jeune fille se laisse embrasser puis déshabiller. Ils font l’amour depuis plusieurs mois, ils n’en ont rien dit à personne préférant cacher le doux secret que représente leur amour.

 

 

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