Alexandrine - Neuvième partie : la nouvelle génération - Chapitre 1

« Comme elle est belle ! Evguenia, elle est très réussie. »

Alexandrine soulève avec ravissement cette adorable petite fille qui vient de la rendre grand-mère pour la première fois.

Une drôle de sensation l’envahit, elle n’est plus la mère mais la grand-mère, elle change de rôle brutalement à quarante ans. Djamel regarde lui aussi l’enfant avec fascination.

La toute petite fille, à peine deux jours, ouvre déjà des yeux bleutés sur sa grand-mère.

« Xénia » chuchote Alex avec conviction, « Xénia, tu me vois, tu es une jolie petite fille, aussi jolie que ta maman. »

« J’y suis aussi pour quelque chose » proteste Ilya.

« Bien sûr Ilya mais c’est une fille alors je lui parle de sa maman. »

La porte s’ouvre, ce sont Caroline et Marc qui viennent admirer leur arrière-petite-fille.

Alex tend l’enfant à sa mère.

« Regarde comme elle est belle. »

Caroline approuve en prenant la petite.

« Ça fait drôle d’être arrière-grand-mère à mon âge. »

« D’être grand-mère à quarante ans, ça fait drôle aussi. »

« On va le savoir » s’écrie Ilya, « mais avoue qu’elle te plaît bien Xénia. »

« Évidemment mais ce qui me plait moins c’est que dans deux semaines, elle sera partie et vous aussi, ça change si vite un bébé. »

« Maman ! Mon poste d’ambassadeur est important, je ne vais pas le lâcher huit mois après l’avoir réclamé, Evguenia a aussi un emploi qui l’attend. Je te promets une chose c’est qu’Evguenia viendra passer tout le mois de juillet et août avec Xénia à Paris, elle en profitera aussi pour voir ses parents. »

« C’est gentil, Xénia jouera avec les jumeaux dans quelques temps, ils sont très contents d’avoir une nièce. »

« Je sais, tu oublies qu’hier soir Camille et Zachia n’ont pas cessé de me poser des questions sur Xénia pendant au moins une heure. »

Tout le monde rit de bon cœur à cette annonce quand la porte s’ouvre. Gaby fait son entrée, pale comme toujours depuis le suicide de son père, Thomas le suit trois pas derrière. Ils ont l’air d’être fâchés. Gaby fait un tour, admire deux secondes le bébé et disparaît. Thomas prend Alex par le bras et l’attire dans un coin de la pièce.

« J’ai besoin de votre aide, Gaby ne va pas bien, il a recommencé, il prend plein de cochonneries, toutes sortes de drogues plutôt douces mais peut-être que bientôt ce seront les drogues dures, j’ai peur mais je ne sais pas quoi faire. »

« Je vais essayer d’avoir une discussion avec lui et si il ne veut pas m’entendre, je demanderais à Coralie de lui parler, elle s’est droguée autrefois, elle avait attrapé le Sida avant que l’on ne trouve le remède, il l’écoutera, ça me fait si mal de le voir se détruire comme ça. »

Thomas approuve et prend congé de l’assemblée. Djamel d’un signe de tête demande à Alex ce qui se passe, elle lui signifie discrètement qu’elle lui expliquera tout à l’heure.

« Viatchi m’a appelé hier soir » s’écrie Ilya à l’adresse d’Evguenia, « il m’a dit de t’embrasser très fort ainsi que Xénia, il a ajouté que Pauline aussi vous embrassait, tout va bien pour eux, ils sont toujours heureux de vivre en Ukraine et Vladimir est adorable avec eux. »

« Il rattrape les années perdues » lâche Alexandrine.

« Il les rattrape bien » se permet Djamel, « ce qui est important, c’est que Viatchi soit heureux. »

« Évidemment » admet Alex, « évidemment. »

Caroline tend la petite Xénia à Alex en chuchotant.

« Elle ne te ressemble pas. »

« C’est normal, elle est brune comme son père et sa mère mais Viatchi me fera des petits enfants blonds. »

« C’est qu’avec Pauline ils ne risquent pas de faire des bruns » admet Ilya.

« Comment ça, lui et Pauline ? » s’étonne Alex.

« Je crois que j’ai fait une gaffe, je ne devais pas le dire, enfin bon maman, tu fais comme si je n’avais rien dit, Viatchi et Pauline sont amoureux et ce n’est pas nouveau. »

« Ils vont bien ensemble » admet Alexandrine rêveuse.

Ses yeux se posent sur Ilya et Evguenia rayonnant de bonheur puis sur Xénia si petite, si fragile, le merveilleux dernier maillon de la chaîne de la vie, Alex émerveillée d’être grand-mère sourie béatement à l’enfant de son fils.

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Marie se cache dans les bras de Karol, elle a honte et peur aussi. Ce qu’ils viennent de faire  ils n’auraient jamais dû le faire parce que ce n’est pas de leur âge et que si Alexandrine l’apprend elle sera très en colère contre Marie et ne lui pardonnera pas. On ne fait pas l’amour avec un garçon quand on n’a même pas quatorze ans et encore moins avec son cousin même si on l’aime vraiment. Marie sent les larmes couler sur ses joues, elle a honte d’avouer que cela lui a plu.

« Tu pleures ? » chuchote Karol.

« Non ce n’est rien. »

« Tu es sure ? »

« Puisque je te le dis ! »

« Ne te fâches pas, je voulais juste savoir. »

Karol se tait parfois il a du mal à comprendre les réactions de Marie.

« Nous devrions allez voir Evguenia à la maternité » tente Karol.

« C’est une bonne idée » approuve Marie, « j’ai trouvé Xénia si adorable hier. »

« C’est vrai qu’elle est vraiment très belle, allez viens. »

A peine sont-ils levés et en train de se rhabiller toujours un peu confus que la porte s’ouvre brutalement sur Svetlana.

« Ah enfin, je trouve quelqu’un dans cette maison, j’ai cru qu’il n’y avait personne ici. »

« Ils sont à la maternité » explique Karol, « nous y allons, tu viens avec nous ? »

« D’accord je viens avec vous. »

« On peut venir aussi ? » risque Zachia qui écoutait dans l’embrasure de la porte.

« Évidemment. »

Zachia, cinq ans, a maintenant des boucles presque aussi sombres que celles de Gaby et Ilya, ses yeux sont d’un noir profond, Camille se tient derrière lui, ses boucles châtains clairs tombent en cascade sur ses épaules, elle dégage une impression de calme et de douceur avec ses grands yeux pervenches.

Marie brosse vite fait sa très longue chevelure rousse et toute la troupe part dans le couloir, direction la maternité en vue de la contemplation de la petite Xénia.