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Elijange - des mots....
9 novembre 2016

Alexandrine - Douzième partie : Elijah - Chapitre 4

Marie  soupire en regardant l’avion décoller, ce sont les vacances de Pâques et elle envoie ses enfants chez leur grand-mère dans cette campagne mongisoise où celle-ci vit désormais avec Djamel.

Elle aurait aimé les accompagner mais l’hôpital et l’orphelinat la retienne ici. Marie soupire encore. La France, elle en parle tout le temps avec Omar. Il semble d’accord pour aller y vivre mais veut tout d’abord trouver quelqu’un pour les remplacer ici.

L’avion disparaît dans le ciel, Marie sort de l’aéroport et reprend son 4x4 pour rentrer à la mission, le cœur lourd.

 

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« Ce sera ma plus petite pensionnaire pour les vacances de Pâques » s’écrie Alexandrine en serrant Nour contre elle. Nour, lumière en arabe est la fille que Camille a mise au monde il y a trois mois scellant son union avec David.

« Moi je serais la plus vieille » chuchote Camille.

« Tu m’aideras parce que j’ai tant de petits enfants que la maison est envahie. »

« Encore une chance que les plus vieux ne viennent pas » sourit Djamel en soulevant Mathilde qui a débarqué de l’avion ce matin avec son frère et sa sœur. La petite fille de deux ans arbore des cheveux crépus et de très beaux yeux noirs qui dévisagent son grand-père avec curiosité.

Vladimir six ans, blond comme les blés avec de grands yeux bleus tire sur la manche de sa grand-mère.

« Mamie, tu nous racontes l’histoire que tu nous avais promis. »

« Cette vieille histoire russe que me racontait Olga ? Mais je la raconte en quelle langue, Volodia mon chéri. »

« En russe pour que tout le monde ne comprenne pas. »

Alex sourit.

« Qui comprend le russe ici ? Levez le doigt. »

Vladimir lève son doigt vers le ciel imité par son frère Gaël douze ans et sa sœur Abigaël, seize ans qui fait la tête parce qu’elle voulait passer les vacances de Pâques à Paris avec ses copains et ses copines.

Baptiste, onze ans et Elodie, quatre ans, les enfants de Karol lèvent aussi la main ainsi que Caroline, dix ans et Claudine, cinq ans, les enfants de Svetlana.

Alex croit avoir fait le tour quand la petite main d’Elijah, quatre ans, se lève.

« Tu parles russe, Elijah ? »

« Bien sûr grand-mère, je parle aussi la langue de grand-père. »

« Tu parles arabe ? » questionne Djamel.

Camille n’hésite pas et interpelle le petit garçon dans cette langue, il répond correctement et sans hésiter puis enchaîne sur du russe avec sa grand-mère laissant tout le monde époustouflé.

Alexandrine se reprend.

« Tu vois Volodia, je ne peux pas raconter l’histoire en russe parce qu’Ismaël, Homeyra, Mathilde et Diane ne vont pas comprendre. »

« Ils n’ont qu’à apprendre. »

Le petit garçon boudeur laisse pourtant sa grand-mère raconter l’histoire en français. Ils se sont assis en cercle et Alex voit tous ces petits visages qui l’écoutent avec attention et cela lui fait tout drôle.

A la fin de l’histoire c’est la dispersion générale.

Djamel propose une histoire de son enfance quand il passait ses vacances en Algérie chez ses propres grands-parents, il récolte l’adhésion enthousiaste de Gaël, Ismaël, Homeyra et Baptiste. Il contemple encore étonné leurs visages si différents, les yeux bleus, la blondeur de Gaël et Baptiste contrastant avec le teint sombre, les cheveux noirs d’Ismaël et Homeyra, cette dernière ayant toujours ses magnifiques yeux verts.

Camille est en train de changer Nour, ravissante poupée au crane recouvert d’un duvet blond et aux prunelles couleur d’eau verte comme ceux de sa grand-mère.

Abigaël s’est déridée pour venir regarder le bébé. Diane, quatorze ans se laisse aussi tenter par la contemplation de la petite fille.

Caroline, dix ans qui ressemble énormément à Svetlana et par voie de conséquence à sa grand-mère Natascha est allée rejoindre le groupe qui écoute Djamel.

Vladimir est pendu à Alex voulant à tout prix entendre parler russe, Elodie, quatre ans et Claudine cinq ans écoutent avec attention tandis que Mathilde s’est assise par terre et joue avec sa poupée.

Elijah semble hésiter entre sa grand-mère et son grand-père. Finalement il se décide et va se jucher autoritairement sur les genoux de Djamel.

« Elijah, va doucement mon garçon, je suis un vieux monsieur, tu sais. »

Elijah sourit plongeant ses prunelles bleues marines dans le regard noir de Djamel, ce dernier sent la force étrange du petit garçon l’atteindre. Il continue à sourire, troublé par l’enfant.

« Salut tout le monde » s’écrie Aurore en faisant son entrée, « je suis passée, j’étais triste de ne pas être avec vous. »

Elle embrasse Alex très fort.

« J’ai amené quelqu’un que je veux vous présenter. »

Un jeune homme s’avance timidement derrière elle.

« Voilà, papi, mamie, je vous présente Gaétan, mon  fiancé, je pense que nous nous marierons l’année prochaine. »

Alexandrine se lève pour embrasser le jeune homme, Djamel fait de même en posant Elijah sur le sol.

Tout de suite le nouveau venu est assailli de questions et de bonnes intentions tant et si bien que personne ne remarque l’arrivée de Myriam et Nicolas. Alex les aperçoit soudain.

« Myriam » s’écrie-t-elle, « tu es venue ! Comme je suis heureuse. »

La jeune fille de vingt ans se jette dans ses bras et Alex la serre très fort, depuis deux mois, elle a quitté le domicile de Thomas et de Gabriel et elle ne donnait plus de nouvelles.

« C’est Nicolas qui est venu me chercher, il savait où j’étais, il m’a convaincu, je crois que j’étais stupide vous me donnez tous tellement d’amour que cela m’a sans doute fait un peu peur. »

« Il vaut mieux trop d’amour que pas assez. »

« Je l’ai compris. »

Myriam sourit et Nicolas, ravi, embrasse sa grand-mère à son tour.

« Tous mes petits enfants sont là, à part Xénia » s’exclame Alexandrine.

« Tu ne devrais pas crier si fort, tu m’as fait arriver » s’écrie Xénia venue avec Zachia.

« Ma petit Xénia. »

Alex serre la grande jeune femme de vingt-quatre ans contre elle, caressant les longues boucles noires soyeuses.

« Pas si fort mamie, tu vas faire mal au bébé. »

Alex ouvre de grands yeux.

« Tu attends un bébé ? Félicitations et à toi aussi mon Zachia. »

« Merci maman mais nous allons encore sûrement alimenter la presse à scandale. »

« Elijah » murmure Xénia, « est-ce que tu es content d’avoir bientôt un petit frère ou une petite sœur ? »

« Oui très content. »

L’enfant ouvre de grands yeux ravis et va se serrer contre sa mère.

« Comment marche l’ONC ? » questionne Alex à Zachia.

« Très bien maman, je crois que mon idée de religion était bonne, mon Dieu est fédérateur puisqu’il prend Abraham comme base et au niveau économique, Xénia se débrouille aussi bien que toi. »

« Je sais, elle est douée et votre association est la meilleure imaginable. »

« C’est gentil maman, tu n’y croyais pas trop au début. »

« C’est vrai, j’avoue, regarde Elijah avec ton père ! »

Elijah est dans les bras de Djamel sur la terrasse et il semble lui tenir un discours.

« Papi » est-il en train de dire, « si j’ai un frère ou une sœur tu m’aimeras toujours ? »

« Bien sur Elijah, toujours. »

« Même quand je serais le dirigeant de l’ONC ? »

« Que sais-tu de l’ONC toi qui n’a que quatre ans ? »

« L’ONC c’est l’œuvre de ma mamie, l’ONC c’est une organisation qui réunit plein de pays avec plein de gens différents, l’ONC veut qu’ils s’aiment les uns les autres, L’ONC c’est le Dieu de mon père qui lui donne une âme, tu sais, il me parle à moi aussi, il a dit que je serais celui par qui viendrait son avènement comme on dit dans une prière chrétienne. »

« Tu connais des prières chrétiennes ? »

« Deux, notre père et je vous salue Marie mais je connais quelques versets du Coran et toute l’histoire d’Abraham, je suis Elijah et il dit que je suis venu pour chanter sa gloire et qu’il me donnera la lumière pour éclairer ma vie et guider mes pas. »

Djamel, troublé hésite, que répondre à un enfant de quatre ans qui vous parle comme si il avait dix ans de plus.

« Je ne sais pas si tout cela arrivera. »

« Si puisqu’il me l’a dit. »

« Est-ce que tu l’as vu ? »

« Oui, enfin non, on ne le voit pas, je l’entends mais je crois que je le verrais un jour. »

« Quand tu l’entendras de nouveau, demande lui où vont les âmes des gens qui meurent. »

« Ca je le sais, elles vont le rejoindre, il est une âme à lui tout seul, elles sont en paix avec lui, elles nous voient et elles nous aiment, il m’a parlé une fois d’une âme de petit garçon qui n’est pas né, il a dit que c’était votre petit garçon et qu’il vous aimait très fort. »

Djamel retient un cri, voilà des décennies que personne n’a parlé de cet enfant qu’Alex a perdu, Elijah ne peut pas le savoir.

Djamel cache son trouble en changeant de sujet et en rentrant dans le salon.

Nour gazouille dans son landau, Elijah se penche sur elle et plonge ses yeux dans les siens. La fillette s’agite soudain.

« Nour » chuchote-t-il, « jolie petite cousine, Nour c’est la lumière, qu’elle soit toujours avec toi. »

Il pose sa main sur le front de l’enfant qui soudain se calme.

Alex le regarde faire ébahit et le voit ensuite s’éloigner pour aller jouer avec ses cousins et ses cousines comme l’enfant de quatre ans qu’il est pourtant.

 

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