Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Elijange - des mots....
11 novembre 2016

Alexandrine - Douzième partie : Elijah - Chapitre 6

Marie embrasse Djamel tendrement.

« Tu as été mon père au sens noble du terme » lui chuchote-t-elle.

Djamel sourit.

« Je t’ai toujours considéré comme ma fille » répond-il en caressant les boucles  de Marie.

Aujourd’hui, Djamel a quatre-vingt ans et la famille s’est réunie en comité restreint, c’est-à-dire sans tous les amis. Djamel est vieux et ne supporte plus tellement le bruit.

Il est assis dans le jardin de la maison de Marc et Caroline. Alexandrine est debout à ses côtés, toujours alerte tandis que Djemila qui est venue vivre avec eux est assise à côté de son frère.

Ilya, Gaby, Viatchi et Thomas discutent en buvant un verre.

Karol bavarde avec Omar.

Marie, derrière Djamel, a posé sa tête sur son épaule tendrement. Elle lui a dit ce qui lui tenait à cœur depuis si longtemps, à savoir qu’il était son père pour toujours même si biologiquement ce n’est pas vrai.

Evguenia surveille les petits d’un œil et écoute Myriam distraitement.

Christian, le mari de cette dernière discute avec Marc, le compagnon d’Abigaël, Gaétan le mari d’Aurore et Alexis dont la jeune amie Naomi attend un heureux évènement.

Xenia échange des confidences avec  Camille et Aurore, ses compagnes d’enfance.

Gaël, dix-huit ans, bachelier depuis peu et souhaitant devenir architecte comme son père échange sa vision du monde avec Homeyra, dix-neuf ans qui a entamé une carrière de mannequin grâce à l’appui de Marguerite et de Gaby. Ses yeux verts de métisse sont en train de faire des ravages dans tout l’ONC.

Ismaël son frère, vingt-deux ans, étudiant en médecine est venu avec la jolie Kaddouj, une jeune étudiante en médecine d’origine africaine.

Diane, vingt ans, échange des propos aimables avec Baptiste et Caroline, dix-sept et seize ans.

Claudine, onze ans, Elodie dix ans et Mathilde huit ans sont en grande discussion à propos des garçons et en particulier de leur cousin Elijah.

Zachia est assis par terre, Esther six ans sur un genou et Gad, trois ans sur l’autre. Colin, quatre ans est accroché à son cou et Bastien, deux ans et demi est collé contre lui.

Vladimir, douze ans est appuyé contre un arbre et observe tout ce petit monde d’un œil critique. Il cherche Elijah des yeux et ne le trouve pas.

Elijah, dix ans  est derrière la terrasse, assis sur la pelouse, Nour en face de lui.

Ils discutent de tout et de rien et surtout des voix qu’ils entendent tous les deux.

Elijah dresse soudain l’oreille, il entend les cris enthousiastes de sa grand-mère.

« Allez en Ukraine ! Quelle bonne idée Viatchi ! »

« Vladimir me le demande tant et j’ai pensé que cela te ferait plaisir si nous t’emmenions, Djamel aussi bien sûr. »

« Merci Viatchi mais je resterais ici avec Djemila, emmène ta mère, je suis trop fatigué pour le faire. »

« Je vais l’emmener, nous y allons avec Pauline, Vladimir, Elijah et Nour et tous ceux qui veulent nous accompagnez sont les bienvenus. »

Personne ne se manifeste mais Elijah et Nour rejoignent le reste de la famille.

Tout le monde se rassemble autour de Djamel qui a conscience que c’est son dernier rassemblement familial.

 

-------------------------------

 

Alexandrine a mis sa main dans celle de Djamel qui la serre tendrement.

« Tu sais Alex, c’est la dernière fois que je vois ce genre de fête. »

« Ne dis pas de bêtises. »

« Je ne dis pas de bêtises, Alex, je me sens vieux et las. »

« Chut ! Je t’aime Djamel et pour l’éternité. »

« Je sais et aujourd’hui tous nos enfants m’ont dit leur amour, Ilya, Gaby, Viatchi, Marie, Camille et Zachia, je sais qu’ils veilleront sur toi quand je serais parti. »

« Tu vas vivre encore longtemps. »

« Si tu veux le croire, crois le, je sais que ce n’est pas vrai mais je suis sûr de te laisser dans un monde meilleur que celui où je suis né et c’est grâce à toi, tu as sauvé ce pays et le monde entier, l’empire chutait, tu l’as empêché de tomber, Zachia continue ton œuvre et il est doué, Xénia aussi, nous avons des enfants et des petits-enfants fabuleux. »

« Ils sont comme toi. »

« Non comme toi, as-tu vu la jolie Nour ? C’est ton portrait tout craché, plus elle grandit plus je me dis que dans quelques années, on croira voir en la regardant l’Alexandrine que j’ai rencontré il y a si longtemps quand elle avait onze ans, quand tu avais onze ans. »

« C’est vrai qu’elle me ressemble mais Ilya et Zachia sont ton portrait tout craché et je crois qu’Elijah te ressemblera encore plus. »

« Ce sera le suivant, le président de l’ONC du futur qui ne s’appellera peut-être plus ainsi et Nour sera à ses côtés. »

« Ce sera contre nature. »

« Je sais comme Xénia et Zachia mais je crois que le destin et leur Dieu veut que les choses soient ainsi. »

Djamel et Alexandrine s’embrassent tendrement. Djamel revoit dans sa mémoire, l’Alexandrine un peu plus petite, frêle et délicate poupée blonde dont il est tombé amoureux il y a près de soixante ans. En l’espace d’un instant toutes les années passées ensemble défilent devant ses yeux, la naissance d’Ilya au début, celle des jumeaux à la fin, il revoit son Alex, collégienne puis recevant son diplôme de l’ENA, les débuts de sa présidence puis de l’ONC, leur rupture, les autres hommes dans la vie d’Alex, chacun de ses enfants tout petits et les petits-enfants, les arrière-petits-enfants.

« Djamel ! » crie Alexandrine.

Il la regarde pour la dernière fois et plonge ses yeux noirs dans les yeux d’eau verte d’Alex puis tout se brouille, Djamel ne voit plus Alex, il sent son corps léger, très léger, il y a un corps en bas, une femme en larme à côté, c’est lui et il est mort, là-haut le Dieu de bonté et de lumière dont lui a parlé Elijah l’appelle.

Djamel est mort.

Alexandrine le secoue violemment, elle hurle soudain.

« Djamel ! Non ! Djamel ! »

Ses cris ont ameutés Ilya qui dort ici ce soir avec Evguenia.

Il se précipite.

« Maman, qu’est-ce qui se passe ? »

« Djamel ! » sanglote Alex en se blottissant contre Ilya, « pourquoi m’a-t-il quitté Ilya ? J’avais encore besoin de lui. »

Ilya la serre contre lui mais son cœur s’est serré et il pleure silencieusement.

« Je suis là maman, je suis là, il a été heureux aujourd’hui, c’est bien de mourir heureux. »

« Mais sans lui je n’existe pas » s’écrie Alex.

« Tu existais avant lui. »

« Avant lui j’étais une petite fille et maintenant je suis une vieille femme. »

« Maman, Evguenia et moi allons rester avec toi, tu ne seras jamais seule, je te le jure. »

Alexandrine se calme un peu mais ses sanglots redoublent soudain.

« Mon amour » chuchote-t-elle en parlant à Djamel.

Elle se dégage des bras d’Ilya et se jette sur Djamel, elle se serre fort contre lui.

Ilya hésite puis la détache de son père doucement.

« Viens maman, rentrons, je vais appeler un médecin pour constater le décès. »

« On ne peut pas le laisser dehors Ilya. »

« Il ne craint rien sur la terrasse, regarde le, il a l’air si serein, où qu’il soit, il est heureux. »

« Je  sais où il est, il est avec le Dieu dont Zachia parle tout le temps, ce Dieu de bonté et de lumière dont Elijah rebattait les oreilles à Djamel. »

« Peut-être maman, peut-être. »

Ilya entoure les épaules de sa mère d’un bras protecteur et la fait rentré dans la maison.

Djamel, étendu, sourit aux étoiles pour l’éternité.

Publicité
Publicité
Commentaires
Elijange - des mots....
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 10 992
http://astore.amazon.fr/elijange-21
Pages
Elijange - des mots....
Publicité