Achildr - Livre 2 : La Francie Occidentale - Chapitre 6

Finalement, il l’avait très mal pris, il était rentré au début de l’automne croyant trouver les choses inchangées mais Hrolfr les attendait lui et mon frère pour leur signifier leur bannissement. Harald savait ce que cela voulait dire et après que Guenièvre lui ait dit qu’elle ne partirait pas avec lui, il lui avait accordé le divorce, avait pris ses affaires et l’avait laissé là avec les enfants sans se retourner. Il m’avait regardé d’un air grave en me faisant ses adieux et m’avait dit qu’il ne rentrerait pas au pays, qu’il allait plutôt aller voir ailleurs si d’autres chefs de guerre étaient plus conciliants que Hrolfr. J’avais tenté de lui expliquer qu’il fallait avant tout qu’il s’éloigne de Lug mais je ne sus pas si elle m’avait écouté ou pas ce jour-là.

Pour Lug cela c’était passé autrement et surtout beaucoup moins aisément, il avait fait face à Hrolfr lui expliquant qu’il ne pouvait pas le bannir pour de multiples raisons, tout d’abord parce qu’il n’était pas un homme du Nord, ensuite parce qu’il n’était pas sous son commandement, qu’il n’obéissait qu’à lui-même et ensuite parce qu’il était un Dieu. Hrolfr lui avait répondu que selon les chrétiens il était le diable alors Lug lui avait sorti toute l’histoire de ses origines à son emprisonnement et Hrolfr lui avait dit que s’il ne voulait pas risquer qu’il lui arrive de nouveau la même chose il avait plutôt intérêt à partir de son propre chef après m’avoir accordé le divorce. Je n’ai jamais su ce qui avait convaincu Lug, était-ce la volonté de Hrolfr ? Etait-ce Maëlig qui ne le lâchait pas des yeux ? Etait-ce qu’il s’était dit qu’il valait mieux partir que de se retrouver enfermé, je ne sais pas mais le jour suivant à l’aube, il n’était plus là et j’étais libre.

Hrolfr me fit alors dès le jour suivant une cour acharnée mais je ne voulais pas qu’il ait juste envie de me mettre dans son lit, je voulais des garanties, la certitude de ne jamais tomber en disgrâce et de ne jamais être abandonnée et je voulais également qu’il aide Guenièvre à subvenir aux besoins des enfants de mon frère. Hrolfr était réellement quelqu’un de bien, certes c’était un pilleur et il voulait des terres mais il n’était pas du genre à tuer pour rien et ce n’était pas un violeur si bien qu’il m’accorda sans problème les aides demandées pour ma belle-sœur et mes neveux et nièces et il continua à me faire une cour assidue et ardente.

L’hiver entier passa ainsi et ce ne fut qu’au printemps 899 que j’acceptais de l’épouser.

Ce furent des noces magnifiques, très différentes de celles que j’avais eu en Norvège avec Malcolm même si au fond elles revêtirent exactement la même forme. Hrolfr avait de l’argent et il fit venir pour la célébration des étoffes et des bijoux comme je n’en avais jamais vu. Je fus revêtue somptueusement et après la cérémonie en présence de tout le village, je pus aller habiter dans la grande maison où il vivait avec Poppa, ses deux concubines et les enfants. C’était très différent de chez mon père où les épouses le rejoignaient dans sa couche à tour de rôle, Hrolfr lui choisissait et il ne voulait plus que moi. A vingt-huit ans, je faisais l’amour pour la première fois avec un autre homme que Lug et ce fut sublime, cela faisait bien longtemps que Lug ne me touchait plus, trop occupé à tuer et à faire souffrir. Je me sentis enfin femme dans les bras de Hrolfr, il était puissant et doux à la fois et une période très heureuse de ma vie commença avec lui.