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Elijange - des mots....
2 juin 2017

Achildr - Livre 2 : La Francie Occidentale - Chapitre 9

Les enfants furent prénommés Thorvald et Astrid et cela leur allait très bien. C’était deux solides poupons blonds qui conquirent rapidement toute la maisonnée même Poppa avait semblé un temps intéressé par eux avant de repartir dans sa morosité habituelle.

Maëlig avait tout de suite pris très à cœur son rôle de grande sœur et les premiers temps elle m’avait pas mal déchargé des tâches quotidiennes même si je n’avais cessé de lui dire qu’à son âge, elle devait avoir d’autres occupations.

Hrolfr était reparti peu après la naissance à mon grand désespoir et à ma grande crainte de revivre ce qui était arrivé avec Malcolm après la naissance des enfants. Il continuait en effet régulièrement à effectuer des raids dans les contrées alentour mais globalement nous vivions en paix avec la population locale qui était progressivement revenue habiter les villages qu’elle avait précédemment abandonnée.

C’est à cette période-là au début du printemps 903 qu’Harald était réapparu au village. Mon frère ainé avait changé en quelques années, il semblait fatigué et il était très amaigri. Quand je le vis, je l’accueillis à bras ouvert sans me poser de questions car il était avant tout mon frère.

« Harald, je suis contente de te voir » m’étais-je écriée.

« Je ne suis pas certain que Hrolfr sera aussi content que toi de me voir, je viens lui demander de me débannir » m’avait-il expliqué.

« Je plaiderais en ta faveur, viens te restaurer à la maison, tu as l’air épuisé et puis Guenièvre sera surement contente de te voir. »

Guenièvre avait finalement été plus surprise que contente et les retrouvailles d’Harald avec ses enfants furent particulièrement difficiles. Hilda sa fille aînée avait déjà onze ans, Katryn dix, Kurt huit, Karl sept et Clothilde avait six ans et ne se souvenait absolument pas de lui. Harald passa de longs jours à tenter de les reconquérir ainsi que son épouse qui ne s’était jamais remariée malgré le fait que le bannissement de son époux lui en donnait le droit. Le lien se refit entre eux petit à petit et Guenièvre accepta le retour de son mari dans sa maison au bout de quelques semaines.

Harald nous expliqua qu’après son bannissement, il avait d’abord suivi Lug dans ses pérégrinations et son errance mais devant la cruauté montante de mon ex-mari, il avait rejoint une bande de commerçants vikings et avait entrepris de changer de vie mais de penser à sa femme et à ses enfants le rongeait sans cesse et il avait fini par se décider à venir demander la grâce à Hrolfr même s’il avouait être terrorisé à cette idée et redouter le jugement du terrible chef Viking.

Je lui avais expliqué que Hrolfr était désormais mon époux et que je saurais lui faire accorder son débannissement en jouant sur la corde sensible et en argumentant sur le fait qu’il avait changé et avait quitté la compagnie de mon ancien époux. Harald se montra enjoué dès cet instant et la découverte de mes jumeaux le combla de joie.

Quand Hrolfr rentra au début de l’été, c’est moi qui lui aller lui demander le débannissement de mon frère, chargeant Lug de tous les torts puisque c’était en quelque sorte la réalité et qu’il était bien l’instigateur de tous les actes de barbarie que mon frère avait pu commettre en sa compagnie.

C’est ainsi qu’Harald avait repris sa place dans nos vies et que je retrouvais le frère que je connaissais et non pas celui qu’il était devenu en compagnie de Lug. Il me parla longuement des dérives de ce dernier m’expliquant qu’il lui semblait qu’il avait une étrange aura noire qui l’entourait presque en permanence. Il me parla aussi de cette façon qu’il avait de vous amener là où vous ne vouliez pas en vous persuadant que c’était votre propre volonté qui agissait. Je connaissais bien entendu déjà toutes ces facettes de sa personnalité, du Malcolm adorable et tendre jusqu’au Lug violent et sournois.

Harald avait souhaité très vite rencontrer Maëlig et Cyan dont il ne se souvenait que comme de jeunes enfants. Ses impressions à mon grand désarroi furent mitigées face à eux. Il était convaincu de la douceur de Maëlig et de ses bonnes intentions. Comme à moi, elle lui faisait penser à Solveig mais pour Cyan il s’interrogeait, mon garçon le dérangeait, il m’expliqua qu’il avait comme Lug une sorte d’aura noire mais que curieusement il ne s’en servait pas contrairement à son père et qu’elle semblait tout à la fois sombre et lumineuse sans savoir comment expliquer cette impression. Je tentais de faire taire ses craintes, Cyan était un bon garçon plein d’empathie et de douceur, il ne ressemblait pas à Lug et ne lui ressemblerait jamais.

Il rencontra également très vite Guillaume et trouva qu’il ressemblait énormément à Hrolfr ce qui était vrai physiquement mais l’enfant était plus tranquille et plus posé que son père, plus dans la réflexion que dans l’action souvent. Peut-être au fond, tenait-il un peu de Poppa.

La vie sembla ensuite couler tranquillement jusqu’à cette nuit sans fond qui me plongea dans le désespoir le plus noir sans que rien n’ait pu annoncer le drame qui se joua ce jour-là.

Cyan était amoureux depuis déjà quelques temps d’une jeune demoiselle prénommée Mathilde, une jeune franque dont la mère veuve était venue s’installer non loin de notre maison avec ses deux enfants car son frère et l’épouse de celui-ci habitait les environs et elle s’était rapprochée d’eux pour l’aider à subvenir aux besoins des enfants.

Mathilde avait un frère ainé, Clotaire qui ne voyait pas du tout d’un bon œil que mon fils s’intéresse à sa sœur. Cyan allait seulement avoir quinze ans mais il mesurait 1m80, était impressionnant de force et de carrure. Son apparence singulière impressionnait également les hommes plus âgés que lui à cause de cette chevelure sombre et drue de couleur presque rouge, de ce regard vert profond avec ses yeux en amande, de sa peau mate et de sa musculature beaucoup trop développée pour un garçon de son âge.

Je pense que ce soir-là, il avait simplement voulu aller conter fleurette à la jeune fille et le frère avait dû les surprendre ensemble. Toujours est-il que c’est en pleine nuit que Cyan affolé cogna à la porte de notre maison. Le souffle court, il débitait à toute vitesse des paroles totalement incompréhensible et Hrolfr avait d’abord tenté de le calmer pour comprendre ce qui se passait mais rien n’y avait fait, il semblait tellement paniqué et désemparé que nous le laissâmes se calmer seul quelques minutes. C’est très peu de temps plus tard que nous vîmes arriver l’oncle de Mathilde, son neveu de dix-sept ans mort dans les bras. Très en colère, il nous expliqua que Cyan avait voulu déshonorer sa nièce et qu’il avait tué Clotaire qui tentait de l’en empêcher. Hrolfr tenta d’apaiser l’homme en lui expliquant calmement qu’il entendrait les histoires des deux parties dès le lendemain matin et qu’il ne prendrait de décision qu’après cette audience.

Dès que l’homme fut parti, nous retournâmes voir mon fils qui avait enfin repris ses esprits mais l’explication de Cyan resta confuse et incohérente.

Le lendemain matin, la jeune Mathilde vint donner sa version des faits à Hrolfr en compagnie de son oncle, elle expliqua simplement qu’alors qu’elle conversait avec Cyan, Clotaire était survenu. Cyan ne voulait pas la déshonorer, ils discutaient simplement mais Clotaire avait commencé à s’énerver et il était vite devenu incontrôlable voulant s’en prendre physiquement à mon fils. Elle jurait que Cyan ne l’avait jamais touché mais que soudain alors que Clotaire continuait à s’agiter, Cyan avait perdu patience et alors une sorte de lumière avait émané de lui et c’est ce qui avait surement tué Clotaire car il était tombé raide presque aussitôt après. La pauvre Mathilde fut traitée par son oncle comme si elle avait perdu la raison mais dépêché sur place plusieurs hommes spécialistes de l’autopsie des cadavres ne purent trouver sur le corps de Clotaire aucune trace de coups ou autre qui aurait accablé Cyan, on du donc s’en tenir à la version de Mathilde et Hrolfr conclut qu’il était mort de mort naturelle et que ce n’était qu’un concours de circonstances.

Dès ce jour, Cyan devint suspect aux yeux de tous. Certains se souvenaient de son père et de sa malfaisance, de son aura mystérieuse et de son goût pour le meurtre. Petit à petit tout le monde s’éloigna de Cyan à part nous, sa famille et c’est quelques mois plus tard, le jour des un an des jumeaux, le premier novembre 903 qu’il vint me trouver pour me dire qu’il avait décidé de partir, qu’il ne pouvait plus supporter l’opprobre dont il était victime dans le village et qu’il préférait s’éloigner et se trouver sa propre communauté.

« Où vas-tu aller ? » l’avais-je questionné.

« Je ne sais pas, j’aimerais aller en Islande retrouver notre famille mais je ne crois pas que je pourrais, je n’ai pas trop envie de naviguer, peut-être que je vais m’enfoncer en Francie et découvrir un peu mieux le pays, ne t’inquiète pas maman, j’ai les moyens de te faire savoir si je vais bien, j’ai ce pouvoir aussi. »

Il m’avait serré dans ses bras tendrement et j’avais pleuré, il était si jeune que je ne l’imaginais pas seul dans le vaste monde.

Pourtant le lendemain à mon réveil, il n’était plus là.

 

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Parfois je me demande si ce monde est vraiment fait pour moi, j’ai parcouru la terre de long en large.

Il y a cinq cent ans je me suis fait enfermer et aujourd’hui je recommence.

Je fais les mêmes erreurs diraient certains mais finalement je crois que je suis ainsi et que je ne pourrais jamais changer.

Je ne suis pas humain, je reste Lug quel que soit le nom que je choisis.

Je pense parfois à Achildr et aux enfants, je sais tout ce qui se passe dans leurs vies de toute façon. J’ai toujours su que mon fils cachait son jeu et qu’en plus il ne serait pas comme Orel qui voulait vraiment faire le bien.

Cyan est comme moi, même s’il l’a longtemps nié. Je sais qu’il n’a pas su se maîtriser et qu’il a fui, je sais aussi où il va, où le pousse son instinct.

Il part rejoindre les plaines de l’est qui ont vu mourir Attila. Je vais le suivre et peut être le guider ou le rejoindre…

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