Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Elijange - des mots....
1 juin 2017

Achildr - Livre 2 : La Francie Occidentale - Chapitre 8

Ce fut seulement deux années plus tard que je tombais enceinte de Hrolfr. Vu le temps qui s’était écoulé depuis la naissance de Cyan, je pensais que cela ne m’arriverait plus jamais. Cyan allait en effet fêter ses quatorze ans cet été-là, il était devenu un presque jeune homme aux cheveux toujours aussi flamboyants et aux yeux étrangement magnétiques, on ne pouvait pas réellement dire de lui qu’il était beau mais il attirait les gens comme un aimant. Il n’avait pas utilisé ses dons, toutefois pas en ma présence, depuis les deux dernières années mais je me doutais qu’il m’avait caché d’autres choses comme il avait si bien su me cacher celui-là. Je louais en permanence sa sagesse vis-à-vis de ses dons, au moins il n’avait pas hérité de Lug la vantardise et la surenchère qui semblaient être ses traits de caractère les plus prégnants.

Maëlig, quant à elle, allait déjà avoir seize ans, elle était très belle et très courtisée mais pour le moment elle ne souhaitait donner son cœur à personne. Elle ressemblait énormément à Malcolm. Elle avait ses cheveux noirs et brillants qui chez elle descendait jusqu’à sa taille. Ses yeux étaient d’un bleu éblouissant et malgré la différence de couleur, elle avait son regard à lui tout cela alliés à un visage d’une régularité et d’une finesse inhumaine. Elle était très grande et ses gestes étaient empreints de grâce en permanence. Elle inspirait respect et bienveillance à tous et ses dons de guérisseuse étaient appréciés par la communauté comme autrefois ceux de ma sœur Solveig.

Nous étions donc au printemps 902 et je m’étais aperçue de cette grossesse depuis environ deux mois quand je l’avais annoncé à Hrolfr, je ne voulais pas lui faire de fausse joie en le lui apprenant trop tôt. Il avait sauté de joie et Guillaume avait fait de même en apprenant la nouvelle. Guillaume avait désormais neuf ans, le petit garçon promettait d’être grand et robuste comme son père, juste et bon comme lui également. Petit à petit, sa sœur Gerloc s’était laissée apprivoiser, c’était une petite fille douce et volontaire, elle avait fini par préférer notre compagnie à celle de sa mère qui ne se montrait pas plus enjouée qu’auparavant sauf en sa présence à elle mais l’enfant en grandissant avait besoin de voir d’autres personnes que sa mère et elle se plaisait bien en ma compagnie et en celle de mes enfants si bien que nous étions devenus proches même si je n’avais pas avec elle le lien que j’avais tissé avec Guillaume.

Cette grossesse fut très différente des deux précédentes qui s’étaient déroulées dans un climat serein et qui ne m’avait pas posé de soucis particuliers. Dès que je l'eus annoncé à Hrolfr, je me mis à souffrir de nausées et de vomissements à longueur de temps, je perdais du poids plus que je n’en gagnais. Maëlig avait alors mis en œuvre tout son talent pour me concocter des potions sensées empêcher les vomissements mais cela n’avait pas eu grand effet dans un premier temps. Le pire n’était pourtant pas là, je rêvais toutes les nuits de Lug/ Malcolm, il venait me dire que cet enfant était maudit, que je n’avais pas le droit de mettre au monde d’autres enfants que les siens. Je me réveillais en sueur et parfois en larmes terrorisée par le souvenir de son regard terrifiant et par ses menaces et même si j’avais bien conscience qu’il ne pouvait pas prendre le risque de venir me faire du mal en présence de Hrolfr, ces rêves me laissaient épuisée et vaguement apeurée.

Pourtant bon gré, mal gré, au cœur de l’été alors que le terme était pour l’automne, tout était rentré dans l’ordre et aussi bien les vomissements que les cauchemars avaient cessés tout d’un coup sans que je sache pourquoi. Je m’étais enfin mis à grossir et en quelques semaines, mon ventre était devenu bien plus gros qu’il ne l’avait jamais été pour les grossesses de Maëlig et de Cyan.

Ce fut au cœur de l’automne par une étrange nuit sans lune que commencèrent les contractions. Hrolfr avait fait venir la matrone du village car j’avais refusé l’aide de Maëlig qui était pourtant très douée mais je ne voyais pas ma propre fille mettre au monde son frère ou sa sœur. La délivrance fut interminable, là encore rien à voir avec les précédentes naissances.

Au bout d’un nombre incalculable d’heures, la matrone perplexe avait déclaré qu’elle ne comprenait pas pourquoi l’enfant ne voulait pas sortir et l’on avait dû appeler Maëlig.

Je n’avais même pas pu m’y opposer tant je me sentais lasse et sur le point de lâcher prise.

Elle avait pris très vite les choses en main de la même façon que Solveig le faisait autrefois lors de délivrances difficiles en Islande et après quelques palpations expertes, avait expliqué à la matrone et à Hrolfr qu’il y avait deux enfants et que le premier se présentait en siège et qu’il fallait l’aider à se retourner. Elle avait détaillé brièvement à la matrone ce qu’elle devait faire et elles s’étaient exécutées ensemble, j’avais poussé un cri de douleur mais celui-ci avait été suivi des pleurs d’un nouveau-né que Maëlig avait posé sur mon ventre en souriant.

« Ma petite sœur » s’était-elle écriée tout en se tournant de nouveau vers mon entrejambe pour sortir le second bébé, « et voici mon petit frère » avait-elle conclu en posant le second enfant quelques instants plus tard. Je les avais contemplés ébahie et incrédule, fatiguée après tant d’efforts. Une petite fille et un petit garçon tous les deux aussi pales et chauves mais déjà différents reposaient paisiblement sur mon ventre.

Hrolfr s’était approché de moi en souriant. Il m’avait caressé le front doucement et déposé un léger baiser sur les lèvres.

« Tu as fait un magnifique travail, ils sont parfaits » avait-il murmuré tendrement.

« Merci » avais-je dit dans un souffle.

Je ne sais même pas à quel moment j’étais tombée de sommeil mais quand j’avais émergé un peu plus tard, j’étais seule et les deux bébés reposaient dans un berceau juste à côté de mon lit. J’avais hésité à me lever ne voulant pas faire un malaise seule dans la pièce avec les enfants. Je m’étais donc contentée de les regarder de loin avec un grand sentiment d’apaisement.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Elijange - des mots....
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 10 996
http://astore.amazon.fr/elijange-21
Pages
Elijange - des mots....
Publicité