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Elijange - des mots....
2 mars 2015

De l'exil aux rêves : Chapitre 28 - Mon entrée en scène

Je suis né le 1er mai 1970, jour de la fête du travail.

Elisabeth et Brian, mes parents s’étaient mariés moins d’un an plus tôt en juin 1969. Quand je suis né, elle avait dix-neuf ans et était élève dans une école d’infirmière. Brian avait vingt-trois ans et étudiait toujours le droit, il voulait devenir juge. Ils me prénommèrent Loup, ils ont toujours dit que c’était un hommage à mes ancêtres indiens et je porte ce prénom avec fierté même si ce n’est pas toujours commode de s’appeler Loup Volkenstein.

 

Quand je suis né, Martin était mort depuis deux mois et Kanga, sa fille de trente-cinq ans avait appris à peu près en même temps qu’elle était atteinte d’un cancer du col de l’utérus déjà trop avancé pour que l’on puisse la soigner efficacement et espérer la guérir. Elle s’inquiétait beaucoup pour sa fille de dix ans, Caroline mais mes grands-parents Coline et William s’étaient tout de suite proposé de prendre l’enfant au cas où il arriverait malheur à sa mère. Kanga avait remercié des dizaines de fois ne comprenant pas pour autant ce malheur qui la touchait et qui semblait s’acharner sur sa famille après le décès à l’hopital psychiatrique de Rebeccah et la mort de son frère Kouassi au Vietnam.

 

Un autre deuil touchait ma famille en ce début 1970, Cherokee avait fait une overdose, les voisins avaient donnés l’alerte, le bébé hurlait depuis des heures dans l’appartement. La star du rock qu’elle était, était veuve depuis un an. Tommy avait eu un accident de voiture en janvier 1969 alors qu’il conduisait sous l’emprise de la drogue.

C’était maintenant le tour de Cherokee. Restait un petit Brook d’à peine deux ans que tout de suite Mary s’était proposée de recueillir mais mon arrière-grand-mère était trop âgée, soixante-huit ans et Pierce, son mari était malade depuis déjà de nombreuses années.

Rachel était rentrée d’Europe, sa liaison avec Michel s’était mal terminée. Il avait divorcé de sa femme pour elle, l’avait épousé en mai 1969 et leur divorce venait d’être prononcé en ce début de février 1970. De plus, elle avait appris sa stérilité.

Quand elle vit Brook, son cœur de mère fit un bond. Elle entama tout de suite les procédures d’adoption et devint officiellement sa mère adoptive le 10 novembre 1970. Elle était folle de joie. Brook était un petit garçon fragile et délicat avec des cheveux noirs et épais et de grandes prunelles sombres qui s’ouvraient de façon critique sur le monde comme celles de tous les enfants qui bien que très jeunes ont déjà beaucoup vu et beaucoup vécu. On aurait pu le prendre pour son fils comme autrefois on les prenait avec Cherokee pour des sœurs.

La carrière de Rachel était un peu en perte de vitesse, pendant deux ans la presse avait plus parlé de sa liaison avec Michel que de ses rôles au cinéma, d’ailleurs en deux ans, elle avait peu tourné, elle espérait que l’Amérique allait lui rendre sa confiance mais en attendant, elle voulait profiter de l’enfance de Brook. Elle proposa également à ma mère de me garder, cela arrangeait bien Elisabeth qui n’avait ainsi pas de frais de garde et c’est de cette façon que Brook et moi, nous avons passés nos premières années ensemble et sommes devenus comme deux frères.

Sarah, mon arrière-grand-mère était folle de moi, elle m’a tellement pris en photo pendant ma petite enfance qu’il y en a des boites pleines. Elle vivait de nouveau seule puisque ma mère était partie et souvent l’après-midi, elle arrivait chez Rachel, celle-ci allait faire ses courses ou se rendait à des rendez-vous de travail et Sarah nous gardait.

 

J’avais de la chance sur mes quatre arrière-grands-mères, trois étaient vivantes et elles étaient trois amies d’enfance. Autour de moi, Sarah, Mary et Jenny, la métisse juive, l’indienne et la blanche retrouvaient leur complicité de petites filles comme au temps de la Louisiane qu’elles savaient si bien me raconter.

Je ne sais pas pourquoi mais mes arrière-grands-pères n’ont pas eu autant d’importance dans mon enfance. Je n’en avais plus que deux. Pierce a toujours été pour moi un vieil homme malade, il ne s’intéressait pas vraiment à moi, je crois qu’il n’en avait pas vraiment la force et la lucidité et Matthew était toujours trop occupé pour jouer avec moi, je crois que depuis la mort de son fils Brian, il ne supportait plus les petits garçons et je peux essayer de le comprendre.

 

Par contre, j’adorais mon arrière-grand-oncle, l’ainé de la famille, Diego, je me souviens encore d’un vieil homme à la peau sombre, aux cheveux blancs, de taille respectable, toujours très droit. Un homme qui racontait aussi bien les pratiques vaudous que la lutte des noirs ou celle des homosexuels.

L’homme qui partageait sa vie, Byron était très gentil, il avait toujours des histoires drôles à raconter à l’enfant que j’étais.

Son fils Nathanaël avait retrouvé le bonheur grâce à une adorable jeune femme de vingt ans qui se prénommait Ketty. Vincent avait accepté la nouvelle compagne de son père avec joie, il n’avait pas oublié sa mère mais puisqu’elle était partie c’est qu’elle ne l’aimait pas assez.

Maria-Angela était en Argentine en 1970, elle vivait toujours avec un cinéaste de ce pays, Manuel, le sosie de Diego jeune et avait débuté grâce à lui une carrière cinématographique tardive puisqu’elle avait quarante ans mais Maria-Angela était imprévisible, si bien que rien ne lui était impossible. Elle écrivait régulièrement à son fils et lui envoyait des cadeaux.

Son frère Josuah songeait avec délice à la retraite, il avait quarante-neuf ans et son temps dans les services secrets était déjà compté. Avec ce qu’il toucherait à la retraite, il pourrait sans doute se payer une petite maison à la campagne, près d’une rivière pour aller pêcher tous les matins, c’était son rêve.

J’avais également encore mes quatre grands-parents, David était toujours sénateur et approuvait le désengagement des Etats-Unis au Vietnam. Il avait été réélu et ses ambitions politiques n’étaient pas encore assouvies. Chelsea s’occupait toujours de bonnes œuvres et leur fils Jacob, quatorze ans, rêvait de Yale et de suivre les traces de son père. Ils vivaient toujours à Washington.

Coline et William qui avaient proposés de recueillir Caroline élevaient déjà ma tante Béatrice qui venait d’avoir dix ans. Elle était toute douce, blonde, fragile et délicate, ma Béatrice. Souvent le mercredi, chez Rachel, elle nous rejoignait avec Caroline, elle adorait s’occuper de moi et je l’adorais parce qu’elle s’asseyait par terre avec moi et elle jouait, elle était la grande sœur que je n’aurais jamais et je l’aimais tout simplement.

 

 

 

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