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Elijange - des mots....
3 mars 2015

De l'exil aux rêves : Epilogue

Kanga est décédée en 1972 dans la douleur mais mes grands-parents ont recueillis sa fille Caroline. En1978, elle est partie étudier la médecine à Yale. Elle voulait soigner les gens après avoir vu mourir sa mère, elle est actuellement l’une des meilleures cancérologues du pays.

 

Mon arrière-grand-père Pierce est mort en 1973, je n’en garde par réellement de souvenirs. Matthew est décédé en 1975, il était pour moi un vieil homme ronchon qui ne faisait pas d’effort pour venir vers moi.

 

J’ai par contre eu plus de chance avec mes arrière-grands-mères, Sarah, Jenny et Mary m’ont suivi jusqu’à l’adolescence, quoi que je fasse, je ne les oublierais jamais.

Mary, petite, frêle, les épaules voutées qui me répondaient pudiquement quand je lui demandais le nom du père de son fils, mon grand-père William que cela ne me regardait pas jusqu’à ce jour de 1986 où elle m’a enfin raconté.

Elle avait quatre-vingt-cinq ans mais ses yeux noirs avaient gardés toute leur vitalité, elle pleurait presque en m’expliquant patiemment la condition des indiens au début du siècle, son entrée aux champs de coton, le viol puis la colère de son père tuant cet homme, son père pendu et Jacob impuissant.

Je me souviens avoir pleuré en l’écoutant. Il lui a fallu à mes yeux bien du courage pour le mettre au monde en 1915 à seulement treize ans et l’élever ensuite avec amour alors qu’il était le résultat d’un viol et que son père était mort à cause de son viol.

C’est sans doute à cause de cette histoire que j’ai eu envie de mettre tout ce récit sur le papier. A cause aussi d’un besoin de comprendre mes multiples racines. Mary, c’est ma part indienne. Elle est décédée le 8 juin 1987 et j’ai beaucoup pleuré, énormément.

 

Ma part blanche, c’est Jenny, la blonde et douce Jenny, femme libérée avant l’heure qui a tout de même fini par rentrer avec ses enfants au bercail. Jenny, c’est une couronne de cheveux blancs, un chignon toujours impeccable, des mains blanches et fines, une élégance naturelle, une beauté qui avait dû être un peu froide. Sur ses vieux jours, elle me parlait de ses parents, Edward et Mélanie qu’elle avait laissé derrière elle en Louisiane, du Maine où elle avait vécu jusqu’à ses six ans puis de la profonde amitié qui l’unissait à Sarah, de son amour pour Matthew et pour ses enfants, Coline et Brian, décédé si jeune.

 

Sarah, c’est ma part noire et ma part juive. Elle est le vent chaud d’un métissage délicat et réussi. Une beauté sensuelle et racée avec l’élégance en plus.

Sarah aimait parler de Jacob, son père comme d’un Dieu et de Juanita, sa grand-mère comme d’une prêtresse vaudou. Elle parlait moins de Rosa-Angela, sa mère lui paraissait sans doute un peu effacée mais très aimante.

Sarah est décédée en 1988 suivie par Jenny deux mois plus tard.

Sarah a eu des obsèques de reine, la reine du cinéma des années vingt à cinquante qu’elle était.

 

J’ai encore mes quatre grands-parents, William a passé quatre-vingt ans et Coline est une charmante vieille dame. Ils vivent actuellement chez mes parents qui sont si heureux de les accueillir.

William est un beau vieillard, superbe et fier. Il est content que je raconte leur histoire, Coline également.

 

David est entré au gouvernement en 1992 après l’élection de Bill Clinton. Malgré ses soixante-douze ans, il espère pouvoir rester encore quatre ans à Washington et au gouvernement, ensuite il rentrera en Californie sans doute.

Chelsea est une grand-mère comme on en rêve, une grand-mère qui raconte des histoires indiennes et fait des gâteaux, c’est ma grand-mère.

Pendant mon enfance, j’ai passé de nombreuses vacances avec eux dans leur belle maison de Washington.

Mon oncle Jacob a étudié à Harvard, il travaille à Wall Street, la bourse de New York. Il a épousé en juin 1980, une charmante jeune femme juive de bonne famille, Esther et ils ont deux charmants bambins, Samuel né en 1983 et Yoël en 1987.

 

Rachel, ma grand-tante tourne encore de temps en temps mais son activité principale pendant de longues années a été d’élever Brook, le fils de Cherokee. Brook au physique typé d’indien avec de grands yeux bleus a tenté sa chance au cinéma en 1988, il est actuellement un acteur très recherché.

Mon grand-oncle Joshua habite seul dans une petite maison tranquille, il va à la pèche presque tous les jours et fait de grandes ballades dans la campagne. C’est un homme heureux dans la simplicité. Au fond, je crois que c’est lui qui ressemble le plus à Jacob et à Joachim.

Sa sœur Maria-Angela est décédée en Argentine en 1982 dans un accident de voiture avec son second époux, Manuel, après avoir défrayé la chronique pendant dix ans. Sa beauté sauvage était très appréciée dans ce pays. Elle avait eu une fille en 1978 à près de quarante-huit ans, la divine Anabelle, dix-huit ans actuellement que Nathanaël a accepté d’élever avec sa seconde épouse et leur fils né en 1974.

Anabelle est élève au lycée de Beverly Hills et son demi-frère Thomas, vingt-deux ans étudie à l’université de Californie.

Leur frère ainé, Vincent a repris la compagnie de Diego et Byron en 1984, il est marié et est papa d’une petite Maria depuis 1990.

Byron est décédé en 1979. Diego s’est senti très seul tout d’un coup, c’est ma tante Béatrice, dix-neuf ans à l’époque qui est venue combler sa solitude. Elle se posait beaucoup de questions sur elle-même et Diego a su trouver les réponses. Ma tante Béatrice que j’adore tant à une préférence pour les femmes et si maintenant cela se passe bien, à l’époque elle n’arrivait pas à s’accepter, elle était très mal avec elle-même.

Diego a su répondre à ses questions, la rassurer sur sa normalité. Béatrice est actuellement écrivain à succès de romains d’épouvante, elle vit avec une jeune femme, Paule, qui est adorable.

 

Mon père, Brian est toujours juge à la cour de Californie et ma mère est infirmière. J’ai une petite sœur née en 1978, elle s’appelle Neige, mes parents se sont beaucoup amusés avec nos prénoms. Elle est étudiante en première année d’histoire à l’université de Californie, elle rêve en fait de cinéma mais mes parents n’ont pas trop envie qu’elle se lance dans cette aventure.

 

Je suis sorti de Yale l’an dernier et depuis je travaille pour le district attorney, je rêve de politique et de défense des minorités.

Je me considère comme un mélange de cultures, de races et de religions et j’en suis fier, d’ailleurs je parle couramment le polonais, l’espagnol et l’algonquin.

J’ai décidé de voyager l’été prochain, je passerais par l’Europe, j’irais visiter la Pologne puis je passerais par la France voir mes cousins ensuite je veux voir l’Afrique et Cuba, peut-être aussi sur le chemin du retour, passerais-je par la Louisiane.

J’aurais ainsi l’impression de fermer la boucle et de pouvoir aller de l’avant en gardant tout de même à l’esprit que l’on est toujours le  résultat d’une longue histoire et que l’on ne doit pas l’oublier sans toutefois être obnubilée par elle.

C’est ma façon de rendre hommage à Jacob et à Rosa-Angela, à Juanita, à Willy, à Edward et Mélanie et à tous ceux qui sont venus avant eux et après eux. Je défens leur mémoire comme le font depuis des millénaires les indiens avec leurs légendes et les africains avec leurs traditions orales.

Tout cela pour leur dire que je suis des leurs pour toujours et qu’ils sont une partie de ce que je suis à tel point que même si je voulais oublier d’où je viens, je ne pourrais pas.

 

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