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Elijange - des mots....
25 juillet 2015

Pour l'amour d'Ali - Livre I Malentendus - Cinquième partie : La folie d'Emeline - Chapitre 13

« Alors, c’est ça Istanbul ? » s’écrie Mylène en se tournant vers Omar.

« Oui » reprend-t-il en souriant.

Le voyage que Nicolas a proposé pour qu’Omar et Ambroisine se retrouvent a finalement été décidé et tout le monde est parti pour Istanbul en ce beau mois de juillet.

Claire et Sélim les attendent au palais, la première à bondir hors de la voiture c’est Mylène qui vient de fêter ses douze ans, elle est suivie par Shéhérazade.

« Bonjour grand-mère. »

« Bonjour les enfants. »

Mylène repart vers la voiture pour aller chercher Caroline et la mener à sa grand-mère.

 

Pendant ce temps, Shéhérazade est entrée dans le palais, elle est éblouie, elle sent naître un sentiment curieux en elle, elle se met à aimer ce palais en un instant, elle a la certitude étrange que sa vie est ici.

« Bonjour, tu dois être Shéhérazade. »

« Oui mais qui êtes-vous ? »

« Je m’appelle Yasmin et je suis la sœur de ton grand-père. »

« Mon grand-père ? »

« Ali, le premier mari de Claire. »

« Je n’en ai jamais entendu parler. »

« Je pourrais te parler de lui et aussi de tout tes ancêtres, sais-tu que la femme qui a fondé ce palais portait ton prénom ? »

« Je ne le savais pas. »

Shéhérazade suit Yasmin comme autrefois Ambroisine suivait Salomé et elle écoute l’histoire de celle qui portait son prénom, une aventurière qui lui ressemblait et elle sent son cœur battre comme jamais auparavant et de nouveau elle a le sentiment que sa vie est ici.

 

Pendant ce temps, Omar et Ambroisine sont montés dans l’ancienne chambre d’Omar.

« Tu te souviens la première fois où j’ai frappé à ta porte, j’avais neuf ans, je rêvais de rencontrer le garçon auquel j’étais destinée. Tu étais si beau, tu m’as raconté tes rêves, tes passions et moi je n’ai pas arrêté de te poser des questions, c’était une belle époque. »

« Tu avais frappé à la porte et quand je t’ai vu, j’ai su tout de suite que tu serais toute ma vie, tu portais des voiles blancs et tu avais l’air si pur,  tu étais tellement belle, tu n’as pas changé, tu es toujours aussi belle malgré les années qui ont passés et je t’aime toujours autant. »

« Omar… »

« Chut ! J’ai été stupide, je me suis laisser diriger par des sentiments idiots, j’ai failli te perdre, je suis un imbécile mais maintenant je vais faire attention, je t’aime tellement. »

Omar prend Ambroisine dans ses bras, un baiser les unit, passionné, ici a commencé leur amour, ici il se ressource et dans les yeux verts d’Ambroisine, Omar revoit le passé heureux et il sait que l’avenir peut être radieux et que cela dépend uniquement de lui.

 

Au même moment, Nicolas et Guillaume s’installent dans la chambre que Claire leur a donnée.

« Que c’est beau ici ! » s’exclame Nicolas.

« Oui ta sœur avait raison. »

Guillaume serre Nicolas contre lui, il se revoit autrefois dans le couloir du collège où pour la première fois de sa vie il avait pris Nicolas dans ses bras et chaque fois qu’il recommence, naît en lui la même émotion que la première fois.

Son amour pour Nicolas après plus de quinze ans est intact et même peut-être plus fort de jour en jour. Chaque matin, il redécouvre la beauté fragile de son Nicolas, il s’étonne de sa délicatesse, de sa sensibilité, de sa fragilité. Il se retrouve chaque fois avec cette envie de le protéger. Il s’émerveille d’avoir su gagner l’amour d’un être aussi exceptionnel, il se dit qu’il a beaucoup de chance de ne pas avoir raté Nicolas, sa vie n’aurait eu aucun sens sans lui, si seulement il savait que pour Nicolas c’est pareil, Nicolas éternel petit garçon apeuré qui se blottit contre son Guillaume adoré, le seul qui sache le protéger. Nicolas qui est resté cet enfant de neuf ans qui murmurait à sa sœur aînée, « je suis amoureux de Guillaume mais pas lui. » Le destin a été de son côté et Guillaume l’a aimé, chaque jour il s’émerveille de le voir à ses côtés toujours aussi amoureux malgré le temps, malgré les épreuves, malgré les difficultés de leur condition d’homosexuels face à une société qui reste hostile mais si ce n’est le fait que d’une minorité mais c’est celle qui se manifeste le plus et les fait le plus souffrir.

 

Mylène est dans le jardin, de mémoire de palais on avait jamais vu de rousse ici mais cela elle ne le sait pas. Elle tient la main de la petite Caroline. Celle-ci semble émerveillée par la beauté des lieux, elle lâche la main de Mylène et se met à courir de sa course chancelante.

« Caroline, attends-moi ! »

« C’est beau » s’écrie Caroline qui est sortie de sa torpeur bien plus longtemps que d’habitude.

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

« C’est beau. »

C’est rare que Caroline exprime un jugement, quand elle parle habituellement c’est pour demander des choses vitales mais jamais pour dire ce qu’elle pense.

Elle cueille une fleur et la respire.

« Mylène, ça sent bon. »

Mylène bondit et regarde la petite fille dans les yeux. Caroline lui fait un grand sourire.

« Je suis heureuse » murmure-t-elle.

Mylène à le sourire jusqu’aux oreilles.

« Bravo, moi aussi je suis heureuse parce que tu viens de dire ce que tu pouvais dire de plus beau. »

Caroline la fixe puis se remet à courir entre les fleurs.

« Alexis ! » se met-elle à crier, « Alexis. »

Alexis apparait.

« C’est toi Caroline qui m’appelle ? »

« Oui c’est beau et ça sent bon. »

Alexis la regarde étonné, sa sœur vient de s’adresser réellement à lui.

« Mylène tu as entendu ? »

« Ça c’est l’effet magique d’Istanbul. »

« Istanbul ? » répète Caroline, « c’est quoi ? »

C’est la première fois qu’elle pose une question.

« C’est ici, c’est le nom de la ville. »

« C’est quoi une ville ? »

« C’est un endroit où beaucoup de gens habitent. »

Caroline la regarde et Mylène est heureuse.

« A quoi veux-tu jouer ? » questionne Mylène.

« A cache-cache. »

« D’accord qui colle ? »

« Moi » s’écrie Caroline.

« Si tu veux. »

Les trois enfants jouent dans le jardin du paradis. Caroline sourit, elle vient de s’ouvrir au monde et c’est le plus beau succès qu’a remporté le palais de Shéhérazade.

« Mylène, Alexis, Caroline, où êtes-vous ? »

« Ici » crie Mylène, « nous jouons à cache-cache. »

« Qui cherche ? »

« Caroline. »

« Caroline ? » interroge Omar.

« Oui » reprend Mylène en apparaissant de derrière un arbre, « Caroline ! » crie-t-elle, « viens vite ici ! »

La gamine apparaît quelques instants plus tard, Alexis la suit. Elle fixe son père et sa mère et s’écrie de nouveau. 

« Maman, papa, c’est beau ici. »

« Tu…, tu…, qu’est-ce que tu dis ? »

« J’ai dit que c’est beau ici et les fleurs sentent très bon et nous avons bien joués à cache-cache. »

« Caroline. »

Ambroisine est tombée à ce genou devant sa fille.

« Tu parles, c’est merveilleux. »

Ses yeux brillent, elle serre sa fille contre elle.

« Tu es heureuse, maman ? »

« Oui, mon bébé, je suis heureuse, très heureuse. »

« Moi aussi » s’écrie Omar.

L’enfant sourit et tourne ses yeux vers Mylène, son regard semble la remercier d’avoir cru en elle.

 

« Maman » chuchote Shéhérazade à l’intérieur du palais,  « est-ce que tu crois possible que l’histoire se répète ? »

« Je ne sais pas, pourquoi cette question ? »

« Yasmin m’a raconté l’histoire de la sultane Shéhérazade qui a construit ce palais, est-ce que tu crois qu’une descendante de Shéhérazade pourrait revenir dans ce palais et faire renaître les traditions ? »

« Tout peut arriver. »

Selma sourit à sa fille même si elle ne voit pas bien où cette dernière veut en venir. C’est le moment où Mylène apparaît suivie du reste de la famille.

« Il y a eu un miracle » crie-t-elle.

« Lequel ? » questionne Shéhérazade.

« Caroline parle. »

« Comment ça ? »

« Vous allez voir, viens Caroline, dis quelque chose à Shéhérazade. »

« Je suis heureuse. »

« Pourquoi cela Caroline ? »

« Parce que j’arrive à dire ce que je pense. »

« Avant tu n’y arrivais pas ? »

« Non avant j’essayais mais tout se bloquait et parfois je ne savais plus ce que je pensais. »

« C’est merveilleux, te voilà une petite fille comme les autres. »

Caroline baisse les yeux et Mylène s’écrie.

« Tu as toujours été une petite fille comme les autres parce que chacun définit sa normalité. »

Caroline relève la tête en souriant mais une question la tourmente.

« Tu crois que je vais pouvoir aller à l’école ? »

« Bien sûr, dès la rentrée, les autres seront un peu plus jeunes que toi mais ce n’est pas grave. »

« Non ce qui compte c’est que je puisse aller à l’école comme toi, comme mon frère et comme Shéhérazade. »

L’enfant lève ses yeux clairs vers les adultes qui l’entourent et doucement elle murmure.

« Vous savez comment j’ai réussi à parler ? Cette nuit j’ai fait un rêve, j’ai vu une petite fille blonde avec d’immenses yeux bleus qui me regardait et elle m’a dit que si je voulais, je pouvais parler, elle était belle et puis elle s’est envolée, elle avait des ailes, on aurait dit un ange. »

Ambroisine a réprimé un cri.

« Alexina » a chuchoté Omar.

« Qui c’était Alexina ? »

« Ta sœur aînée, elle est morte quand elle était toute petite et elle ressemblait à ton ange. »

« Alors c’était peut-être elle. »

Tout le monde approuve et Ambroisine en regardant Caroline s’aperçoit soudain qu’elle ressemble beaucoup à son ange blond. Elle ne s’en était jamais aperçue avant tant elle était fixée sur le handicap de sa seconde fille. Elle ferme les yeux et elle remercie le ciel et Alexina.

 

 

 

 

 

 

 

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