Alexandrine - Cinquième partie : Confédération et retour aux sources - Chapitre 2

« Je suis absolument d’accord avec vous Mademoiselle Volkov, il faut créer cette organisation unissant les pays industrialisés entre eux pour une meilleure entente économique et politique. »

« Une Confédération Monsieur avec à sa tête un comité directeur voir pourquoi pas un président » complète Alexandrine.

« Je suppose » renchéri l’un des chefs d’état présent à cette conférence de l’ONU, « que vous seriez prête à être ce président. »

« Je souhaite que ce président soit si possible élu au suffrage universel direct mais comme cela sera sans doute compliqué à organiser, un suffrage universel indirect me conviendrai parfaitement. »

« Qu’entendez-vous par là ? » questionne un autre chef d’Etat.

« C’est simple, dans chacun des pays qui adhérerons à la Confédération, nous organiserons des élections au suffrage universel direct chargées d’élire un certain nombre de grands électeurs en fonction du pourcentage de la population globale de la Confédération que représente ce pays qui eux éliront le président de la Confédération. »

« C’est une bonne idée, par contre, je voudrais revenir sur la notion de Confédération, qu’est-ce qui restera du domaine des Etats et qu’est-ce qui sera du domaine de la Confédération ? »

« Il faut en discuter mais je pense que par exemple, la justice doit rester interne à chaque pays, par contre nous pourrions harmoniser nos systèmes éducatifs et monétaires et organiser la libre circulation des personnes à l’intérieur de la confédération, les détails restent à préciser, tant de choses différentes font un pays que ce n’est pas à cette heure-ci que nous en discuterons. »

« Vous avez raison, nous allons donc clore la séance pour ce soir et nous retrouvez ici même demain à neuf heures si vous le voulez bien. »

Tout le monde approuve et Alexandrine se lève presque soulagée, la conférence se déroule à Paris et elle aimerait bien aller voir Coralie avant que l’heure des visites ne soit passée.

En effet, Coralie a accouché hier soir d’un beau petit garçon de trois kilos qu’elle a prénommé Alexis.

Alexandrine se dépêche de sortir de la salle de conférence et retrouve sa voiture, son chauffeur et ses gardes du corps.

Moins d’une demi-heure plus tard, elle fait son entrée dans la chambre.

« Alex ! Tu es venue, j’ai cru que tu ne pourrais pas te libérer de ta conférence onusienne, je suis si contente de te voir, il s’appelle Alexis mais si ça avait été une fille, ça aurait été Alexandrine parce que c’est grâce à toi si j’ai cet enfant. »

« N’exagère pas c’est grâce aux progrès de la médecine. »

« Non, c’est parce que tu m’as empêché de sombrer il y a quelques années sinon je serais morte depuis longtemps par overdose ou par suicide, c’est grâce à toi si il est là parce que tu as su me donner le courage d’attendre ce probable remède qui est venu, merci, merci pour tout. »

« Arrête Coralie, tu vas me faire pleurer, tu as eu de la visite au moins ? »

« Grégory d’abord, il est fier tu sais, après il y a eu mes parents, heureux comme tout, ton Djamel qui est gaga des bébés, je crois qu’il aimerait bien que tu lui en fasses un autre. »

« Je sais mais c’est étrange, moi qui en est mis quatre au monde, j’ai peur, peur de le perdre comme celui que j’ai perdu l’an dernier, si cela recommence j’en mourrais, je ne survivrais pas à la perte d’un second enfant surtout aussi tard dans la grossesse. »

« Ça ne va pas recommencer Alex, tu as bien écouté ce que les médecins t’ont dit, le bébé que tu as perdu avait une malformation cardiaque, c’est pour cela qu’il est mort, tu n’y es pour rien. »

« Je sais mais je vais attendre encore un peu après tout j’ai seulement trente ans. »

« C’est vrai, allez… j’ai eu d’autres visites au fait, Arthur et Florence sans Audrey, un coup de fil de Victor, un d’Emilie, un de Natascha, la visite de François avec des fleurs et celle plus insolite d’Ilya et Gabriel. »

« Ilya et Gabriel ? Avec Djamel ? »

« Non seuls, ils se promenaient parait-il, ton fils aîné est génial avec les bébés, il n’a pas son pareil pour les endormir. »

« C’est vrai qu’avec Marie-Okhsana il fait des merveilles, il lui raconte des histoires, lui chante des chansons en russe, mon fils est génial. »

« Bientôt il va faire des ravages et pas seulement avec les bébés. »

« Qu’est-ce que tu racontes ? »

« Je dis qu’Ilya-Souleymane que j’ai vu grand comme Alexis devient un très beau jeune homme, qu’avec ses yeux bleus couleur des mers du sud, ses boucles noires et son teint pâle, les filles vont tomber. »

« Pas tout de suite, Ilya a tout juste un peu plus de onze ans, laisse lui le temps, c’est comme si tu disais cela de Gabriel. »

« Je ne le dirais pas. »

« Pourquoi ? Tu ne le trouves pas beau ? »

« Ce n’est pas le problème, ton cadet m’a dit qu’il voulait entrer dans les ordres alors il n’y aura pas de filles pendues à son cou. »

« Gaby m’a déjà dit cela le jour de Noël, je suis restée muette de stupeur, Djamel a eu la présence d’esprit de lui dire que si c’est sa voie il faut qu’il la suive, je n’aimerais pas que mon fils devienne prêtre ou moine, je  n’aimerais vraiment pas, il peut changer d’avis, il a seulement huit ans. »

Alexandrine a l’air soudain soucieux, Coralie s’en veut un peu.

« Par contre, je n’ai pas vu Viatchi et Marie, il parait que ton benjamin était à l’école de musique, depuis quand prend-il des cours de musique ? »

« Depuis deux semaines, piano et solfège, Viatchi veut apprendre à jouer et comme je suis une mère libérale j’ai cédé à ses désirs par contre j’ai dit non à Marie qui voulait faire du judo, à trois ans, je lui ai dit qu’on en reparlerait quand elle serait plus grande, elle était furieuse. »

« Pourquoi du judo ? »

« Je ne sais même pas, Gaby fait de l’équitation, Viatchi c’est la musique, Ilya s’est mis à l’athlétisme et elle voulait faire du judo, mystère… »

« Ça va lui passer. »

« Nous verrons. »

Elles rient toutes les deux sur l’avenir de leurs enfants et contemplent en silence le tout petit qui dort à côté d’elles.